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ENTRETIEN Ameylia Saad, une sirène libano-chinoise en Italie

Ameylia Saad, fille de Michel Saad, écrivain et luthier libanais de Doueir el-Roummane (Chouf) installé à l’île de La Réunion (voir nos éditions des 4 et 18 février 2008), est née à Paris en 1981, de mère sino-réunionnaise. Licenciée en musicologie, diplômée de harpe classique et celtique, ainsi que de chant lyrique, de l’École nationale de musique d’Aix-en-Provence et du Conservatoire national de musique de Marseille, cette jeune musicienne de talent a déjà obtenu plusieurs prix d’interprétation. Elle vit actuellement à Milan où elle se spécialise dans son domaine. Elle a accordé cette interview à Roberto Khatlab. Roberto Khatlab : Vous êtes à la fois chanteuse lyrique et harpiste, d’origine libano-chinoise. J’aimerais vous présenter aux Libanais qui apprécieront certainement votre art. Parlez-nous un peu de votre enfance. Ameylia Saad : J’ai passé mon enfance à l’île de La Réunion. Avec ses hautes montagnes, son volcan sympathique, son océan bleu profond, sa végétation luxuriante, son climat agréable et sa population multiraciale, La Réunion est une belle île de l’océan Indien où il fait bon vivre. J’y ai vécu jusqu’à l’âge de 18 ans, côtoyant diverses ethnies bien intégrées et m’imprégnant ainsi de plusieurs cultures. R.K. : D’où vous est venue cette passion pour le chant et la musique ? A.S. : La veille de Noël 1986, j’ai allumé la télé. On y passait La petite sirène, un dessin animé de Proserpine Production, qui n’a rien à voir avec celui de Walt Disney. J’étais bouleversée : la petite sirène préférait mourir plutôt que de poignarder le prince pour retrouver sa forme de femme-poisson. Sans faire de publicité, cette version-là était à la fois poétique, lyrique et musicale : l’héroïne chantait d’une voix merveilleuse – ce qui est normal pour une sirène ! – en s’accompagnant d’une harpe. J’ai commencé à jouer de la harpe à 8 ans, puis j’ai fait partie d’une chorale et chanté dans des opéras pour enfants. J’ai toujours été convaincue que la voix peut avoir non seulement de la douceur, mais aussi de la puissance. Ce furent mes débuts dans le chant et la musique.   R.K. : De par votre naissance, vous êtes métisse libano-chinoise. Cette double origine a-t-elle déterminé votre parcours artistique ? A.S. : Il est des métissages mal accueillis des uns et des autres. Le mien s’est toujours bien passé ! Je suis fière et même contente de cette dualité. Pour l’histoire, après tout, la petite sirène aussi était métisse, une femme-poisson ! Bien souvent, les gens se montrent intrigués par mon visage et se renseignent sur mes origines. En Italie, où je passe la majeure partie de mon temps, les gens sont surpris d’entendre une Asiatique parler italien avec un accent français. En ce qui concerne mon activité, j’ai commencé par composer de la musique celtique, ce qui correspondait parfaitement au son de la harpe. Cependant, des musiciens réunionnais ont prétendu que certains de mes rythmes s’apparentaient à des airs créoles. On n’échappe pas facilement à son milieu ! Depuis peu, je me suis mise à composer de la musique chinoise et arabe : faudrait-il penser à un retour aux sources ?…   R.K. : Avez-vous un contact régulier avec le Liban, pays natal de votre père ? A.S. : Mon père m’a fait connaître le Liban dès la fin de la guerre de 1975-1990. À l’époque, je devais avoir onze ans. C’était pour moi un choc d’apercevoir les stigmates des combats présents partout, mais aussi un éblouissement et un plaisir de rencontrer mon autre famille et une population accueillante malgré ses difficultés d’après-guerre. Je découvrais également des paysages différents de ceux que j’avais l’habitude de voir dans l’île de mon enfance, une architecture d’inspiration ottomane ou arabe qui se marie harmonieusement avec une autre, florentine ou occidentale. R.K. : Vous êtes partout à la fois, à La Réunion, en France, en Italie, au Liban ? A.S. : Non, non ! (rires). J’ai obtenu mes diplômes de chant et de harpe en France. Je suis actuellement en Italie pour me perfectionner en chant lyrique au conservatoire Verdi à Milan. Mais je rentre souvent en France où je suis en contact permanent avec des professionnels pour présenter des concerts dans les deux pays. J’espère que la musique me permettra de voyager plus souvent et, qui sait, d’aller encore plus loin… R.K. : Des projets artistiques ? A.S. : Je souhaite devenir chanteuse lyrique professionnelle et continuer à jouer de la harpe, chanter de l’opéra dans les théâtres, interpréter de grands rôles et, pourquoi pas, composer et interpréter de la musique pour films/clips qui serait la réalisation d’un rêve d’enfance ! J’espère aussi créer un spectacle pour présenter mes talents et faire intervenir le maximum d’artistes. Actuellement, je travaille sur quatre compositions « world » pour sortir mon CD, « Voix et harpe celtique », qui mettra en musique les textes de mon père et éventuellement les miens.   R.K. : Aimeriez-vous participer à des festivals au Liban ? A.S. : Je pense que je suis prête à me produire dans n’importe quel pays… Ce sera avec beaucoup de joie et de fierté que je le ferai pour le pays de mon père. J’attends d’y être conviée.   R.K. : Comment voyez-vous l’avenir ? A.S. : Clair-obscur ! J’ai peur de l’avenir, pas du mien seulement, mais aussi de celui des autres. Le monde va mal. Il ne se passe pas un seul jour, en effet, sans qu’on n’entende parler de misère, de souffrances, d’injustice, de violence… Mais je ne perds pas confiance. J’espère que, grâce à mon chant et ma musique, je continuerai à semer autour de moi quelques notes de joie et de bonheur. Sites Web : http://www.myspace.com/ameyliasaad ; http://www.myspace.com/ameyliasaad soprano ; e-mail : divarpiste@yahoo.fr
Ameylia Saad, fille de Michel Saad, écrivain et luthier libanais de Doueir el-Roummane (Chouf) installé à l’île de La Réunion (voir nos éditions des 4 et 18 février 2008), est née à Paris en 1981, de mère sino-réunionnaise. Licenciée en musicologie, diplômée de harpe classique et celtique, ainsi que de chant lyrique, de l’École nationale de musique d’Aix-en-Provence et du...