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Lockerbie : l'Ecosse libère Megrahi, suscitant les critiques de Washington

Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi, le Libyen condamné pour l'attentat de Lockerbie, a quitté jeudi l'Ecosse pour achever ses jours en Libye après sa libération pour raisons médicales par le gouvernement écossais, sous les critiques de Washington.

"C'est ma décision que M. Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi, condamné en 2001 pour l'attentat de Lockerbie et actuellement en phase terminale d'un cancer de la prostate, soit libéré pour des raisons médicales et autorisé à rentrer en Libye pour y mourir", a annoncé vers 12h00 GMT le ministre écossais de la Justice, Kenny MacAskill.

La justice écossaise est indépendante de Londres, qui n'est donc pas intervenu dans la procédure.

Quelques heures plus tard, l'ancien détenu gravissait les marches le menant à bord d'un avion spécialement affrété par la Libye, lentement et avec une canne, mais sans l'aide de quiconque. Selon le corps médical, Megrahi, 57 ans, n'a pas plus de trois mois à vivre.

Megrahi avait été condamné en 2001 à la prison à vie avec une peine de sûreté de 27 ans par des juges écossais à l'issue d'un procès qui s'était tenu aux Pays-Bas, en terrain neutre. La sentence avait été confirmée en appel en 2002.

Le Boeing 747 de la compagnie américaine Pan Am avait explosé, le 21 décembre 1988, au-dessus de Lockerbie. 270 personnes avaient péri, en majorité américaines.

"Je suis évidemment très soulagé de quitter enfin ma cellule", a déclaré Megrahi dans un communiqué lu par son avocat. Mais le Libyen a continué à plaider son innocence, qualifiant sa condamnation de "rien de moins qu'une honte".

"Cette épouvantable épreuve ne prendra pas fin avec mon retour en Libye. Elle pourrait même ne pas prendre fin avant ma mort", a-t-il ajouté dans sa déclaration.

La décision a suscité les "profonds regrets" de Washington. "Nous continuons à penser que Megrahi devrait accomplir sa peine en Ecosse", a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est déclarée "profondément déçue", tandis que des familles américaines de victimes ont laissé éclater leur colère.

"C'est un scandale, et les Etats-Unis auraient pu faire usage de davantage de pression", a déclaré sur CNN Susan Cohen, dont la fille de 20 ans avait été tuée dans l'attentat.

Les Etats-Unis appellent la Libye à ne pas accueillir Megrahi en héros, a déclaré un porte-parole du département d'Etat.

En revanche, de l'autre côté de l'Atlantique, des familles britanniques ont salué la libération du Libyen, qu'elles estiment souvent avoir été victime d'une erreur judiciaire.

"Je ne crois pas une seconde que cet homme ait été impliqué comme on l'a dit lors de sa condamnation", a déclaré l'Ecossais Jim Swire, qui a perdu une fille dans l'attentat. "A mesure que le temps passera, il deviendra de plus en plus clair qu'il n'avait rien à voir avec tout cela", a-t-il ajouté à la BBC.

Dans une lettre adressée à la justice en juillet et publiée jeudi, Megrahi s'est déclaré "malade en phase terminale". "Il n'y a pas d'espoir de guérison... Le personnel (de la prison) n'est pas réellement équipé pour faire face à de nombreux aspects de ma maladie en phase terminale. J'estime que l'emprisonnement accélère mon déclin".

La remise en liberté de Megrahi marque une nouvelle étape dans le réchauffement des relations entre la Libye et l'Occident, qui s'est accéléré après le renoncement de Tripoli aux armes de destruction massive en 2003 et le versement de compensations aux familles des victimes de l'attentat.

Les experts rappellent que la Libye détient les plus grandes réserves de pétrole prouvées d'Afrique et que d'importants contrats d'exploration ont été signés avec des compagnies britanniques, dont BP et Shell.

Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi, le Libyen condamné pour l'attentat de Lockerbie, a quitté jeudi l'Ecosse pour achever ses jours en Libye après sa libération pour raisons médicales par le gouvernement écossais, sous les critiques de Washington.
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