Rechercher
Rechercher

Culture - Spectacle

« Oublie la voiture », match nul

C'est au théâtre al-Madina qu'a lieu le match du siècle, le match de tous les siècles, puisqu'il s'agit du combat hommes-femmes. « Oublie la voiture »* est une pièce inspirée de textes de Rachid el-Daïf, qui met le public KO.

Patricia Barakat invite le public à assister au combat des sexes. (Nasser Trabulsi)

L'idée artistique est certes originale, car elle sert d'écrin contemporain et très moderne à un sujet très vivace jusqu'à nos jours, puisqu'il s'agit de la sempiternelle querelle entre les deux genres masculin et féminin.
Comment traduire ce terrain de l'intime (terrain miné, on en convient) où évoluent l'homme et la femme et où émergent tous les problèmes sociaux et moraux dérivés de la sexualité, comme la virginité, le viol, l'impuissance et la fidélité? Comment reproduire l'image du couple en évitant les écueils de la vulgarité, du langage populo ou encore de la confusion des sentiments? Comment mélanger la tradition et la modernité en faisant cependant l'éloge de l'amour?
C'est d'abord sur un ring installé in situ que le public est convié. Autour de deux boxeurs (un homme et une femme) et devant une assistance debout, tout le linge sale est déballé. Un linge pas propre du tout. À l'expression même impropre. Il est vrai, comme le dit l'auteur, que «dans la tradition arabe, le sexe était une activité humaine comme les autres. Il n'était pas systématiquement associé au sentiment d'amour et à l'engagement. Il faut le dire et le redire, insiste-t-il, que la civilisation arabe était beaucoup plus ouverte que ce que prétendent ceux qui veulent aujourd'hui nous obliger à revenir aux fondements et aux sources.» Mais il est vrai aussi que la libération de la femme - à ne pas confondre avec un féminisme un peu éculé à tempérament intégriste - ne doit pas prendre les faux chemins ni les raccourcis provocateurs.
Dans cette recherche théâtrale originale signée par le Marocain Rahim Elasri, le vrai spectacle se retrouve dans la salle. Car, après les premières dix minutes du match, l'audience monte elle-même sur scène (les hommes d'une part, les femmes de l'autre) et est prise à témoin pour ce conflit des sexes, comme dans un procès.
Sous la direction artistique entreprenante et novatrice du jeune Casablancais, mention spéciale est donnée à Gregory Canoli avec sa prestation. C'est le «mâle» (il faut l'avouer) qui, finalement, donne le ton à la pièce. Ingrid Heiderscheidt et Nathalie Mellinger se défendent bien, elles aussi. Mais devra-t-on y voir pour autant une inégalité des sexes? On ne peut s'empêcher d'y penser.
Une expérience à tenter? Oublie la voiture est une pièce confuse, au message inexistant, car court-circuité.

* Jusqu'au 20 juin, au Masrah al-Madina, deux représentations par soirée, à 19h00 et 21h00.
L'idée artistique est certes originale, car elle sert d'écrin contemporain et très moderne à un sujet très vivace jusqu'à nos jours, puisqu'il s'agit de la sempiternelle querelle entre les deux genres masculin et féminin. Comment traduire ce terrain de l'intime (terrain miné, on en convient) où évoluent l'homme et la femme et...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut