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Actualités - OPINION

Éclairage La nouvelle donne après Gaza : un œil sur Washington, un autre sur Koweït... Scarlett HADDAD

Spectaculaires dans la forme plus que dans le fond, les réconciliations arabes du sommet de Koweït ont rapidement montré leurs limites. Si la « rupture de la glace », selon des médias arabes, qui s’est déroulée lundi devant les caméras de télévision n’a pas réussi à cacher les conflits entre les dirigeants, elle ne peut qu’être bénéfique pour le Liban, estime un observateur libanais qui a participé au forum économique précédant le sommet arabe. Cet observateur raconte que la réconciliation entre l’Arabie saoudite et la Syrie est le fruit d’un long processus entamé depuis quelques mois déjà par le Qatar et dans lequel le Koweït a joué un rôle primordial. Le Koweït est en fait le plus gros investisseur en Syrie et son émir avait assisté au sommet arabe de Damas en mars dernier en dépit de l’opposition de Riyad. L’émirat a malgré tout entamé une médiation entre les deux pays qui a fini par donner des résultats lundi dernier. Selon l’observateur libanais, c’est la situation à Gaza qui a permis l’aboutissement du processus. Les informations qui circulaient dans les coulisses du sommet de Koweït faisaient état des développements suivants : l’offensive israélienne ne devait durer que quelques jours ou au plus une semaine, selon les estimations de la ministre israélienne des AE, et les résultats escomptés étaient d’une part l’élimination du Hamas du paysage politique et d’autre part l’arrêt du lancement de roquettes sur Israël. L’offensive israélienne a dû être prolongée trois fois plus que ce qui était prévu et elle s’est déroulée en trois étapes : les bombardements aériens, l’avancée des blindés et les tirs d’artillerie, puis la percée terrestre dans les faubourgs agricoles et peu peuplés. Mais les trois étapes se sont avérées insuffisantes pour pousser les combattants du Hamas à se rendre ou à se réfugier au consulat du Qatar comme cela avait été prévu. En vingt-deux jours de combats, les avions israéliens ont effectué près de 2 000 raids et le Hamas a lancé 700 roquettes. Selon les témoignages des soldats israéliens diffusés par les chaînes de télévision de Tel-Aviv, les combats ont été féroces et les Israéliens n’ont pas réussi à démanteler les réseaux du Hamas qui étaient en plus dotés d’un système de télécommunications indépendant, dans le genre de celui du Hezbollah. Le point de passage de Rafah long de 14 kilomètres a été bombardé pour détruire les passages souterrains qui favorisent le trafic d’armes, mais apparemment l’objectif n’a pas été atteint, puisque l’un des principaux points des discussions actuels porte sur le contrôle des points de passage et l’arrêt de l’afflux d’armes vers Gaza. Selon l’observateur libanais, si on ne peut pas parler d’une véritable victoire du Hamas en raison de l’ampleur des dégâts et du grand nombre de victimes, il est certain qu’Israël n’a pas atteint ses objectifs et le seul résultat concret, à part la destruction et la mort de civils, est la montée dans les sondages du tandem Livni-Barak qui pourrait désormais remporter les élections législatives israéliennes prévues le 10 février. Pour le reste, le Hamas a prouvé sa capacité de résistance et en dépit de son épuisement, la population palestinienne reste apparemment solidaire avec cette organisation. Preuve en est qu’il fait désormais partie de tout scénario de solution, par le biais de la formation d’un gouvernement d’entente ou d’unité nationale. C’est ce constat, estime l’observateur libanais, qui a poussé le roi Abdallah d’Arabie à se réconcilier avec le président syrien. Cette initiative aurait toutefois pris de court le président égyptien, qui a prononcé un discours offensif au cours de la séance inaugurale. D’ailleurs, l’émir du Qatar a souhaité répondre à Hosni Moubarak, mais sachant que le discours du roi Abdallah serait conciliant, l’émir du Koweït a refusé de lui donner la parole. L’observateur libanais révèle que les conflits interarabes étaient trop nombreux pour être réglés d’un coup, mais l’élément le plus important reste le rapprochement entre la Syrie et l’Arabie. Selon lui, le facteur déterminant de cette réconciliation a été, en plus de la résistance du Hamas, le rôle prépondérant joué par la Turquie, tout au long de cette crise, alors que les Arabes semblaient marginalisés. Il était donc urgent pour le roi de reprendre en main la situation, surtout avec le changement à la tête des États-Unis et la détermination de la nouvelle administration à Washington d’ouvrir un dialogue avec Damas. La situation à Gaza a donc fourni une bonne occasion pour le rapprochement qui doit encore se préciser et se concrétiser. Des contacts sont prévus au cours des deux mois qui précèdent le prochain sommet arabe qui doit se tenir fin mars à Doha. Au cours de ces deux mois, les pays arabes auront eu le temps de connaître la tendance de la nouvelle administration américaine et d’adapter leur politique aux nouvelles données régionales. Toutefois, la tendance générale est de considérer que le contact renoué entre Riyad et Damas est de nature à détendre l’atmosphère au Liban, selon le fameux slogan de Berry, et à faciliter la tenue des élections législatives de juin prochain. Si l’opposition considère que son camp sort renforcé des événements de Gaza, le climat général semble plus favorable à un compromis. Ce qui est sûr, c’est que tout en guettant les moindres signes en provenance de Washington, chaque camp au Liban revoit ses calculs.
Spectaculaires dans la forme plus que dans le fond, les réconciliations arabes du sommet de Koweït ont rapidement montré leurs limites. Si la « rupture de la glace », selon des médias arabes, qui s’est déroulée lundi devant les caméras de télévision n’a pas réussi à cacher les conflits entre les dirigeants, elle ne peut qu’être bénéfique pour le Liban, estime un...