Après la trêve au Yémen-Nord, le plus difficile reste à faire

Près de trois semaines après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu dans le nord du Yémen, le plus dur reste à faire avec le retour des déplacés, la libération des prisonniers de guerre et le désarmement des insurgés. Le retrait des rebelles de leur fief de Saada a permis un début de retour à la normale dans cette ville, a déclaré le gouverneur de la province, Taha Hajr, soulignant la nécessité d'accélérer le rétablissement de l'électricité et de l'eau pour faciliter le retour au foyer des déplacés. Des dizaines d'habitations ont été détruites à Saada, chef-lieu de la province de même nom, ainsi que dans les villages environnants, ce qui complique leur retour, selon des témoins. Le gouverneur, cité par la presse, a annoncé que les écoles allaient « rouvrir leurs portes dès samedi » à Saada, ajoutant qu'il était nécessaire « d'inculquer aux élèves les principes d'allégeance à la patrie, de modération et du refus de l'extrémisme ».
Selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR), le nombre de déplacés par la guerre entre les rebelles et l'armée depuis 2004 s'élève à 254 767 personnes. « Le HCR œuvre au retour volontaire et sécurisé des déplacés », a déclaré à l'AFP une porte-parole, Marie Marullaz, précisant que l'ONU n'encouragerait pas les civils à regagner leur foyer « avant la mise en place des infrastructures de base et le déminage des routes ».
« Le cessez-le-feu n'a pas été violé (...), mais il y a une lenteur de la part des rebelles » à en appliquer les termes, a déclaré le président d'une commission chargée d'observer la trêve, Mohammad Yahi al-Hawiri. De son côté, le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, a proposé aux rebelles chiites de se constituer en parti pour s'impliquer dans la vie politique nationale, dans des déclarations publiées hier à Sanaa. « Appliquez les conditions (du cessez-le-feu) et redevenez des citoyens de plein droit », a déclaré le chef de l'État, cité par l'agence officielle SABA, à l'adresse des rebelles. « Si vous voulez devenir une force politique en conformité avec les lois et la Constitution (...), créez un parti national, mais pas un parti raciste, régionaliste, tribal ou défendant un groupe particulier », a ajouté M. Saleh.