Les recensements effectués par des compagnies européennes et américaines dans la région montrent qu'il pourrait y avoir des gisements de gaz transfrontaliers entre le Liban et Israël (voir encadré). D'autre part, l'accélération du processus d'adoption de la loi sur le forage du pétrole et du gaz au Liban a sans doute été motivée par le début du forage en Israël. Le chercheur Nabil Khalifé estime que les responsables ont été mis devant le fait accompli. « La bataille avait commencé au temps du (Premier ministre assassiné en 2005) Rafic Hariri, se souvient-il. Celui-ci s'était alors, dans les années 90, trouvé entre deux feux, étant donné les intérêts des compagnies pétrolières américaines et européennes. Voilà pourquoi il avait décidé de reporter le débat sur le sujet. Plus récemment, les Israéliens ont ouvert le sujet du gaz naturel qui se trouve en Méditerranée. Nos responsables, à mon avis, n'ont pas pu ignorer ce fait. »
Or la démarcation des frontières maritimes avec Israël poserait problème dans tous les cas, vu que les deux pays demeurent en état de guerre. M. Khalifé craint que le gouvernement israélien n'ait recours à un stratagème pour fausser la délimitation des frontières de manière à s'approprier tout le gaz. Sur une carte dont il a obtenu une copie, qui a été réalisée par les Français après la guerre de 2006 (entre Israël et le Liban) et qui montre l'emplacement potentiel des nappes de pétrole et de gaz le long de la côte, le chercheur montre comment Israël compte, selon ses informations, imposer des frontières qui lui conviennent. « Pour s'approprier tous les gisements de gaz, Israël veut tenter de faire passer la ligne de démarcation des frontières non pas de Naqoura (frontière terrestre libano-israélienne, extrémité sud du littoral libanais), mais de Mtellé, à trente kilomètres plus haut par rapport à Naqoura, en territoire israélien, affirme-t-il. C'est ainsi qu'il pourrait annexer une énorme superficie maritime et en priver le Liban, en le privant par le fait même du droit d'exploiter le gaz. »
L'avocat Hady Rached pense pour sa part qu'une telle perspective n'est pas plausible. « Je ne crois pas qu'Israël peut convaincre la communauté internationale de faire passer la ligne de démarcation par Mtellé, quelle que soit son influence, dit-il. Le point de contact avec l'eau est Naqoura, c'est à partir de là que la ligne doit être tracée pour la frontière maritime. Mais le problème, c'est qu'il est impossible de délimiter les frontières entre les deux pays, qui auraient dû envoyer ensemble leurs dossiers aux Nations unies, ce qui n'est pas envisageable jusqu'à nouvel ordre en raison de l'état de guerre. »
Dans de multiples déclarations, les responsables libanais ont assuré que le Liban continuera d'exiger ce qui lui revient des droits sur le gaz s'ils se confirment. Le pays risque-t-il toutefois une confrontation armée avec Israël ? « Il faut préciser que lorsqu'il s'agit de ressource stratégique comme le pétrole, il y a deux facteurs de principe qui doivent pris en considération, selon les chercheurs en géostratégie : le facteur droit et le facteur force, explique M. Khalifé. Pour jouir des ressources, il faut les deux. Or au Liban, nous avons parfois le droit sans la force. Il ne faut cependant pas renoncer à réclamer son droit. »
Le chercheur mexicain d'origine libanaise, Alfredo Jalife-Rahmé, spécialiste en affaires internationales, a récemment publié un article paru le 18 août dans l'hebdomadaire Contralinea, intitulé précisément « Israël
attaquera-t-il le Liban pour lui voler son gaz ? ». Il parle de la polémique qui a éclaté entre le Hezbollah, qui « accuse Israël de programmer le "vol" du gaz naturel des eaux territoriales libanaises », et Israël, qui « rétorque que les champs pétrolifères et gaziers qu'il exploite ne s'étendent pas jusqu'aux eaux libanaises ». « Le problème réside dans le fait que les limites territoriales - et par extension, les limites maritimes - n'ont toujours pas été fixées, car les deux pays sont techniquement encore en état de guerre », dit-il. Selon lui, l'État hébreu pourrait avoir recours à des techniques telles que le siphonage pour s'emparer de tout le gaz provenant d'éventuels gisements transfrontaliers, profitant de sa supériorité technologique, mais il pourrait aussi attaquer militairement le Liban pour obtenir ce qu'il veut par la force.
Or la démarcation des frontières maritimes avec Israël poserait problème dans tous les cas, vu que les deux pays demeurent en état de guerre. M. Khalifé craint que le gouvernement israélien n'ait recours à un stratagème pour fausser la délimitation des frontières de manière à s'approprier tout le gaz. Sur une carte dont il a obtenu une copie, qui a été réalisée par les Français après la guerre de 2006 (entre Israël et le Liban) et qui montre l'emplacement potentiel des nappes de pétrole et de gaz le long de la côte, le chercheur montre comment Israël compte, selon ses informations, imposer des frontières qui lui conviennent. « Pour s'approprier tous les gisements de gaz, Israël veut tenter de faire passer la ligne de démarcation des frontières non pas de Naqoura (frontière terrestre libano-israélienne, extrémité sud du littoral libanais), mais de Mtellé, à trente kilomètres plus haut par rapport à Naqoura, en territoire israélien, affirme-t-il. C'est ainsi qu'il pourrait annexer une énorme superficie maritime et en priver le Liban, en le privant par le fait même du droit d'exploiter le gaz. »
L'avocat Hady Rached pense pour sa part qu'une telle perspective n'est pas plausible. « Je ne crois pas qu'Israël peut convaincre la communauté internationale de faire passer la ligne de démarcation par Mtellé, quelle que soit son influence, dit-il. Le point de contact avec l'eau est Naqoura, c'est à partir de là que la ligne doit être tracée pour la frontière maritime. Mais le problème, c'est qu'il est impossible de délimiter les frontières entre les deux pays, qui auraient dû envoyer ensemble leurs dossiers aux Nations unies, ce qui n'est pas envisageable jusqu'à nouvel ordre en raison de l'état de guerre. »
Dans de multiples déclarations, les responsables libanais ont assuré que le Liban continuera d'exiger ce qui lui revient des droits sur le gaz s'ils se confirment. Le pays risque-t-il toutefois une confrontation armée avec Israël ? « Il faut préciser que lorsqu'il s'agit de ressource stratégique comme le pétrole, il y a deux facteurs de principe qui doivent pris en considération, selon les chercheurs en géostratégie : le facteur droit et le facteur force, explique M. Khalifé. Pour jouir des ressources, il faut les deux. Or au Liban, nous avons parfois le droit sans la force. Il ne faut cependant pas renoncer à réclamer son droit. »
Le chercheur mexicain d'origine libanaise, Alfredo Jalife-Rahmé, spécialiste en affaires internationales, a récemment publié un article paru le 18 août dans l'hebdomadaire Contralinea, intitulé précisément « Israël
attaquera-t-il le Liban pour lui voler son gaz ? ». Il parle de la polémique qui a éclaté entre le Hezbollah, qui « accuse Israël de programmer le "vol" du gaz naturel des eaux territoriales libanaises », et Israël, qui « rétorque que les champs pétrolifères et gaziers qu'il exploite ne s'étendent pas jusqu'aux eaux libanaises ». « Le problème réside dans le fait que les limites territoriales - et par extension, les limites maritimes - n'ont toujours pas été fixées, car les deux pays sont techniquement encore en état de guerre », dit-il. Selon lui, l'État hébreu pourrait avoir recours à des techniques telles que le siphonage pour s'emparer de tout le gaz provenant d'éventuels gisements transfrontaliers, profitant de sa supériorité technologique, mais il pourrait aussi attaquer militairement le Liban pour obtenir ce qu'il veut par la force.
Les recensements effectués par des compagnies européennes et américaines dans la région montrent qu'il pourrait y avoir des gisements de gaz transfrontaliers entre le Liban et Israël (voir encadré). D'autre part, l'accélération du processus d'adoption de la loi sur le forage du pétrole et du gaz au Liban a sans doute été...
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