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Culture - Danse

« Noces de Sang » à ciel ouvert

Offert par l'ambassade d'Espagne, la délégation de l'Union européenne et Solidere, un spectacle flamenco, présenté par la compagnie Antonio Gadès, aux Thermes romains du centre-ville, a clôturé en beauté le mandat de la présidence espagnole de l'Union européenne.

Des noces de sang flamenca de toute beauté. Photos Sami Ayad

Le public invité à la soirée de clôture des six mois de présidence espagnole de l'Union européenne - qui, il faut le signaler, ont été riches au Liban en événements culturels de qualité ! - a eu le bonheur d'assister, à ciel ouvert, à l'une des œuvres majeures d'Antonio Gadès : Noces de Sang.
Adapté d'une des plus célèbres pièces de Federico Garcia Lorca par le grand danseur et chorégraphe espagnol, qui a fait rayonner l'art flamenco non seulement sur les scènes internationales, mais également au cinéma grâce à ses collaborations avec Carlos Saura (on se souvient notamment de leur fameux Carmen), ce ballet flamenco, novateur en 1974, l'année de sa création, est devenu aujourd'hui l'un des « classiques » du répertoire du Ballet national d'Espagne.
Une « œuvre monument », symbolique de ce mélange de passion, d'âpre sensualité et de mort qui irrigue la terre d'Andalousie et son ardente danse populaire.
Présentée par la compagnie Antonio Gadès, qui perpétue l'héritage du maître - décédé il y a quelques années - en respectant à la lettre ses chorégraphies, cette pièce d'une sombre et dramatique beauté met en scène, en six tableaux, une histoire d'amour et de haine, de lutte et d'envie, de passion et de mort.
Une tragédie amoureuse, à l'issue fatale, inspirée à Lorca par un vrai fait divers ayant eu lieu en 1928, à Nijar. Des amours interdites qui finiront dans le sang. Celles d'une fiancée, sur le point de convoler avec un homme qu'elle n'aime pas, et de son amant, un homme marié. Ils s'enfuiront le jour des noces. Mais ils ne pourront aller loin. La loi du sang, réclamée par la mère du fiancé délaissé, ainsi que par l'épouse bafouée, les poursuivra de son couteau vengeur jusqu'à la mort. Des deux hommes.
Des noces mortifères, magistralement interprétées par une vingtaine de danseurs et danseuses - accompagnés de deux « cantaores », batteurs de paumes et de deux guitaristes - dans une succession de tableaux flamencos épurés, mais qui n'en gardent pas moins toute leur puissance stylistique. Notamment celle des mouvements d'ensemble, d'une incroyable cohésion, qui allient la force terrienne de la gestuelle gitane et la grâce aérienne de la danse classique.
Une pièce qui s'achève sur une lutte finale, une sorte de corrida du destin qui emporte les deux hommes dans une danse à la gestuelle lente, millimétrée, et d'une belle intensité expressive. Pour une implacable tragédie sous le soleil d'Andalousie.

« Suite flamenca »
Deuxième partie plus légère avec Suite flamenca, une seconde pièce d'Antonio Gadès, qui déroule, cette fois, les différentes variétés de la danse flamenco. En solo, duo ou danse de groupe, se succèdent : un « soleá » souverain rythmé par les trémolos graves et rocailleux des cantaores, des « farruca » en duos masculins tout en cambrures affûtées, d'hypnotiques claquements de « zapateados », de tourbillonnants tanguillos de filles en castagnettes, un tango de couple entrelaçant, dans une imposante harmonie, la puissance gestuelle de la bailaora et l'ardente tension du bailor, mais aussi la frénésie joyeuse des rumbas et autres bulerias de fiestas.
Des performances qui, tout en respectant la tradition populaire du flamenco, sont enveloppées de cette esthétique élégante, épurée de tout cliché pour touristes, propre à Gadès. Les costumes, bien que folkloriques, ne font ni dans les robes à pois ni dans les éventails. Et même si la rose rouge, dans le chignon, et le châle à franges sont bien présents, ils restent d'une sobriété qui laisse la part belle à la flamme expressive des corps et des visages.
Une expression qui se fait frénétique et festive dans une fougueuse et tourbillonnante danse à laquelle vont prendre part, en finale, tous les protagonistes sur scène, musiciens et chanteurs compris. Qui, en faisant ressortir, cette fois, la conviviale beauté de l'art flamenco, vont littéralement embraser le public. Olé !
Le public invité à la soirée de clôture des six mois de présidence espagnole de l'Union européenne - qui, il faut le signaler, ont été riches au Liban en événements culturels de qualité ! - a eu le bonheur d'assister, à ciel ouvert, à l'une des œuvres majeures d'Antonio Gadès : Noces de...

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