Les Saoudiens ont alerté les Européens sur une menace terroriste (Paris)

Les services secrets saoudiens ont alerté "il y a quelques jours" leurs homologues européens sur une menace terroriste "sur le continent, notamment en France", provenant d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), a déclaré dimanche le ministre français de l'Intérieur Brice Hortefeux.
"Il y a quelques heures ou quelques jours à peine", les Européens ont reçu "un nouveau message des services saoudiens nous indiquant qu'Al-Qaïda dans la péninsule arabique était sans doute actif ou envisageait d'être actif", a dit le ministre lors d'une émission de radio.
Il a ajouté que cela concernait "le continent européen et notamment la France" sans préciser la nature de la menace.
"La menace est réelle et notre vigilance est intacte", a poursuivi le ministre, indiquant que le plan de sécurité Vigipirate restait au niveau rouge, dernier cran avant le niveau écarlate déclenché en cas de risque d'attentat imminent.
Aqpa, qui a fait du Yémen l'un de ses principaux centres de recrutement, y a aussi mis au point l'attentat manqué de Noël 2009 contre un avion de ligne américain.
Le groupe d'Oussama ben Laden a depuis été soupçonné de nombreux attentats au Yémen, jusqu'aux deux opérations qui, le 6 octobre, ont blessé un membre du personnel de l'ambassade britannique et tué un expatrié français à Sanaa.
Le président français Nicolas Sarkozy avait mardi dernier réitéré à son homologue yéménite Ali Abdallah Saleh le soutien de la France à son pays pour lutter contre le terrorisme, après la multiplication ces dernières semaines sur son sol d'attentats revendiqués par Al-Qaïda.
L'alerte saoudienne vient après d'autres venant de services du Maghreb ou américains, a rappelé M. Hortefeux.
"Le 9/9, il y a eu un appel (de l'organisation policière internationale) Interpol indiquant qu'il y avait une menace islamiste à l'échelle mondiale notamment européenne", et le 16 septembre, "un deuxième signal" évoquant "une femme kamikaze susceptible de perpétrer un attentat sur le territoire national", a-t-il dit.
Fin septembre-début octobre, les autorités françaises avaient fait état d'une menace "réelle" dans le pays et appelé à la vigilance.
M. Hortefeux avait en particulier évoqué la possibilité d'un attentat "imminent" en France d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a revendiqué l'enlèvement, le 16 septembre, de cinq Français, d'un Togolais et d'un Malgache à Arlit, dans le nord du Niger, et lancé une mise en garde à Paris.
D'une façon générale, ces dernières semaines, les clignotants sont au rouge en Europe face à la menace terroriste.
Selon des informations diffusées le 29 septembre par des médias anglo-saxons, les services de renseignement occidentaux auraient mis au jour des projets d'attentats liés à Al-Qaïda dans des grandes villes au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, sur le modèle des attaques de Bombay qui avaient fait 166 morts en 2008.
Ces informations ont été en partie confirmées par des responsables, mais pas par les gouvernements concernés.
Quelques jours plus tard, les Etats-Unis avaient mis en garde les Américains voyageant en Europe contre des "risques potentiels d'attentats terroristes", notamment à Paris, les appelant à la vigilance dans les lieux publics.
Alors que les alertes infondées se sont multipliées ces dernières semaines en France, M. Hortefeux a indiqué qu'"en moyenne", deux attentats étaient déjoués par an en France et que 61 personnes y étaient actuellement incarcérées "pour avoir été concernées par des actes terroristes".