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Législatives : juin 2009 - Tout le monde en parle

Lecture distanciée

Un Français, même pas franco-libanais, peut-il s'exprimer sur des élections déterminantes de la République libanaise ? Après un temps de réflexion, j'en prendrais le risque puisque j'y vis en symbiose affective et territoriale depuis plus d'un quart de siècle.
Surtout que j'apprécie votre journal dans son contenant comme dans son contenu. Cependant, je tiens à marquer une particularité amusante. Un ami européen, lui, ayant la chance de posséder la nationalité libanaise, aura le privilège de voter le 7 juin dans le Kesrouan. C'est un souriant octogénaire encore vert, sachant chanter avec talent. Son esprit est assez vif pour trouver à résoudre les mots croisés de Paris-Match et du Canard enchaîné. Il achète votre quotidien chaque jour. Il le lit en attendant le client providentiel.
Il votera Orange !
Certes on peut avoir été aouniste, mais le demeurer actuellement... Après le dépôt d'une gerbe sur la tombe d'un « héros » dont l'un des titres de gloire était l'organisation de l'attentat du Drakkar et autres, faisant plus de 130 soldats français comme victimes, sans compter les autres ! Après l'occupation pendant dix-huit mois du centre-ville, si néfaste à des centaines de collègues commerçants comme lui. Après la tentative d'exhumation des morts chrétiens dont on devine aisément les soupçons, après deux ou trois décennies, dans un but de tactique politique sordide. Tandis qu'on oublie comment on se fait obéir dans d'autres régions du Liban. Les critiques outrecuidantes faites au patriarche. Les complaisances sans bornes sur les outrances de ses alliés. La dernière étant la « glorification » du 7 mai 2008.
Cela dépasse l'entendement !
Vous parlez chiite, il vous répond sunnite. Vous avancez les armes illégales, il vous souligne les milliards de dollars. Vous allez à Téhéran, il vous envoie à Washington. Finalement, jamais les arguments ne se rencontrent et chacun veut voir ce qu'il anticipe a priori. Justement, ce court courrier voudrait, grâce à la faveur de l'écrit qui distance, s'adresser à ce genre de votant qu'on s'étonne de rencontrer dans ce camp-là.
Mes quelques mots supplémentaires pourront-ils changer un seul vote ?
Rien de plus incertain, mais l'importance de l'enjeu me commande d'en tenter la chance. Ouvrons les yeux. L'échantillonnage du succès du 8 Mars, nous l'avons déjà sur une large portion du territoire libanais. Iriez-vous y vivre ?
Pour ces élections, ce dont nous sommes sûrs, c'est que pas une once d'arme du Hezbollah ne sera rendue. Il n'y aura pas un seul opposant chiite élu. D'ailleurs, est-ce qu'il peut encore s'exprimer ? Il y a tant d'espions arrêtés ces derniers temps... La mainmise exclusive d'un parti sur une communauté et sur un secteur sera certainement plus serrée. Son système de communication si particulier ne sera même pas effleuré. Toutefois, on exigera scrupuleusement des écoutes téléphoniques légales pour le camp de la légalité résiduelle. Le Sud et la Békaa auront ces résultats déjà attendus. Des réseaux financiers venant d'Iran ? Nul ne doit en parler. En revanche de demander un audit sur la comptabilité de l'autre camp demeurera une manière de lutter contre la corruption. Ce serait le diable si parmi toutes les factures sur les fameux milliards de dollars, on ne trouve pas un motif d'emprisonnement qui pourra durer une éternité. Dans les Forces libanaises n'y a-t-il pas un sous-chef qui aura pris le café à Paris ou à Chypre avec un journaliste américano-sioniste ? Je parie même que l'on a en réserve plus d'un témoin, sûrs ceux-là, afin de ramener Samir Geagea devant les tribunaux. La rancune amère de certains existe ; elle est disponible à toutes les manœuvres de la plus grande mauvaise foi. Entre l'inquisitoriale vertu proclamée de l'un et l'imperfection assumée de l'autre, je vois aisément un mécanisme bien connu de pouvoir totalitaire. C'est assez primaire ; confiez-moi simplement le ministère de la Justice.
Est-ce ce Liban-là que vous désirez, chers amis ?


Surtout que j'apprécie votre journal dans son contenant comme dans son contenu. Cependant, je tiens à marquer une particularité amusante. Un ami européen, lui, ayant la chance de posséder la nationalité libanaise, aura le privilège de voter le 7 juin dans le Kesrouan. C'est un souriant octogénaire encore vert, sachant chanter avec talent....