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Ankara, accusé par l'Irak et la Syrie, refuse d'ouvrir les vannes de l'Euphrate

La Turquie, accusée par ses voisins irakiens et syriens de limiter leur approvisionnement en eau du Tigre et de l'Euphrate, s'est défendu jeudi en assurant ne pas disposer des ressources nécessaires.

"Nous sommes conscients des besoins en eau de nos voisins (...) Mais nous n'en avons pas beaucoup dans les réservoirs de nos barrages", a déclaré le ministre turc de l'Energie et des ressources naturelles, Taner Yildiz, avant une réunion à Ankara de responsables des trois pays sur la question du partage des ressources hydrauliques des deux fleuves.

Une rencontre qui fait suite à des protestations irakiennes, accusant la Turquie de retenir l'eau malgré des promesses d'accroître le débit de l'Euphrate.

L'Irak, qui fait face à une grave sécheresse, avait réclamé en juillet une réunion urgente avec la Syrie et la Turquie après la chute de moitié du débit de ce fleuve long de 2.800 km, qui prend sa source en Turquie puis traverse la Syrie et l'Irak.

M. Yildiz a assuré à la presse avant le début des discussions que la Turquie assurait actuellement un débit de 517 m3 par seconde des eaux de l'Euphrate vers la Syrie. Aux termes d'un accord de 1987, la Turquie accepte une moyenne annuelle de 500 m3 par seconde.

"Sincèrement, il n'est pas possible pour nous d'en laisser davantage", a ajouté le ministre turc.

Des propos contredits par les ministres irakien et syrien participant aux discussions, qui ont pointé une baisse du débit de l'Euphrate.

"Nous n'avons reçu que 8 millions m3 d'eau de l'Euphrate entre août 2008 et août 2009. Cela correspond à une baisse de 30%", a affirmé le ministre irakien des Ressources hydrauliques, Latif Rachid.

Une situation aggravée par la chute de 40% des précipitations, ce qui a provoqué une sécheresse, une baisse de la production agricole et une migration de masse dans le sud du pays, a-t-il notamment dit dans un discours.

Bagdad et surtout Damas réclament depuis des années un partage hydraulique plus équitable, accusant Ankara de rationner l'eau, surtout pendant l'été, en raison du gigantesque projet GAP d'irrigation et de construction de barrages sur l'Euphrate et le Tigre pour développer le sud-est anatolien.

Les autorités turques assurent de leur côté laisser passer suffisamment d'eau et expliquent les pénuries par le fait que la Syrie n'a pas construit les barrages nécessaires pour retenir l'eau qu'elle reçoit.

Mais le ministre syrien de l'Irrigation, Nader Bounni, a rétorqué jeudi que le débit de l'Euphrate provenant de la Turquie était tombé à une moyenne de 400 m3/seconde dans les onze derniers mois.

Le ministre turc de l'Environnement, Veysel Eroglu, a pour sa part mis en avant la raréfaction des ressources provoquée par le changement climatique.

"Entre 2006 et 2008, les précipitations ont chuté de 24% dans le bassin du Tigre et de 46% dans celui de l'Euphrate", a-t-il insisté.

Lors de leurs réunion d'une journée, les ministres devaient notamment évoquer la création de stations communes pour surveiller les débits des fleuves, l'échange de données météorologiques ou des programmes de formation de personnels.

La Turquie, accusée par ses voisins irakiens et syriens de limiter leur approvisionnement en eau du Tigre et de l'Euphrate, s'est défendu jeudi en assurant ne pas disposer des ressources nécessaires.
"Nous sommes conscients des besoins en eau de nos voisins (...) Mais nous n'en avons pas beaucoup dans les réservoirs de nos barrages", a déclaré le ministre...