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La Palestine à l'ONU, décryptage - Témoignages

Ce qu'ils en pensent à Ramallah, à Gaza, à Nazareth...

Une manifestation à Ramallah, le 15 septembre, contre les États-unis qui ont annoncé vouloir opposer leur veto à une reconnaissance par l'ONU de l'Etat de Palestine. Marco Longari/ 

Suleiman Baraka, 47 ans, astrophysicien palestinien. Chercheur à l'université Al-Aqsa, à Gaza, et ancien employé à la Nasa.

 

"Il n'y pas de doutes que l'initiative palestinienne fait peur aux Israéliens. L’État hébreu va utiliser tous les moyens possibles pour briser notre rêve d'indépendance. Les Israéliens vont probablement nous combattre juridiquement : en remplaçant le terme "Autorité palestinienne" par "État palestinien", nous risquons de perdre le droit au retour, la revendication de Jérusalem comme capitale, ainsi que les aides étrangères contre l'occupation.

Après les multiples déceptions qu'on a connues aux Nations unies, je préfère rester prudent et ne pas afficher d'optimisme. Je soutiens tous les efforts pour la justice en Palestine, et je suis vraiment convaincu que le futur nous appartient. Je n'ai aucun doute là-dessus."

 

 

Khaled Sharqawi, 27 ans, blogueur palestinien vivant à Gaza, où il enseigne les nouveaux médias.

 

"En tant que Palestinien résidant à Gaza, et en contact avec nombre de Palestiniens de tous bords, je crois que le voyage de Mahmoud Abbas à l'ONU sera probablement désastreux pour notre cause. Il y a d'abord le fait que les entités politiques palestiniennes (le gouvernement du Hamas et l'Autorité de Mahmoud Abbas) ont toutes deux perdu leur légitimité. Même le Parlement a dépassé le terme de son mandat. Le Hamas et le Fatah ne représentent donc plus le peuple palestinien, ils ne représentent que les personnes à qui ils octroient un salaire mensuel. D'un autre côté, notre direction politique est toujours divisée. Comment nos dirigeants comptent-ils s'adresser à la communauté internationale alors qu'ils ne peuvent même pas dialoguer ensemble? Comment veulent-ils que le monde les reconnaisse alors qu'ils sont incapables de se mettre d'accord sur les choses les plus futiles, comme le fuseau horaire, par exemple?" (Depuis le 28 août, les Palestiniens de Gaza vivent à l'heure d'hiver, alors que ceux de Ramallah vivent à l'heure d'été, ndlr).

 

 

Une Palestinienne et ses petits-enfants, devant leur maison, dans le camp

de réfugiés de Shati, dans la bande de Gaza. Mohammed Salem/Reuters

 

 

Abir Kopty, 36 ans, Palestinienne chrétienne vivant à Nazareth. Activiste et membre de Ta'ayush, une association arabo-israélienne pour lutter contre le racisme en Israël.

 

"Il ne faut pas trop s'enthousiasmer de la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU. Cette initiative ne mettra pas fin à l'occupation israélienne (des territoires occupés). Une adhésion à l'ONU ne changera pas grand-chose sur le terrain et n'affectera certainement pas la vie des réfugiés palestiniens. Pas à court-terme du moins. Ceci dit, cette initiative aura peut-être des conséquences juridiques et diplomatiques qui seront bénéfiques pour la cause palestinienne. Pour mettre fin à l'occupation israélienne, il faut des pressions étrangères, comme le boycott par exemple, et une révolte populaire pacifique venant de l'intérieur. Si l'on considère la reconnaissance de l'Etat palestinien de ce point de vue, on peut alors imaginer que la liberté de notre peuple sera proche."

 

 

Manifestation de soutien, le 15 septembre à Bethléem, à une reconnaissance

de l’État de Palestine à l'ONU. Ammar Awad/Reuters

 

 

Ziad Medoukh, 45 ans, Palestinien vivant à Gaza. Responsable du département de français à l’Université d’Al-Aqsa, et coordinateur du Centre de la Paix de Gaza.

 

"Les Palestiniens qui saluent et soutiennent la demande d'adhésion à l'ONU, le font pour les raisons suivantes :

-Donner à cet État palestinien une reconnaissance internationale et un soutien politique.

-Mettre la communauté internationale devant ses responsabilités, car les Américains et les Européens ont souvent déclaré vouloir un État palestinien libre.

-Protéger la population civile palestinienne.

-Mettre un terme à toutes les mesures illégales israéliennes comme la colonisation, le mur de séparation en Cisjordanie et le blocus inhumain contre Gaza

-Juger Israël devant les organisations internationales pour ses crimes contre les civils et les prisonniers palestiniens en particulier.

 

Le fait qu'Israël et ses alliés essaient de freiner cette initiative, et le fait que beaucoup de pays ont menacé de faire pressions sur l’Autorité palestinienne, montrent que cette initiative gêne, et que nous sommes sur la bonne voie dans notre lutte pour la création d’un État, dans ce monde qui rêve comme nous d’avoir une Palestine libre et indépendante.

Mais il faut rester lucide, l’entrée de la Palestine aux Nations unies ne réglera pas tous les problèmes, ça ne changera rien sur le terrain. Ca ne mettra pas un terme à l’occupation, ni à la colonisation, néanmoins, ça donnera l’occasion aux Palestiniens de pratiquer leurs droits".

 

Suleiman Baraka, 47 ans, astrophysicien palestinien. Chercheur à l'université Al-Aqsa, à Gaza, et ancien employé à la Nasa.
 
"Il n'y pas de doutes que l'initiative palestinienne fait peur aux Israéliens. L’État hébreu va utiliser tous les moyens possibles pour briser notre rêve d'indépendance. Les Israéliens vont probablement nous combattre juridiquement : en remplaçant le terme...