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Liban

Le gouvernement Mikati est prosyrien et temporaire, comme le régime baassiste, affirme le 14 Mars

Les premiers commentaires des forces du 14 Mars sont presque unanimes : le nouveau cabinet est à l’image du régime syrien qui a largement contribué à sa formation. C’est un gouvernement dont la durée de vie est forcément limitée, à l’instar du régime vacillant de Bachar el-Assad.
Les pôles de l’ancienne majorité n’ont pas encore fait de déclarations officielles au sujet de la formation du gouvernement. L’Orient-Le Jour a essayé de sonder leurs opinions et a recueilli plusieurs réactions. Elles vont presque dans le même sens : le nouveau cabinet est le résultat de pressions syriennes et ne réussira pas à survivre longtemps.
« Aussitôt que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a raflé la majorité dans son pays et déclaré avec fermeté qu’il dédie sa victoire aux peuples syrien et libanais, le président Bachar el-Assad, prévoyant, et sachant que le Liban est peut-être sa dernière carte de manœuvre, a hâté la formation d’un gouvernement libanais à sa solde », nous dit un pôle du 14 Mars qui préfère garder l’anonymat.
Nadim Gemayel a été le seul député à se prononcer clairement. Le député de Beyrouth a qualifié le cabinet de « gouvernement de Bachar el-Assad ». « Preuve en est que dès que la formule ministérielle a été annoncée, le président syrien s’est empressé de féliciter le chef de l’État, Michel Sleiman, et le président du Parlement, Nabih Berry », a-t-il souligné.
Nous avons tenté de sonder le point de vue de divers députés et ministres du 14 Mars pour recueillir leurs premiers commentaires. Tous ont insisté pour que leur nom ne soit pas mentionné, préférant attendre que les chefs de parti, après concertations entre eux, prennent une position unanime, qui sera au moment voulu rendue publique. « Mais en définitive, assurent-ils, la formation de ce gouvernement est un grand soulagement pour les forces du 14 Mars, et ce pour plusieurs raisons : désormais, ce sont les ministres de ce cabinet qui vont assumer la responsabilité de tous les problèmes qui se posent sur les plans sécuritaire, économique, social et politique. D’autre part, il est certain que ces diverses forces politiques ne vont pas réussir à élaborer le texte de la déclaration ministérielle de façon à respecter les résolutions onusiennes, ce qui tôt ou tard va poser problème. »

Samir Frangié
Selon Samir Frangié, le gouvernement formé par Nagib Mikati appartient à un passé révolu. « Ce cabinet, souligne l’ancien député, vient de l’avant-printemps arabe. C’est un cabinet qui aurait pu être formé à n’importe quel moment entre 1990 et 2010. Mais avec le printemps arabe et le soulèvement que connaît la Syrie, il a une durée de vie très limitée. Sa fonction principale est d’assurer au régime de Damas une carte de négociation avec la communauté arabe et internationale. Une carte de même nature que celle qu’il a essayé d’obtenir en organisant des manifestations sur le Golan. Bachar el-Assad a essayé de lier la stabilité en Syrie à celle de la région, il n’a pas réussi. Il tente à travers ce gouvernement de monnayer la souveraineté du Liban en échange du maintien du régime en Syrie. Je pense que cette logique ne peut pas aboutir. »
Plusieurs facteurs contribuent à démontrer que les ingérences syriennes sont évidentes. D’ailleurs, le président Bachar el-Assad n’a pas hésité franchement à annoncer à Walid Joumblatt, lors de sa dernière visite à Damas, son intention de former le cabinet à Beyrouth. « Il a besoin de ce gouvernement, poursuit Samir Frangié, à la fois pour négocier avec la communauté internationale et se doter, en cas de sanctions, d’une ouverture sur le monde à travers le Liban. »
Toujours selon l’ancien député, nous devons relever le fait que désormais l’autorité que le Hezbollah exerçait à travers ses armes sans assumer aucune responsabilité est assumée par un gouvernement. « Le 14 Mars a payé très cher le fait d’être au pouvoir sans avoir la latitude d’exercer le pouvoir, poursuit M. Frangié. Maintenant, les choses sont claires. Et ce gouvernement ne peut plus se cacher derrière l’autorité du chef de l’État. Michel Sleiman ne dispose que de trois ministres qui n’ont aucun portefeuille important à l’exception de Marwan Charbel, le ministre de l’Intérieur, qui, soulignons-le, a un pied chez le président de la République et un autre chez le général Michel Aoun. »
Samir Frangié estime que plusieurs failles apparaissent dans cette formation gouvernementale. « Au niveau de la représentation, pour la première fois depuis les accords de Taëf, la parité entre sunnites et chiites n’est pas respectée, dit-il. Pour la première fois également, la ville de Tripoli est représentée par cinq ministres, ce qui n’est pas le cas de la capitale Beyrouth qui n’a que trois ministres dans ce cabinet. D’autre part, ce gouvernement va être confronté à des échéances très rapidement. Que va comporter donc la déclaration ministérielle concernant notamment les résolutions internationales, et plus particulièrement celles qui concernent le Tribunal spécial pour le Liban ? Que va être sa position dans le débat qui va commencer aux Nations unies sur l’imposition de sanctions sur la Syrie? Quelle va être sa position par rapport à l’acte d’accusation qui devrait être rendu public prochainement ? Que pourrait-il faire pour éviter de placer le Liban en marge de la légalité internationale ? Pourrait-il faire face aux menaces qui pèseraient sur l’avenir de l’économie libanaise en cas de divergences avec cette légalité internationale ? »
« Le 8 Mars, conclut Samir Frangié, a choisi de lier son sort à celui du régime syrien plutôt que de rechercher un compromis national pour préserver le pays des retombées de la crise syrienne. Ce faisant, il a lié sa durée de vie à celle d’un régime qui est actuellement de plus en plus menacé. »
Les premiers commentaires des forces du 14 Mars sont presque unanimes : le nouveau cabinet est à l’image du régime syrien qui a largement contribué à sa formation. C’est un gouvernement dont la durée de vie est forcément limitée, à l’instar du régime vacillant de Bachar el-Assad.Les pôles de l’ancienne majorité n’ont pas encore fait de déclarations officielles au...

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