Erdogan s’est entretenu avec Obama en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'ONU. Kevin Lamarque/
La Turquie a suspendu ses discussions avec la Syrie et pourrait lui imposer des sanctions, a déclaré mercredi le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui fournit là l'indication la plus nette à ce jour du rejet par Ankara de la politique de répression du président Bachar al-Assad.
"J'ai interrompu des pourparlers avec le gouvernement syrien. Je ne souhaitais en arriver là, mais le gouvernement syrien nous a forcés à prendre une telle décision", a dit Recep Tayyip Erdogan à des journalistes turcs mercredi à New York après avoir rencontré le président Barack Obama en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'Onu. "Les États-Unis appliquent des sanctions à la Syrie. Nos ministres des Affaires étrangères s'emploieront ensemble à déterminer en quoi consisteront nos sanctions', a-t-il dit. "Du fait de cette coopération, les sanctions ne ressembleront peut-être pas à celles qui frappaient la Libye. Toutes les sanctions diffèrent selon le pays, la population et la composition démographique. Les sanctions visant la Syrie seront donc différentes. Nous avons des études préliminaires sur la question", a-t-il ajouté selon l'agence Anatolie.
La Turquie, principal partenaire commercial de la Syrie, s'abstenait de sanctions jusqu'à maintenant pour avoir subi le contrecoup des vagues successives de mesures prises contre l'Irak sous la présidence de Saddam Hussein.
Le commerce turco-syrien a représenté 2,5 milliards de dollars en 2010, contre 500 millions en 2004. Selon des statistiques turques, les investissements d'entreprises turques en Syrie se sont élevés à 260 millions de dollars.
Pays membre de l'Otan qui cherche à entrer dans l'Union européenne, la Turquie est l'un des rares pays à avoir ouvert des lignes de communication directes avec Damas. Recep Tayyip Erdogan, qui passait naguère des vacances avec Bachar Assad et sa famille sur la côte méditerranéenne turque, s'est abstenu de lancer un appel à sa démission. Mais il a déclaré aux journalistes à New York : "Nous ne faisons pas la moindre confiance au gouvernement actuel."
M. Erdogan a d'autre part ajouté qu'il se rendrait prochainement dans la province turque de Hatay (sud) pour y visiter les camps qui accueillent depuis avril environ 7.000 réfugiés syriens qui ont fui le conflit dans leur pays.
Sur le terrain, trois civils ont été tués mercredi en Syrie lors d'une opération militaire de l'armée dans le centre et le nord-ouest du pays, rapportent des habitants. Les incidents se sont produits dans la ville de Jabal al Zaouiya, près de la Turquie, où des soldats ayant fait défection ont trouvé refuge, et dans la province de Homs (centre) où les cars de l'armée et les points de contrôles sont de plus en plus souvent la cible d'attaques, indiquent les habitants et l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme.
Toujours à Homs, des hommes armés affiliés au régime ont brutalement agressé un couple âgé, a indiqué leur fils Malek Jandali, un pianiste qui avait donné un concert lors d’un rassemblement anti-Assad à Washington. (Pour plus de détails sur cette histoire, cliquez ici)
"J'ai interrompu des pourparlers avec le gouvernement syrien. Je ne souhaitais en arriver là, mais le gouvernement syrien nous a forcés à prendre une telle décision", a dit Recep Tayyip Erdogan à des journalistes turcs mercredi à New York après avoir rencontré le président Barack Obama en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'Onu. "Les États-Unis appliquent des sanctions à la Syrie. Nos ministres des Affaires étrangères s'emploieront ensemble à déterminer en quoi consisteront nos sanctions', a-t-il dit. "Du fait de cette...