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Actualités - CHRONOLOGIE

Stratégie Les Banques centrales sont-elles des pompiers pyromanes ?

Des critiques commencent à s’élever sur le rôle des Banques centrales dans la crise financière : après avoir créé les conditions de la tourmente, elles se voient reprocher de signer un chèque en blanc aux investisseurs imprudents en injectant des milliards d’euros sur le marché. L’injection de ces sommes exorbitantes a certes eu pour objectif d’aider les banques commerciales en difficulté. Une action concertée qui porte ses fruits : les places boursières se sont calmées et une crise globale du crédit semble pour le moment écartée. Mais elle soulève néanmoins une série de questions, pour certains observateurs. Dans un premier temps, les banquiers centraux de la planète ont eu l’air de sous-estimer les dangers. Lors de sa dernière conférence de presse, une semaine tout juste avant le début du cyclone, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, avait évoqué très brièvement les tensions déjà perceptibles, parlant simplement de « tensions passagères ». Ensuite, les Banques centrales ont failli dans leur mission de surveillance : aucune n’a pu fournir des informations précises sur le volume des crédits à risque en circulation ou l’identité des banques commerciales touchées. C’est cette incertitude qui a fait dévisser les places boursières la semaine dernière. Enfin, observent les critiques, elles ont amplifié les inquiétudes en intervenant massivement : loin de calmer les marchés, les injections de liquidités ont dans un premier temps effrayé les investisseurs. La crise du « subprime » soulève deux autres questions plus inquiétantes : les Banques centrales ont-elles contribué à déclencher le cyclone ? Et ont-elles bien géré la crise ? « Au fond, qu’est-ce qui a entraîné les remous actuels : l’activité record des fonds d’investissement, notamment sur des crédits à haut risque, et les taux d’intérêt bas sur ce segment. Quand on y regarde de plus près, la Réserve fédérale américaine (Fed) et la BCE ont encouragé ces dérives en maintenant ces dernières années des taux d’intérêt historiquement bas », note Jorg Kromer, chef économiste de la Commerzbank. Certains analystes vont même plus loin et affirment que les Banques centrales encouragent la prise de risque en intervenant. « La BCE envoie un signal négatif en injectant des liquidités en masse pour soutenir les marchés. Elle donne l’impression de voler au secours des fautifs, de ceux qui ont pris des risques excessifs », explique Ulrich Kater, chef économiste de la Dekabank. Les économistes ont une expression, qui revient régulièrement ces derniers jours dans la presse anglo-saxonne pour définir les signaux négatifs envoyés par les instituts ces derniers jours : ils parlent « d’aléa moral » ou « moral hazard ». Les investisseurs ayant la certitude qu’en cas de crise grave, les Banques centrales viendront à la rescousse, ils prendront encore plus de risques inconsidérés, augmentant encore la probabilité d’une crise spéculative. De ce point de vue, « rien ne serait pire qu’une baisse des taux », note M. Kromer. « La BCE donnerait alors d’une certaine manière un blanc-seing aux moutons noirs et créerait les conditions d’une nouvelle débâcle », ajoute-t-il. Suite à la déroute du fonds d’investissement américain LTCM, rappelle-t-il, la Fed avait baissé ses taux. Depuis, les investisseurs spéculatifs n’ont cessé de monter en puissance, encourageant encore la volatilité et les risques de crise sur le marché.

Des critiques commencent à s’élever sur le rôle des Banques centrales dans la crise financière : après avoir créé les conditions de la tourmente, elles se voient reprocher de signer un chèque en blanc aux investisseurs imprudents en injectant des milliards d’euros sur le marché.
L’injection de ces sommes exorbitantes a certes eu pour objectif d’aider les banques commerciales...