Actualités - OPINION
Pratiquement rien avant le retour de Feltman Philippe ABI-AKL
Par ABI AKL Philippe, le 28 août 2007 à 00h00
Au-delà des agréables aménités de l’escalade verbale, la crise fait du surplace sur le fond. Les opposants ont confirmé à Jean-Claude Cousseran qu’ils continuent à exiger, avant toute chose, présidentielle comprise, la mise en place d’un cabinet d’union. Les loyalistes lui ont certifié que l’élection devra impérativement avoir lieu. À tout prix, comme dit M. Joumblatt. Entendre, à n’importe quel quota de majorité, pourvu que majorité il y ait.
Inexistence
Donc, l’opposition refuse de donner des garanties sur la tenue de la présidentielle et sur le quorum. Et, a fortiori, de nommer des candidats. En se contentant de mentionner un vague soutien de principe à Aoun, sans officialiser cet appui. À ce propos, des sources du 8 Mars indiquent qu’il y a un mois à peu près, Hassan Nasrallah a signifié à l’opposition que le candidat du front est bien le général. Qu’il s’agisse pour la bataille ou dans une perspective de compromis. Il avait cependant ajouté, en assurant que c’était à la demande de l’intéressé lui-même, qu’il n’y aura de proclamation qu’en temps dû. Façon de dire que la présidentielle n’existe tout simplement pas tant qu’il n’y a pas de cabinet d’union. Avec tiers de blocage.
Impasse
De son côté, M. Geagea rejette, autant que M. Joumblatt, non seulement la priorité d’un nouveau cabinet mais également la simple concomitance, ou simultanéité, avec l’élection. Une « équation de compromis raisonnable » que des médiateurs, dont les Français, ont en vain tenté de promouvoir. D’ailleurs, le package deal, répétons-le, les prosyriens n’y sont pas favorables non plus. Du moment qu’ils persistent à militer pour un cabinet d’abord. Obstruant ainsi toutes les issues. Sans hésiter à accuser le camp d’en face de bloquer la situation et la solution !
Poussant la chansonnette encore plus loin, les opposants affirment que les loyalistes, plus précisément MM. Joumblatt et Geagea, cherchent à enclencher un plan menant à la confrontation, à l’anarchie et à la partition. Pour se créer un mini-État bien à eux.
Les majoritaires renvoient de suite une balle qu’ils avaient été du reste les premiers à lancer. En soulignant que rien ne conduit plus sûrement à la dislocation du pays et à la réalisation effective de l’État hezbollahi que la paralysie des institutions provoquée par les prosyriens et leurs alliés. Ils citent dans ce cadre les projets d’électricité autonome, de communications téléphoniques idem et de télés privées qui se développent dans les régions sous contrôle du Hezb.
Les majoritaires veulent les sept points, les résolutions du comité de dialogue, le tribunal, la 1701 et la 1559. Les opposants ne veulent rien de tout cela. L’ensemble est encore compliqué par l’implication des parties locales dans la lutte des axes.
Bkerké pour sa part a gommé les propositions de déliquescence comme l’élection d’un président pour deux ans, le report de l’échéance pour un an ou la mise en place préalable d’un nouveau gouvernement. Il insiste pour que l’on pare le risque d’un vide institutionnel par une élection en règle, avec un quorum adéquat et dans les délais légaux. Pour un président de solution et non de gestion de la crise ou du chaos.
L’extérieur
Sarkozy et Kouchner sont prêts à harmoniser les liens avec la Syrie, à condition qu’elle apporte des garanties. Entendre au sujet du respect effectif de la souveraineté libanaise, du soutien à la normalisation constitutionnelle, via ses alliés. Et, sur un plan général, de la non-immixtion dans les affaires intérieures de ce pays.
Cependant, des sources loyalistes notent que la Syrie se trouve désormais aux prises avec l’Arabie saoudite et ne peut, logiquement, lâcher du lest au Liban. Ces sources estiment qu’elle tiendra peu compte de l’ouverture française. Ajoutant qu’à leur propre sens, Paris ne devrait peut-être pas tendre la carotte à un régime qui ne comprend que le langage du bâton.
Pour eux, d’ailleurs, seul Washington pourrait, du côté occidental, influer effectivement sur le comportement syrien. D’abord par la bande, en favorisant ou en sabotant un éventuel rabibochage de Damas avec Ryad. Ensuite directement, en acceptant ou en rejetant un deal avec les Syriens sur le Liban. Potentiellement sur un président 14 Mars, doublé d’un cabinet d’union avec tiers de blocage aux prosyriens. Et législatives anticipées à l’horizon.
Selon nombre de sources sécuritaires et politiques concordantes, l’on craint un nouveau cycle d’attentats et d’assassinats. C’est pourquoi des Occidentaux tentent d’encourager un rapprochement syro-américain. Ainsi qu’une détente syro-saoudienne, ce dernier conflit ayant retardé, indique Cousseran, la reprise de l’initiative française.
Bref, on attend maintenant ce que Feltman va apporter dans sa besace à son retour à Beyrouth. En préparation, le 14 Mars va envoyer un émissaire à Washington, pour voir ce que les Américains comptent faire. Et tenter de les encourager sur la bonne voie.
Au-delà des agréables aménités de l’escalade verbale, la crise fait du surplace sur le fond. Les opposants ont confirmé à Jean-Claude Cousseran qu’ils continuent à exiger, avant toute chose, présidentielle comprise, la mise en place d’un cabinet d’union. Les loyalistes lui ont certifié que l’élection devra impérativement avoir lieu. À tout prix, comme dit M. Joumblatt....
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