Le choix du général soudanais Dabi inquiète l’opposition

Le choix du général soudanais Moustapha Dabi pour diriger l’équipe des observateurs de la Ligue arabe en Syrie suscite l’inquiétude de l’opposition syrienne en raison de la situation particulière des dirigeants de Khartoum, en délicatesse avec la justice internationale. L’organisation panarabe estime que l’expertise militaire et diplomatique de M. Dabi est essentielle pour mener à bien la mission d’observation chargée de vérifier l’application par Damas du plan de sortie de crise. Mais aux yeux de certains détracteurs de Khartoum, il semble peu probable que le général soudanais recommande à l’issue de la mission une intervention étrangère ou la mise en place d’un tribunal international pour se pencher sur la question des violations des droits de l’homme. Pour Éric Reeves, professeur au Smith College, dans le Massachusetts, la nomination de M. Dabi à la tête de la mission est le signe que la Ligue arabe ne souhaite pas découvrir des éléments qui la contraindraient à muscler son action contre Damas. L’opposition syrienne, qui a placé beaucoup d’espoir dans cette mission d’observation, est peu encline à critiquer ouvertement le choix de son dirigeant. Mais en privé, certains s’interrogent sur la marge de manœuvre et la capacité de M. Dabi d’adopter une position plus ferme face au président Bachar el-Assad. Le général Dabi a occupé des postes importants dans l’armée soudanaise et au sein du gouvernement, notamment dans la province du Darfour où l’armée de Khartoum, selon la Cour pénale internationale, a commis des crimes de guerre et où, d’après l’ONU, 300 000 personnes ont été tuées ces dernières années.