Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Le Liban sous pression pour assurer la protection des dissidents syriens

Le Premier ministre libanais Najib Mikati fait face à une pression grandissante de la part de l'opposition l'accusant de fermer les yeux sur les enlèvements de militants syriens au Liban et de s'incliner devant le régime de Bachar al-Assad.

"Le gouvernement de Najib Mikati emploie tous les moyens diplomatiques, politiques et sécuritaires pour soutenir le régime syrien", estime Fares Soueid, secrétaire général d'une coalition de l'opposition libanaise soutenue par l'Occident et dirigée par l'ex-Premier ministre Saad Hariri.

"Il est clair qu'il est devenu un pion de ce régime", ajoute-t-il.

Pas plus tard que dimanche, deux Syriens ont été arrêtés à l'aéroport de Beyrouth et remis aux autorités syriennes, qui répriment dans le sang depuis huit mois un mouvement de contestation du régime de Bachar al-Assad, explique M. Soueid.

Selon le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition en Syrie, au moins treize opposants syriens ont été enlevés au Liban au cours des derniers mois.

"Nous avons été informés de dizaines de cas supplémentaires de Syriens enlevés au Liban, frappés ou menacés, simplement parce qu'ils sont opposés au régime syrien", indique Omar Idlibi, un porte-parole des Comités locaux de coordination (LCC), autre formation de l'opposition syrienne.

"Beaucoup d'entre eux nous ont demandé de ne pas révéler leur nom ou quoi que ce soit sur ce qui leur est arrivé, car ils ont le sentiment qu'ils ne seront absolument pas protégés par l'Etat libanais", ajoute M. Idlibi, basé à Beyrouth.

Cette semaine, le CNS a envoyé une lettre à M. Mikati le pressant d'agir sur la question des enlèvements d'opposants syriens et de garantir la sécurité de ceux qui sont toujours au Liban.

M. Mikati, dont le gouvernement est dominé par le puissant Hezbollah - ardent allié du régime de Damas- a reconnu que des enlèvements avaient eu lieu au Liban mais a affirmé qu'il s'agissait de cas isolés.

Parmi ces cas d'enlèvements, M. Idlibi cite l'exemple de cinq militants syriens ayant traversé la frontière avec le Liban pour être aussitôt arrêtés par les forces de sécurité libanaises et remis aux Syriens.

Autres cas concrets: ceux de Chebli al-Ayssami, 86 ans, un opposant disparu au Liban depuis mai, et de trois frères d'une même famille, portés disparus depuis mars après que l'un d'entre eux a été vu en train de distribuer des tracts à Beyrouth appelant à une manifestation anti Assad.

Par ailleurs, deux comédiens syriens, Mohamed et Ahmed Malas, des jumeaux de 29 ans connus pour leurs pièces satiriques à l'égard des autorités, ont indiqué à l'AFP qu'ils quittaient Beyrouth, où ils s'étaient réfugiés dans un premier temps, pour s'installer en Egypte, par crainte d'arrestation ou d'enlèvement.

Le chef de la police libanaise avait indiqué le mois dernier à une commission parlementaire avoir des preuves de l'implication de l'ambassade de Syrie et d'officiers de sécurité libanais dans l'enlèvement d'Ayssami et la disparition des trois frères. L'ambassade a nié.

La Syrie a exercé pendant des décennies une forte influence sur son petit voisin et des troupes syriennes ont stationné au Liban pendant 29 ans avant de quitter le pays en 2005, après l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafik Hariri.

D'après les autorités libanaises, près de 5.000 Syriens, dont des opposants et des soldats insoumis, se sont réfugiés au Liban depuis la mi-mars, date du début de la contestation contre le régime syrien qui a fait, selon l'ONU, plus de 3.500 morts.

Pour Nadim Houry, chercheur de l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW), il est essentiel que le gouvernement libanais prenne une position ferme sur ces enlèvements et ouvre une enquête indépendante.

"Indépendamment de l'oriention politique du Liban ou de ses liens avec la Syrie, le Liban a des obligations envers les réfugiés syriens, tout comme il en a envers toute personne fuyant des persécutions", a indiqué M. Houry à l'AFP.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati fait face à une pression grandissante de la part de l'opposition l'accusant de fermer les yeux sur les enlèvements de militants syriens au Liban et de s'incliner devant le régime de Bachar al-Assad."Le gouvernement de Najib Mikati emploie tous les moyens diplomatiques, politiques et sécuritaires pour soutenir le régime syrien", estime Fares Soueid,...