La situation interne de l'Iran et la question d'un renforcement des sanctions pour empêcher ce pays de se doter de l'arme nucléaire suscitaient mercredi des divisions parmi les chefs d'Etat et de gouvernement du G8 réunis à L'Aquila, en Italie.
L'Iran devait être "le sujet essentiel" de leur dîner, et une déclaration du groupe des huit pays les plus industrialisés (Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Etats-Unis, Canada, Japon, Russie) était attendue dans la soirée, selon un responsable diplomatique européen du G8.
"On n'ira pas plus loin" qu'un appel à Téhéran à régler pacifiquement la crise post-électorale, "car la Russie ne le veut pas et refuse toute ingérence" dans les affaires intérieures iraniennes, a déclaré ce responsable à l'AFP.
Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, dont le pays préside le G8, a admis que les "conditions" d'une condamnation du pouvoir iranien pour sa gestion des manifestations hostiles à la réélection du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad "n'étaient pas réunies".
"Sur l'Iran, nous trouverons le mot juste. Ce qui compte, c'est que la communauté internationale ne tolère pas les violences et les violations des droits de l'homme", a-t-il dit.
Depuis quelques semaines, la répression s'est durcie en Iran à l'égard de l'opposition. Téhéran s'en est aussi pris à des employés de l'ambassade de Grande-Bretagne et a arrêté une universitaire française, l'accusant d'espionnage.
L'Union européenne a réagi en convoquant les ambassadeurs ou chargés d'affaires iraniens. "Après le G8, nous sommes prêts à aller jusqu'à un rappel temporaire d'une semaine des ambassadeurs affectés à Téhéran", indique un diplomate.
Lundi, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a vivement menacé de représailles "les dirigeants des pays arrogants, ceux qui mettent leur nez dans les affaires de la République islamique".
Conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, James Jones reconnaît un certain attentisme à propos du dossier nucléaire.
"Depuis les élections, c'est difficile de savoir où l'on va", a-t-il dit à la radio française Europe 1. "Les événements qui se déroulent sur place depuis les élections sont vraiment inquiétants. Et il faudra attendre pour en tirer les conclusions".
"Le président (Barack) Obama essaie de créer une relation normale avec l'Iran et on attend la réponse des Iraniens" à sa proposition de dialogue, a précisé le conseiller du président américain.
"On est dans une situation d'attente" et "la balle est du côté des Iraniens", confirme un diplomate européen.
Même relégué au second plan derrière la crise politique en Iran, le dossier nucléaire iranien continue de susciter une inquiétude croissante des grandes puissances et des pays de la région, au premier rang desquels Israël, qui menace d'intervenir militairement.
Téhéran poursuit un programme d'enrichissement d'uranium, affirmant qu'il n'a qu'un but civil, alors que les Occidentaux sont convaincus de ses fins militaires.
Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la France, réfléchissent à l'idée d'accentuer les sanctions internationales imposées à l'Iran pour l'inciter à suspendre ses activités nucléaires sensibles.
"Nous allons demander à la communauté internationale de se joindre à nous pour imposer des sanctions plus strictes contre l'Iran afin d'essayer de changer le comportement du régime", a déclaré mardi la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, à la chaîne de télévision vénézuélienne Globovision.
D'autres pays y sont cependant opposés "car ils pensent qu'elles ne produisent pas de résultats", selon le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, qui s'est dit "favorable au dialogue".
L'Iran devait être "le sujet essentiel" de leur dîner, et une déclaration du groupe des huit pays les plus...
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