« Les Irakiens sont sentimentaux comme tous les Arabes, on peut les gagner par la musique, pas par les discours », explique Ahmad Mahdi, chargé de la presse à al-Forat TV. Pour lui, cette nouvelle forme de propagande électorale est « une aubaine » pour certains paroliers. « Nous payons 1 000 dollars par chanson, mais souvent des poètes et des chanteurs travaillent gratuitement car cela leur permet d'apparaître à l'écran et parce qu'ils sont convaincus de l'importance de mobiliser l'électorat pour voter. » « Peu importe si on chante pour un leader, pour un parti ou pour la nation, l'essentiel est que le message passe », assure Hussein Basri, président du syndicat des artistes irakiens. Selon lui, les chanteurs de renom comme Salah Abdel Ghafour et Abd Falak sont les plus sollicités pour ce genre de chansons.
En revanche, pas de chansonnettes sur al-Ahd, chaîne du courant lié au chef radical chiite Moqtada Sadr, mais des débats sur le mahdi, 12e et dernier imam de l'islam chiite disparu au IXe siècle. La poésie fait aussi son entrée dans la campagne électorale. « Les mots sont plus séduisants que les discours et invectives des candidats », commente Karim al-Lami, poète de 50 ans.
À Kirkouk, ville multiethnique, la télévision TERT dépendant du Front turcoman a fait appel à un des meilleurs paroliers, Jomhour Karkouki, pour 26 clips, selon son directeur Torkich Rachad. « Kirkouk est et demeurera turcomane, Kirkouk est irakienne », entonne un chanteur. Mais sur Kirkouk TV, chaîne de l'Union patriotique du Kurdistan du président Jalal Talabani, les clips prônent l'annexion de Kirkouk au Kurdistan et appellent à voter pour l'Alliance du Kurdistan, formée des grandes formations traditionnelles.
Hassen JOUINI (AFP)
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