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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le ministre égyptien de la Culture à Paris pour plaider sa candidature à la tête de l’Unesco

Alors qu'il partait favori, une controverse avec Israël a réduit les chances de Farouk Hosni de se voir élu.
Après s'être attiré les foudres d'intellectuels juifs, le ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni, s'est rendu hier Paris pour plaider sa candidature à la tête de l'Unesco.
« M'élire serait une occasion unique, et ne pas le faire serait une perte historique, y compris pour Israël », a dit M. Hosni, en butte aux critiques pour s'être dit prêt à « brûler » des livres israéliens. Il a « solennellement regretté » fin mai cette phrase épinglée, avec d'autres, par un trio d'intellectuels juifs, Élie Wiesel, prix Nobel de la paix, le cinéaste Claude Lanzmann et le philosophe Bernard Henri-Lévy. Se disant harcelé par un député islamiste sur la présence de livres israéliens dans la grande bibliothèque d'Alexandrie, M. Hosni avait répliqué en 2008 que si c'était exact, « je les brûlerais moi-même ». Fustigé par Israël, il avait plaidé l'hyperbole, affirmant avoir utilisé « une expression populaire arabe pour montrer l'inexistence de quelque chose ».
M. Hosni admet que, ministre de la Culture depuis 22 ans, il n'a pas œuvré au rapprochement culturel avec Israël, ayant épousé le refus des intellectuels égyptiens de la « normalisation », en dépit de la paix signée en 1979. « Nous pensons en Égypte qu'on ne peut danser et chanter ensemble quand on voit des attaques sanglantes quotidiennes contre le peuple palestinien », dit-il, « mais après la paix, cela sera tout autre chose ». Quelques gestes ont été récemment consentis : une invitation au Caire du chef d'orchestre Daniel Barenboïm et des traductions envisagées de romanciers israéliens, comme David Grossman ou Amoz Oz. « Ce que je n'ai pu faire en Égypte, je le ferai sans réserve à l'Unesco où je serai le meilleur artisan du dialogue culturel », plaide M. Hosni.
Alors qu'il partait favori, M. Hosni sait qu'il aura fort à faire pour rallier à partir du 18 septembre la majorité des suffrages des 58 pays membres du Conseil exécutif. Après avoir mené campagne contre lui, Israël a levé son opposition, à la demande explicite du président Hosni Moubarak au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Nous avons reçu une instruction levant le feu rouge à sa candidature », a confirmé l'ambassadeur d'Israël au Caire, Shalom Cohen, sans cacher sa réserve sur l'action de M. Hosni. Celui-ci estime que ce revirement n'a pas donné lieu à un marché. « Les Israéliens ont compris que je serai le meilleur candidat. Ils ont montré leur bonne foi, et cela va aider dans les temps qui viennent », dit-il.
Mais la controverse sur sa candidature a fait naître des vocations de dernière heure, ouvrant la voie au théâtre d'ombres des négociations onusiennes entre les six groupes des 193 pays de l'Unesco. Ils sont au total neuf à briguer le poste de directeur général de l'Organisation de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture, occupé depuis dix ans par le Japonais Koïchiro Matsura. « Ma concurrente la plus sérieuse me paraît être Benita Ferrero-Waldner », estime M. Hosni qui escompte obtenir 20 voix au premier tour et l'emporter au second avec 33 votes. « C'est le tour et le droit d'un candidat arabe », dit-il, notant le soutien des pays arabes, africains et islamiques, mais aussi de plusieurs pays européens, asiatiques ou latino-américains. Ancienne ministre autrichienne des Affaires étrangères, qui fut soutenue avec ferveur par le leader d'extrême-droite Joerg Haider, dont elle dénonçait la « démonisation », Mme Ferrero-Waldner est commissaire européenne sortante aux Relations extérieures.

Alain NAVARRO (AFP)
Après s'être attiré les foudres d'intellectuels juifs, le ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni, s'est rendu hier Paris pour plaider sa candidature à la tête de l'Unesco.« M'élire serait une occasion unique, et ne pas le faire serait une perte historique, y compris pour Israël », a dit M. Hosni, en butte...

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