Jeux Olympiques Athlétisme : Bolt et la Jamaïque encore et toujours…

Le géant Usain Bolt a tout mangé, croquant vendredi soir une troisième médaille d’or aux Jeux de Pékin avec le 4x100m de la Jamaïque, après les deux gagnées sur 100 et 200m, agrémentées, comme pour le relais du tour de piste, de records du monde. L’ogre a avalé dans le dernier virage ses adversaires pour passer le bâton à Asafa Powell avec plus de cinq mètres d’avance. Du grand spectacle. Et l’ex-détenteur du record du monde du 100m a terminé le boulot pour démolir le record du monde, en 37 sec 10. Le quatuor « jaune et vert » a retranché 30 centièmes à la marque établie par les États-Unis, avec le grand Carl Lewis pour finir, lors de la finale des Jeux de Barcelone en 1992. Bolt a été monstrueux dans le virage, chronométré officieusement en 9 sec 10 lancé. Il l’a aussi joué collectif en trottinant sur 20 mètres pour encourager Powell qu’il avait réduit au rang de faire-valoir en finale du 100m. En l’absence des Américains, qui avaient perdu le témoin la veille, Trinité-et-Tobago, à une seconde du TGV jamaïcain (38’’06), et le Japon (38’’15) sont montés pour la 1re fois aux Jeux sur le podium dans le difficile exercice du relais. « C’est merveilleux. Ce que j’ai accompli ici, je l’ai fait pour moi, pour mes fans et pour mon pays », a résumé Bolt. « Nous avons toujours été un pays de sprinteurs, mais maintenant, je dis que nous prenons le pouvoir pour toujours », a proclamé Bolt. Pourtant, il y a eu une ombre dans le soleil de Jamaïque. Le relais féminin, imbattable sur le papier avec les trois premières du 100m et Veronica Campbell, lauréate du 200m, n’a jamais pu effectuer le 3e échange de bâton. La Russie, à la technique bien huilée, en a profité pour gagner devant la Belgique, autre collectif rodé. Doublé Dibaba Si Bolt and Co. ont assuré le spectacle, l’Éthiopienne Tirunesh Dibaba a été grande une nouvelle fois. Comme toujours d’ailleurs. Elle a remporté le 5 000 m pour devenir la 1re femme à réussir le doublé 5 000/10 000 m aux Jeux. Certes, les longues distances ont été admises depuis peu aux JO. Mais Dibaba est incroyable. Également quadruple championne du monde, elle affiche à seulement 22 ans un palmarès incomparable. Dommage, néanmoins, pour la beauté du sport, que sa compatriote Meseret Defar, médaille de bronze, n’ait pu défendre ses chances à fond. La championne olympique d’Athènes, où Dibaba avait pris la 3e place, a été handicapée par une douleur à un mollet, conséquence d’une bousculade à quatre tours de la fin. Maurren Maggi, suspendu deux ans pour dopage en 2003 après un contrôle positif à un anabolisant (clostebol), a pleuré comme une fontaine. La Brésilienne, de l’État de São Paulo, a atterri à 7,04 m à son 1er essai de la longueur. La Russe Tatyana Lebedeva, tenante du titre, est venue mourir à un centimètre à son 6e et dernier essai. La championne de Volgograd, déjà en argent au triple saut, a eu du mal à réfréner ses larmes. Son compatriote Evgeny Lukyanenko a pris le même métal à la perche, mais plus sereinement en apparence, battu par l’Australien Steve Hooker. Fils d’anciens champions d’athlétisme, Hooker a passé 5,96 m, nouveau record olympique, après avoir décroché l’or à 5,90 m. Dans la matinée, l’Italien Alex Schwazer avait remporté le 50 km, l’épreuve la plus massacrante du programme d’athlétisme. « Jusqu’à trois heures de course, j’avais l’impression d’être au lit à regarder la télé. C’est facile de gagner quand on est supérieur », a lâché le blond Alex, 23 ans et frais comme une rose.