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Actualités - OPINION

L’optimisme béat de Berry étonne et détonne Émile KHOURY

Les visiteurs du président Berry tentent de cerner les raisons de l’optimisme qu’il affiche. Et qui, en réalité, laisse perplexe tout le monde en ces temps où la crise semble plus que jamais aiguë. M. Berry est cependant si persuadé que tout ira bien qu’il en devient convaincu. Ainsi, plus d’un diplomate arabe ou étranger indique, après avoir entendu le président de la Chambre, qu’il se sent rassuré. Et que l’on va certainement vers un début de solution, via une entente sur un président recueillant les suffrages des principales forces politiques du pays, tous bords confondus. Mais les vitupérations et les vifs échanges entre 14 et 8 Mars, voire la polémique qui l’oppose en personne à M. Joumblatt, qu’en fait-il ? Il répond en laissant entendre, en substance, qu’il est tout à fait normal qu’au début d’une campagne de présidentielle les différents miseurs fassent monter les enchères, et chauffent le climat. Pour amorcer ensuite un refroidissement menant à un accord général. Première course scratchée Cependant, au-delà de toute attitude globale positive, il faut voir d’un peu plus près comment les choses pourraient se dénouer. D’abord la course des priorités. C’est-à-dire le point de savoir si la mise en place d’un cabinet dit d’union doit passer, ou non, avant la présidentielle. Sur ce point précis, l’opposition radicale se retrouve nettement isolée. Dans ce sens que tous les conciliateurs, locaux, arabes ou étrangers, attestent de l’inopportunité d’un traitement préliminaire de la question gouvernementale. Pourquoi ? Tout simplement parce que, matériellement, le temps nécessaire à des tractations sur le partage des portefeuilles, comme à un débat sur le programme politique, fait largement défaut. De plus, on se serait dépensé en gigantesques efforts pour un bien mince résultat. Car le nouveau gouvernement, de pure transition, ne serait là que pour quelques semaines, pendant lesquelles il ne pourrait qu’expédier les affaires courantes. Il va de soi, estiment en chœur les médiateurs, que la priorité va à l’échéance présidentielle. Pour le choix d’un dirigeant, qui soit à la hauteur de la situation. Un rassembleur, cristallisant une sous-entente, extrêmement importante, sur la voie à suivre désormais. Autrement dit, sur un programme commun de sortie de crise. Après quoi, il faudra en tout cas former un nouveau cabinet, qui se chargera de sceller la réconciliation nationale. Autosuccession Dans cet ordre d’idées, et suivant cette chronologie, les États-Unis, l’Europe et la communauté internationale se rallieraient à l’idée d’un cabinet d’union au Liban. C’est ce qu’indiquent des parlementaires informés, qui ajoutent que ce cabinet devra toutefois être dirigé par M. Fouad Siniora. En fait, ajoutent ces sources, on se baserait en pratique sur la formule de départ, avancée il y a quelques mois de divers côtés, prévoyant l’élargissement, et non le remplacement, du gouvernement en place. Autrement dit, à peu de choses près, on reprendrait les mêmes et on recommencerait. Avec les adjonctions, les ajustements requis, notamment du côté de l’intégration des aounistes et de quelques autres oubliés. Bien entendu, il faudra sans doute, actualisation oblige, passer outre à la revendication initiale de l’opposition de garder la même déclaration ministérielle. C’est-à-dire le même programme politique du gouvernement. Quant au fameux tiers de blocage, au ministre-roi, et à l’épée de Damoclès d’une démission des ministres opposants, ils se trouveraient dépassés, réglés automatiquement, du moment que l’on aura conclu un accord précis tant sur la personne du président que sur la feuille de route gouvernementale. Cela, en principe, en principe seulement. Car l’opposition, nonobstant les conseils des conciliateurs, n’en démord toujours pas. Elle s’accroche à l’exigence d’un cabinet d’union avant la présidentielle, en menaçant de torpiller l’échéance. Dans ces conditions, il faudrait être encore plus optimiste que M. Berry pour parier sur un accord autour du président. Et l’être encore plus pour penser que l’on pourra parvenir à une entente sur un programme commun. L’on attend à présent M. Jeffrey Feltman pour voir s’il y a une possibilité d’éclaircie et d’ouverture en direction d’un gouvernement ultérieur d’indépendants, jusque-là refusé par les États-Unis qui tiennent à M. Siniora. Mais, pendant ce temps, M. Aoun assure que le gouvernement chutera par la volonté du peuple, et que le soutien international ne le protégera pas.
Les visiteurs du président Berry tentent de cerner les raisons de l’optimisme qu’il affiche. Et qui, en réalité, laisse perplexe tout le monde en ces temps où la crise semble plus que jamais aiguë. M. Berry est cependant si persuadé que tout ira bien qu’il en devient convaincu. Ainsi, plus d’un diplomate arabe ou étranger indique, après avoir entendu le président de la Chambre,...