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Jordanie: report sin die d'un débat au Sénat sur une loi controversée

Le Sénat a reporté sine die le débat prévu jeudi sur un projet de loi controversé criminalisant les allégations de corruption, dans un geste d'appaisement alors que les autorités sont accusées de "protéger les corrompus".

"Nous avons reporté les débats prévus jeudi sur le projet de loi anti-corruption", a affirmé à l'AFP Taher Masri, au dernier jour de la session extraordinaire du Parlement qui devait adopter cette loi.

"Aucune date n'a été fixée pour ce débat il faudra attendre la session ordinaire", dont la date est selon la Constitution décidée par le roi. Elle devrait selon des responsables se tenir dans un mois.

Le texte en question est l'article 23 du projet de loi anti-corruption qui stipule que "toute personne qui propage des rumeurs, ou attribue publiquement à tort à une personne des actes de corruption (...) affectant sa réputation, sa dignité et constituant une diffamation, sera sanctionnée par une amende de 30.000 JOD (43.000 USD) à 60.000 JOD (85.000 USD)".

L'article, qui a provoqué un tollé notamment au sein de la communauté de la presse, a été approuvé mardi par 56 députés sur 96 présents, parmi les 120 députés qui forment la Chambre basse et devait être débattu au Sénat.

Le comité de direction de l'Association de la Presse jordanienne (JPA) a menacé mercredi de démissionner si le projet de loi était adopté et les journalistes avaient prévu d'organiser un sit-in jeudi après-midi devant le Parlement pour dénoncer "des lois qui musèlent la presse".

L'ordre des avocats a quant à lui dénoncé le texte qui selon lui "viole les conventions internationales sur les droits de l'Homme (...) et réprime les Jordaniens, qui sont ainsi privés d'exprimer leurs opinions et de rapporter des cas de corruptions".

"La loi est controversée. Il y a des menaces de manifestations et on accuse les autorités de protéger les corrompus. Dans ce climat, nous avons décidé de reporter notre débat le temps que les choses deviennent plus claires", a souligné à l'AFP un sénateur qui a requis l'anonymat.

Un autre sénateur a expliqué que "le Sénat prévoyait d'adopter la loi jeudi faute de temps pour faire des amendements, au dernier jour de la séance extraordinaire. La seule option était donc de reporter la séance".

Dans son édition de jeudi, l'hebdomadaire populaire Shihane a publié en première page un "requiem pour la presse", sur un fond noir, avec une photo montée d'un cercueil porté par le Premier ministre Maarouf Bakhit, le président de la Chambre Faisal Fayez et le président du Sénat Taher Masri.

"Cette loi est destinée à protéger les corrompus, qui sont très puissants en Jordanie et ont une grande influence sur le gouvernement et la Chambre basse", a pour sa part dénoncé Rheil Ghraibeh, chef du département politique des Frères musulmans de Jordanie.

La Jordanie fait face depuis janvier à un mouvement de protestation réclamant des réformes politiques et économiques, ainsi que la fin de la corruption.
Le Sénat a reporté sine die le débat prévu jeudi sur un projet de loi controversé criminalisant les allégations de corruption, dans un geste d'appaisement alors que les autorités sont accusées de "protéger les corrompus"."Nous avons reporté les débats prévus jeudi sur le projet de loi anti-corruption", a affirmé à l'AFP Taher Masri, au dernier jour de la session extraordinaire du...