La leçon a été retenue par les rockers actuels. « Les musiciens chinois savent qu'il y a des lignes à ne pas franchir », souligne Michael Pettis, propriétaire d'un bar et lieu de concerts à Pékin. « Tous les CD, s'ils ont une distribution nationale, doivent être approuvés par les censeurs », explique-t-il. Si la chanson d'un des groupes à la mode, Carsick Cars, s'appelle Zhongnanhai, le lieu où habitent les hauts dirigeants chinois à Pékin, c'est en référence à une célèbre marque de cigarettes appréciée de Mao. « Cui Jian était une icône, parce qu'il disait ce que tout le monde pensait à l'époque », souligne Shen Lihui, responsable du plus grand label indépendant chinois, Modern Sky. « Mais aujourd'hui, si les musiciens se mettent à chanter ce genre de chansons, personne ne s'y intéressera. Les gens des années 80 avaient grandi dans les années 70, et ils avaient subi beaucoup de restrictions, la politique était importante pour eux. Mais maintenant, les jeunes n'ont pas ce genre de restrictions », affirme-t-il.
Dans le même temps, les autorités ont fait preuve de plus de tolérance, ce qui a permis une floraison de lieux de concerts à Pékin, où est concentrée la scène alternative du pays. « Actuellement, Pékin a beaucoup de groupes talentueux et l'ambiance est très intéressante, il y a beaucoup d'énergie », dit Zhang Shouwang, 23 ans, chanteur des Carsick Cars.
L'Internet a également joué un rôle très important, selon Pettis, également professeur d'économie à l'Université de Pékin. « Si vous interrogez les musiciens, la plupart vous diront qu'une grande partie de ce qu'ils ont appris provient d'Internet », dit-il. L'Américain a été tellement impressionné par la vitalité des nouveaux groupes qu'il a décidé en 2006 d'ouvrir son lieu de concert, le D-22, pour y produire les nouveaux talents. « Nous pensions que nous aurions besoin de trois à cinq ans pour arriver à une scène rock convenable, explique-t-il. Mais à notre grande surprise, cela ne nous a pris qu'un an. »
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