Aïda Nehmé, ou la relation pédagogique

Aïda Nehmé que le Liban et le monde de l'éducation viennent de perdre était une pédagogue hors pair.
Son appel engage. Sa sollicitude désarme. La conversation avec elle vivifie. Autant elle est distante par rapport aux problèmes de la vie et de ses propres problèmes, autant elle est proche et même intime quand il s'agit de pédagogie, de formation, d'éducation.
La pédagogie, à la différence de la didactique centrée sur des techniques et des moyens fort nécessaires, est par essence relation humaine, relation engagée par un maître animé par le souci d'apprendre à être et du savoir intégré dans la vie.
Les rapports avec Aïda Nehmé sont en permanence limpides, sereins, vrais, depuis que je la connais dans les années 1960 à la Jeunesse étudiante chrétienne jusqu'aux nombreuses années de ma collaboration avec elle à l'Institut libanais d'éducateurs à l'Université Saint-Joseph.
Elle a insufflé, insuffle de l'âme et de l'humanité dans tout ce qu'elle fait à des périodes cependant où les sciences dites humaines deviennent de plus en plus des sciences sociales déshumanisées et où des formations pédagogiques formatent les esprits plutôt qu'elles ne forment et transforment.
Aïda Nehmé est inoubliable, surtout dans sa quête au quotidien et dans les moindres détails de l'essentiel. Elle a transmis cette contagion, sa contagion, à tous les éducateurs qui ont passé à l'ILE.
La pédagogie est bien plus qu'une discipline et une carrière avec un savoir-faire efficace. C'est une relation de partage vers plus d'humanité.