Si, comme la plupart des pronostics l'indiquent, les élections se déroulent sans problèmes à la date prévue, le Liban sera confronté dès le 8 juin à une nouvelle problématique : faut-il continuer à appliquer l'accord de Doha ou revenir à l'accord de Taëf ? L'équation semble essentielle et porte en apparence sur le fondement même du système libanais. Elle se résume par cette question : faut-il renoncer à la démocratie consensuelle et revenir à un système plus conforme aux démocraties du monde occidental où la majorité issue d'élections législatives s'empare du pouvoir exécutif, alors que l'opposition exerce son pouvoir au Parlement ? Le débat est amplifié par les campagnes électorales, et les divergences sont radicalisées à l'extrême puisque les accusations pleuvent de chaque côté : l'opposition est soupçonnée de vouloir se retourner contre l'accord de Taëf alors que la majorité veut, selon l'opposition, exercer le pouvoir seule et revenir à la période de l'exclusion, portant ainsi atteinte au principe fondateur du Liban. En réalité, le problème est bien plus limité. Il porte en pratique sur une seule disposition de l'accord de Doha, celle qui concerne le tiers de blocage accordé à l'opposition au sein du gouvernement d'union nationale. En d'autres termes, c'est la formation du prochain gouvernement qui pose véritablement problème et qui constituera l'essentiel du prochain conflit politique du pays. La majorité actuelle affirme que le tiers de blocage est lié à la situation extraordinaire qui a prévalu dans le pays après les bouleversements du 7 mai et ne devrait pas devenir une règle établie dans la vie politique libanaise et dans la formation des gouvernements. L'accord de Taëf, lui, prévoit la formation d'un gouvernement d'union nationale, qui devrait regrouper les différentes parties libanaises, mais il n'entre pas dans les détails de la distribution des portefeuilles entre les différentes parties.
Le 8 juin, le Liban se trouvera donc face à trois scénarios possibles : la majorité actuelle l'emporte, auquel cas, si elle s'en tient à ses déclarations actuelles, elle devrait vouloir former un gouvernement à sa convenance, sans accorder le tiers de blocage à l'opposition. Ce cas de figure fait penser à la dernière époque du précédent gouvernement Siniora, après la démission des ministres chiites. Même sans tiers de blocage, l'opposition avait réussi à paralyser l'État et le gouvernement.
Le deuxième scénario consiste dans une victoire électorale de l'actuelle opposition. Dans ce cas de figure, et si elle respecte ses déclarations actuelles, la nouvelle majorité devra proposer à l'opposition une participation au pouvoir assortie d'un tiers de blocage au gouvernement. Si la nouvelle opposition refuse, comme l'a dit le secrétaire général du Hezbollah, la majorité ne la « suppliera pas », mais les milieux de l'opposition estiment qu'il y aura toujours au sein de la nouvelle opposition des parties qui accepteront de participer au gouvernement « pour sauver l'unité nationale », d'autant que le camp occidental et arabe qui appuie le 14 Mars ne souhaite pas non plus être totalement exclu du pouvoir.
Dans le troisième scénario, le vainqueur, quel qu'il soit, remportera les élections avec un très faible écart, et dans ce cas, le président de la République est appelé à jouer un rôle déterminant dans la formation du gouvernement. Ce scénario rappelle l'interprétation de l'accord de Taëf faite lors de son adoption. Elle consiste à dire qu'en accordant au chef de l'État le pouvoir de signer le décret de formation du gouvernement, l'accord de Taëf lui laisse un rôle déterminant dans la composition de l'équipe ministérielle et lui permet d'imposer ses conditions, notamment l'obtention d'un tiers de blocage. De toute façon, aucune disposition de la Constitution ne l'oblige à signer le décret de formation du gouvernement s'il n'est pas d'accord sur sa composition.
Même si nul ne se fait d'illusions sur la difficulté que constituera la formation du prochain gouvernement, il ne faudrait pas non plus exagérer les conflits. Doha contre Taëf ? La formule peut paraître séduisante, d'autant qu'elle a des résonances régionales, qui lui donnent une dimension plus importante. Mais elle est surtout dictée par des considérations électorales, visant à donner un caractère vital à un conflit qui ne l'est pas forcément.
Le 8 juin, le Liban se trouvera donc face à trois scénarios possibles : la majorité actuelle l'emporte, auquel cas, si elle s'en tient à ses déclarations actuelles, elle devrait vouloir former un gouvernement à sa convenance, sans accorder le tiers de blocage à l'opposition. Ce cas de figure fait penser à la dernière époque du précédent gouvernement Siniora, après la démission des ministres chiites. Même sans tiers de blocage, l'opposition avait réussi à paralyser l'État et le gouvernement.
Le deuxième scénario consiste dans une victoire électorale de l'actuelle opposition. Dans ce cas de figure, et si elle respecte ses déclarations actuelles, la nouvelle majorité devra proposer à l'opposition une participation au pouvoir assortie d'un tiers de blocage au gouvernement. Si la nouvelle opposition refuse, comme l'a dit le secrétaire général du Hezbollah, la majorité ne la « suppliera pas », mais les milieux de l'opposition estiment qu'il y aura toujours au sein de la nouvelle opposition des parties qui accepteront de participer au gouvernement « pour sauver l'unité nationale », d'autant que le camp occidental et arabe qui appuie le 14 Mars ne souhaite pas non plus être totalement exclu du pouvoir.
Dans le troisième scénario, le vainqueur, quel qu'il soit, remportera les élections avec un très faible écart, et dans ce cas, le président de la République est appelé à jouer un rôle déterminant dans la formation du gouvernement. Ce scénario rappelle l'interprétation de l'accord de Taëf faite lors de son adoption. Elle consiste à dire qu'en accordant au chef de l'État le pouvoir de signer le décret de formation du gouvernement, l'accord de Taëf lui laisse un rôle déterminant dans la composition de l'équipe ministérielle et lui permet d'imposer ses conditions, notamment l'obtention d'un tiers de blocage. De toute façon, aucune disposition de la Constitution ne l'oblige à signer le décret de formation du gouvernement s'il n'est pas d'accord sur sa composition.
Même si nul ne se fait d'illusions sur la difficulté que constituera la formation du prochain gouvernement, il ne faudrait pas non plus exagérer les conflits. Doha contre Taëf ? La formule peut paraître séduisante, d'autant qu'elle a des résonances régionales, qui lui donnent une dimension plus importante. Mais elle est surtout dictée par des considérations électorales, visant à donner un caractère vital à un conflit qui ne l'est pas forcément.
Si, comme la plupart des pronostics l'indiquent, les élections se déroulent sans problèmes à la date prévue, le Liban sera confronté dès le 8 juin à une nouvelle problématique : faut-il continuer à appliquer l'accord de Doha ou revenir à l'accord de Taëf ? L'équation semble essentielle et porte en apparence sur le fondement même du système libanais. Elle se résume par cette question : faut-il renoncer à la démocratie consensuelle et revenir à un système plus conforme aux démocraties du monde occidental où la majorité issue d'élections législatives s'empare du pouvoir exécutif, alors que l'opposition exerce son pouvoir au Parlement ? Le...
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