Un cordon de sécurité a été mis en place autour de la sépulture profanée, tenant à distance les quelques habitants de Deftera venus malgré la pluie battante observer la scène, pour certains en pleurs. La police a passé au peigne fin les alentours de la tombe en pierre noire souillée de terre retournée. La police a parlé d'un acte « minutieusement préparé », notant que les profanateurs avaient pris soin d'effacer les traces de leur passage, selon la radio publique. Trois ou quatre personnes ont certainement dû allier leurs forces pour retirer la lourde pierre tombale, a-t-elle estimé. Elle n'a avancé aucune hypothèse sur l'identité possible des profanateurs. Dans un communiqué publié en soirée, la police a indiqué que trois personnes étaient interrogées en lien avec cette affaire, tout en soulignant qu'elles n'étaient pas en état d'arrestation et sans les identifier.
« Cet acte épouvantable suscite tristesse et colère, mais il n'effacera pas l'œuvre de Tassos Papadopoulos », a indiqué dans un communiqué sa famille, qui a ajouté que l'office prévu aujourd'hui en l'église Saint-Nicolas de Deftera était maintenu. « C'est véritablement un acte barbare qui fait honte à notre culture, un crime méprisable qui suscite un sentiment d'horreur », a estimé M. Christofias. « J'appelle la population à garder son calme face à cette provocation », a-t-il ajouté. Le Diko, ancien parti de centre-droit de M. Papadopoulos, a parlé d'un « crime odieux ».
Né en janvier 1934 à Nicosie, M. Papadopoulos, un fumeur invétéré, était mort le 12 décembre 2008 des suites d'un cancer du poumon. Sa défaite neuf mois plus tôt au premier tour de la présidentielle remportée par le communiste Demetris Christofias avait mis un point final à sa longue carrière politique, qui a embrassé un demi-siècle d'une histoire mouvementée sur l'île. Durant son mandat de cinq ans, il avait été un défenseur intransigeant de la cause chypriote grecque, face aux tentatives de résolution de la partition de l'île. En 2004, Papadopoulos, avocat formé à Londres, était apparu en pleurs devant les caméras de télévision pour exhorter ses compatriotes à refuser le plan de réunification porté par Kofi Annan, alors secrétaire général de l'ONU. Peu après, et contrairement aux Chypriotes turcs, les Chypriotes grecs avaient rejeté ce projet, entérinant le statu quo sur une île divisée depuis l'invasion turque de sa partie nord en 1974 en réponse à un coup d'État d'ultranationalistes chypriotes grecs prônant le rattachement à la Grèce.
Tassos Papadopoulos, chef du secteur de Nicosie lors de la lutte pour l'indépendance contre l'empire colonial britannique, avait été en tant que juriste l'un des quatre représentants chypriotes-grecs dans le comité de rédaction de la Constitution. Plus jeune ministre, à 26 ans, de l'histoire moderne de Chypre, dès 1959, il a assumé plusieurs portefeuilles jusqu'en 1970 avant d'être élu député de 1970 à 2003, puis président.
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