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Actualités - OPINION

16 juillet 2008 Dr Ghada EL-YAFI

Il y a deux années, à quelques jours près, les résistants du Hezbollah capturaient deux soldats israéliens pour tenter de libérer, par leur échange, des prisonniers détenus dans les geôles israéliennes. Un procédé qui, quelques années plus tôt, avait donné des résultats positifs. Cette prestation qualifiée par certains d’«?aventure mal calculée » a porté ses fruits aujourd’hui par la libération de tous les prisonniers libanais ainsi que les dépouilles de tous les résistants tombés au champ d’honneur à partir du territoire libanais, clôturant ainsi ce dossier qui traînait depuis plus de trente ans. L’importance de cet exploit a été reconnue par les plus hautes instances puisque tout l’appareil de l’État libanais, et jusqu’au sommet, était présent pour recevoir les héros. Il a aussi été applaudi par tous les sympathisants de la cause arabe et palestinienne, par toutes les populations lésées directement ou indirectement par l’occupation israélienne et même par toutes les populations qui souhaitent vivre librement et décider de leur avenir sans les contraintes des pays reconnus pour être les « puissants » ou les « décideurs ». ?Ce succès est reconnu par ceux-là mêmes qui n’avaient pas eu le courage de reconnaître l’agression israélienne et qui avaient préféré prendre leurs distances à l’égard du Hezbollah, lui faisant assumer seul la responsabilité de la guerre, comme si Israël n’était pas l’ennemi, le Liban non pas la victime et donc nullement concerné. Comme si les détenus n’étaient rien d’autre que des criminels. Ce succès est également reconnu, puisqu’ils y sont allés de leurs félicitations, par ceux-là mêmes qui avaient qualifié le rapt d’« aventure mal calculée ». ?Aujourd’hui, tous reconnaissent le calcul « juste » du Hezbollah. Tous les efforts pour le discréditer depuis la guerre sont tombés. Il est vrai que les faibles n’ont pas d’opinion. Ils se rangent du côté du plus fort en apparence pour protéger leurs intérêts, tirant ainsi leur prestige d’une alliance qu’ils veulent montrer «?rationnelle » et toujours prêts à retourner leur veste si le vent tourne. Pour la troisième fois, Hassan Nasrallah réussit et dédie son succès à l’État libanais, aux Arabes, aux opprimés, à ceux qui ont été lésés par la création de l’entité sioniste et par ses agissements voyous, voire criminels depuis sa création jusqu’aujourd’hui. ?Accueilli ?sans arrogance, ce succès est dédié à l’État libanais car le Hezbollah n’a nulle intention de s’emparer du pouvoir. Cela aurait pu être son droit si, comme certains le prétendent, il se considérait uniquement comme étant « chiite ». Mais il faut le reconnaître, la réalité est autre: ?ce parti reconnaît la diversité de notre pays et ses limites ; il prouve qu’il est bien libanais. Seule lui importe la protection du Liban qui se reconnaît un seul ennemi : Israël. Quelles leçons tirer de ces événements ? D’abord un clin d’œil à tous les dirigeants arabes qui n’ont pas réussi, malgré les pourparlers diplomatiques, malgré les multiples feuilles de route, malgré les promesses faites par les grands de ce monde, malgré les résolutions de l’ONU, malgré les concessions arabes diverses et variées, à faire sortir un seul prisonnier des geôles israéliennes, à rendre le droit minimal aux Palestiniens ! Il ne faut donc compter que sur soi. Seule la détermination peut venir à bout des injustices. Savoir ensuite que pour gagner, il faut payer. Le triomphe ne vient pas sans sacrifices. Le prix payé était trop élevé, diront certains, mais qu’y a-t-il de plus cher que la souveraineté ? Qu’y a-t-il de plus cher que la fierté d’être son propre décideur ? Qu’y a-t-il de plus précieux que de traiter d’égal à égal et d’imposer le respect aux plus petits comme aux plus grands ? Nous en avons assez de l’arrogance d’Israël, qui n’a jamais cessé, depuis sa création en 1948, ses agressions contre ses voisins et ses actes terroristes depuis. La résistance a bien vu : mieux vaut mourir dans la dignité que de vivre humilié. Les héros qui viennent d’être libérés en sont la preuve éclatante. ?Enfin, comme l’a si bien souligné Hassan Nasrallah, les 11 000 prisonniers encore détenus restent une cause humanitaire pressante, arabe et internationale. Il n’est plus permis de fermer les yeux sur cette terrible injustice envers le peuple palestinien. Ni les prisons internes d’Israël ni Gaza, l’immense prison externe, ne doivent laisser indifférent le monde, le droit doit prévaloir. Il est temps de faire taire les propagandes mensongères de l’État sioniste et de ses alliés. Il est temps de rendre justice aux Palestiniens, tant ceux des territoires occupés que les réfugiés et ceux de la Palestine détenteurs de passeports israéliens. Le 16 juillet est dorénavant un jour qu’il nous faut commémorer ; non seulement au Liban, mais dans chaque pays arabe, quel que soit ce pays, qui tient compte de sa dignité, de la dignité de ses citoyens. Il doit savoir que depuis cet exploit, sa survie dépendra des responsabilités qu’il saura prendre. Article paru le samedi 26 juillet 2008
Il y a deux années, à quelques jours près, les résistants du Hezbollah capturaient deux soldats israéliens pour tenter de libérer, par leur échange, des prisonniers détenus dans les geôles israéliennes. Un procédé qui, quelques années plus tôt, avait donné des résultats positifs. Cette prestation qualifiée par certains d’«?aventure mal calculée » a porté ses fruits...