Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Après le séisme, Haïti se prépare à des années de reconstruction

Des centaines de milliers d'Haïtiens vont désormais dépendre pendant des années de l'aide étrangère et vivre dans des logements provisoires, la reconstruction de leur pays dévasté par un puissant séisme pouvant prendre au moins une dizaine d'années.

Presque deux semaines après la secousse de magnitude 7 qui a brisé, le 12 janvier à 16H53 locales, les vies des 9 millions d'habitants du pays le plus pauvre des Amériques, une gigantesque opération est en cours pour fournir eau, nourriture et abri à des sinistrés qui ont tout perdu.

Le gouvernement haïtien estime que plus de 112.000 personnes ont péri dans le tremblement de terre, ce qui en fait le séisme le plus meurtrier jamais enregistré dans les Amériques. Près de 200.000 Haïtiens ont été blessés et un million sont sans abri. Selon l'ONU, ce sont trois millions de personnes qui ont besoin d'aide.

Le bilan matériel est catastrophique: dans les trois villes les plus touchées, Port-au-Prince, Jacmel et Léogâne, la moitié des maisons ont été détruites.

La reconstruction du pays s'étalera sur une décennie, a averti Jonathan Reckford, le responsable d'une association américaine, Habitat for Humanity. Pour l'ambassadeur d'Haïti en Espagne, Yolette Azor-Charles, il faudrait même plutôt parler de 25 ans.

Les besoins sont immenses: lors d'une première réunion internationale sur la reconstruction de l'île, le président de la République dominicaine voisine, Leonel Fernandez, a chiffré à 10 milliards de dollars le montant de l'aide nécessaire pour rebâtir le pays.

Pendant les jours qui ont suivi le séisme, alors que les cadavres s'entassaient dans les rues, des chirurgiens, dans des conditions extrêmes, ont procédé à des amputations à la chaîne. Des milliers d'Haïtiens vont ainsi porter dans leur chair le souvenir de la journée du 12 janvier. Des milliers d'autres, parfois les mêmes, sont devenus orphelins.

"Je suis heureuse parce que je suis vivante", a dit à l'AFP Marie-Françoise, amputée du bras gauche et dont les parents sont morts. "Mais je ne veux pas penser à mon avenir. J'ai tout perdu et je ne pourrai jamais plus travailler".

Officiellement, la recherche des survivants a pris fin vendredi mais une soixantaine d'équipes internationales de sauveteurs sont toujours à Port-au-Prince et gardent l'espoir de découvrir de nouveaux "miraculés". Comme ce jeune homme de 25 ans retrouvé vivant samedi après onze jours dans les ruines de l'épicerie où il travaillait.

Les Nations unies, présentes depuis 2004 en Haïti et qui ont vécu avec ce séisme la catastrophe la plus meurtrière de leur histoire en perdant 70 employés, ont renforcé leur présence et vont disposer de 12.500 Casques bleus sur place. Les Etats-Unis ont quant à eux envoyé quelque 20.000 soldats sur place.

Au large de Port-au-Prince, mouillent des navires hôpitaux, ainsi qu'un porte-avions américain avec ses navires de soutien. Le port de la capitale haïtienne est en train d'être remis en état, une étape essentielle pour désengorger l'aéroport et faciliter l'acheminement de l'aide.

Cent cinquante centres de soins sont également en place à Port-au-Prince, selon Isabel Lopez, une responsable de l'Organisation mondiale de la Santé.

Des milliers de tentes, dans lesquelles s'entassent des réfugiés dans des conditions sanitaires déplorables, ont été dressées dans la capitale. Les autorités haïtiennes ont dénombré 508 campements. Sur les 350 visités par l'ONU, seuls six avaient un accès à l'eau potable.

Port-au-Prince a connu des scènes de pillage mais l'ONU a souligné que les actes de violence qui ont pu se produire étaient des "actes isolés dus à l'exaspération et au désespoir".

"La population s'est montrée calme et digne", a souligné Elisabeth Byrs, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU.

La directrice du Programme alimentaire mondial, qui distribue chaque jour des millions de repas, a rendu hommage à son personnel haïtien. "Tous pleurent des amis ou des proches mais ils sont retournés au travail avec une capacité à se ressaisir et une détermination remarquables", a dit Josette Sheeran.

Maintenant, a-t-elle ajouté, le PAM va avoir "besoin du soutien de la communauté internationale pendant les nombreux mois à venir. A un niveau que personne n'avait prévu au départ".

Des centaines de milliers d'Haïtiens vont désormais dépendre pendant des années de l'aide étrangère et vivre dans des logements provisoires, la reconstruction de leur pays dévasté par un puissant séisme pouvant prendre au moins une dizaine d'années.
Presque deux semaines après la secousse de magnitude 7 qui a brisé,...