Après avoir révélé le protocole de dopage concocté par l'Américain Victor Conte, ex-patron de Balco, qu'il continue de décrire comme « une figure paternelle » dans son ouvrage Race Against Me qui paraît lundi, Chambers, endetté, court dans des réunions de second ordre malgré ses excellents chronos et entretient les écoliers sur ce qu'il décrit comme son « erreur ».
Mais sa contrition et sa quête d'une « seconde chance » n'ont pas apaisé la haine des grands noms de l'athlétisme britannique, Sebastian Coe, Steve Cram ou Kelly Holmes.
Silencieux quand il avait été médaillé d'or avec le relais 4x100 m à l'Euro 2006 à Goteborg juste après sa suspension, tous avaient retrouvé de la voix lorsque Chambers avait jugé quasiment impossible de remporter une médaille olympique sans se doper. Cette campagne, violente, avait culminé avec la décision de l'écarter de la sélection pour Pékin. Désormais, le quotidien The Times clame son « admiration » pour Chambers qui « dit la vérité, pour laquelle il a été largement condamné : le dopage est courant et seuls les idiots sont pris ».
Le talent toxicomane
Le sprinteur dénonce avant tout le principe du « deux poids, deux mesures », incarné, selon lui, par Christine Ohuruogu, épargnée malgré trois contrôles antidopage manqués et sacrée sur 400 m aux Mondiaux et aux Jeux à l'issue de sa suspension d'un an. À ceux qui soulignent que la sprinteuse n'a pas été contrôlée positive, Chambers rétorque dans son ouvrage, dont le Daily Mail a publié les « bonnes feuilles » : « Tout athlète qui manque trois contrôles est soit très naïf, soit il a quelque chose à cacher. » Patron des Jeux de Londres et icône de l'athlétisme britannique, Coe est l'objet de violentes attaques, souvent personnelles. Dwain Chambers accuse aussi celui qui fut son ancien agent, John Regis, d'avoir su qu'il se dopait, ce que l'intéressé dément. Accueilli « à bras ouverts » par le nouveau directeur technique national Charles van Commenee qui souhaitait tourner la page, Chambers met sa fédération (UKA) dans l'embarras. Et son retour s'effectue dans un contexte chargé.
Car si Ohuruogu sera absente à Turin, son entraîneur, Lloyd Cowan, dirige aussi Simeon Williamson, l'un des adversaires de Chambers... Et un autre sprinteur, Craig Pickering, avait signé une pétition pour demander le bannissement des Jeux des « tricheurs ».
Ces règlements de comptes font oublier que son ouvrage Race Against Me est surtout le récit effrayant d'un sportif talentueux devenu « junkie ». « Un matin, je me suis retrouvé allongé sur le sol froid de la salle de bains, souffrant atrocement de crampes d'estomac, et me demandant : "Combien de temps puis-je suivre ce programme ?" »
commentaires (0)
Commenter