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Moyen Orient et Monde - Analyse

La nouvelle diplomatie américaine : bonne volonté, mais donnant-donnant

L'administration US procède à un réexamen des dossiers internationaux, de l'Europe à l'Asie centrale en passant par le Moyen-Orient.
L'administration Obama en est encore à définir sa politique étrangère, mais elle a déjà mis ce week-end le marché en main à ses alliés européens, comme à son interlocuteur russe et même à son adversaire iranien : nous faisons le premier pas, faites le suivant. Dans le premier grand exposé diplomatique de la nouvelle administration, le vice-président américain Joe Biden a clairement fait savoir samedi à Munich que le président Barack Obama procédait à un réexamen des dossiers internationaux, de l'Europe à l'Asie centrale en passant par le Moyen-Orient.
Face à toutes les difficultés de l'heure, M. Biden a dit sans ambages devant la 45e Conférence sur la sécurité qu'il comptait sur l'aide des partenaires des États-Unis et en particulier sur l'Europe. Et il a proposé ce qu'il a appelé un « marché ». Après les crispations qui ont marqué les années Bush et les accusations d'unilatéralisme, « nous allons pratiquer le dialogue. Nous allons écouter. Nous allons consulter », a-t-il dit. Il a promis un « ton nouveau » à Washington, la fin des « mentalités du tout ou rien et (des) idéologies rigides », la prééminence de la diplomatie sur la force. Il a insisté sur la nécessité de la coopération et des alliances. Les États-Unis ne pratiqueront pas la torture, a-t-il assuré, pour répondre notamment aux sensibilités européennes à ce sujet.
Mais, a-t-il prévenu, toute cette bonne volonté, censée trancher avec l'intransigeance attribuée aux néoconservateurs de l'ère Bush, a un prix. « L'Amérique va en faire plus ; ça, c'est la bonne nouvelle ; la mauvaise nouvelle, c'est que nous allons demander à nos partenaires d'en faire plus aussi. » Il a explicitement appelé à l'aide pour fermer la prison de Guantanamo d'ici à un an comme annoncé par M. Obama. Les États-Unis aimeraient voir leurs partenaires accueillir certains des prisonniers.
L'administration américaine devrait annoncer prochainement comment elle entend tenir une autre promesse du candidat Obama : retirer les troupes déployées en Irak, où est menée une guerre à laquelle il s'est opposé dès le début, et faire porter l'effort en Afghanistan, qu'il voit comme la première ligne de front du combat antiterroriste. M. Biden a affirmé la nécessité de partager la « responsabilité » en Afghanistan, où M. Obama pourrait annoncer le doublement des effectifs américains et où les États-Unis voudraient voir certains de leurs alliés s'exposer davantage. L'émissaire américain pour l'Afghanistan, Richard Holbrooke, a reconnu hier à Munich que le conflit afghan serait « beaucoup plus dur » que l'irakien.
Les États-Unis voudraient aussi voir les Européens exercer davantage de pressions sur l'Iran, même si les Américains sont, selon M. Biden, « prêts à parler » et à rompre plus d'un quart de siècle de quasi-silence diplomatique avec les Iraniens. Offrir plus tout en réclamant davantage se dessine donc bien comme un des principes directeurs de la diplomatie américaine. Toutefois, M. Biden a aussi promis que si l'Iran n'écoutait pas, il s'exposerait à des sanctions supplémentaires.
L'administration Obama avait aussi quelque chose à offrir aux Russes. M. Biden a confirmé que la réalisation du projet de bouclier antimissile américain en Europe de l'Est, qui irrite tant la Russie, était conditionnée à des exigences techniques et financières. Le vice-Premier ministre Sergueï Ivanov a reçu le message. À l'issue de son entretien hier avec M. Biden, première rencontre de ce niveau depuis l'avènement de l'administration Obama, il a dit avoir « entendu » avec un « prudent optimisme » le « signal très fort » de son interlocuteur américain.

Laurent LOZANO (AFP)
L'administration Obama en est encore à définir sa politique étrangère, mais elle a déjà mis ce week-end le marché en main à ses alliés européens, comme à son interlocuteur russe et même à son adversaire iranien : nous faisons le premier pas, faites le suivant. Dans le premier grand...

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