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LE POINT Vieilles recettes Christian MERVILLE
Par MERVILLE Christian, le 27 mars 2007 à 00h00
Tout comme pour les marmottes et les loirs, il arrive souvent que l’hibernation ait du bon pour certains projets. Voilà qu’il est question aujourd’hui d’exhumer un plan de paix arabe présenté il y a cinq ans, lors d’un sommet tenu à Beyrouth, par le roi Abdallah ben Abdel Aziz. Ressorti des tiroirs où il avait été enfoui, ce texte est au cœur de la nouvelle tournée qui a déjà conduit Condoleezza Rice au Caire, à Jérusalem, à Amman, avec retour à Jérusalem. Ce périple, le troisième depuis le début de l’année, le septième au cours des huit mois écoulés, devrait permettre une percée majeure dans l’histoire des rapports entre Israël et les pays arabes, une prouesse qu’aucune Administration américaine n’avait réussie à ce jour puisqu’il s’agira de réunir autour d’une table Palestiniens, Israéliens et Arabes modérés. Tâche jugée impossible hier encore au vu des grandes lignes du plan saoudien, prévoyant la paix entre les protagonistes en échange d’une restitution des territoires conquis lors de la guerre de juin 1967 et d’une solution du problème des réfugiés.
Prudente – et sans doute échaudée par les multiples tentatives de Madeleine Albright –, la secrétaire d’État se refuse à tout triomphalisme précipité. À peine débarquée dans la région, elle a mis en garde ses interlocuteurs contre un excès d’optimisme, déclarant ne pas rechercher « le Big Bang diplomatique », mais affectionnant plutôt le retour à la politique des petits pas, rebaptisée «politique active » pour la circonstance, qui avait si bien réussi, dans la crise vietnamienne, à son illustre prédécesseurs (et maître à penser) Henry Kissinger. Pourtant le son de cloche à Washington inspire des sentiments mitigés où le pessimisme des démocrates le dispute à l’optimisme mesuré des républicains bon teint. George W. Bush, dit-on chez les premiers, cherche à donner l’impression de faire quelque chose. À quoi les inconditionnels du Grand Old Party rétorquent que le président veut convaincre de sa bonne volonté ses alliés proche-orientaux pour enfin obtenir un succès dont il a grandement besoin alors que la capitale fédérale est déjà plongée dans une atmosphère de fin de règne, à vingt mois de la présidentielle de novembre 2008.
Il est permis de s’interroger sur les motivations réelles de Washington après six longues années pendant lesquelles avait été ignorée l’épineuse question palestino-israélienne. Il serait loisible de répondre que, même tardif, le réveil de l’Amérique se justifie par une conjoncture plus explosive qu’elle ne l’a jamais été, de quelque côté que l’on se tourne. L’Iran avec son programme nucléaire, mais aussi son irruption fracassante sur la scène arabe, ne laisse pas d’inquiéter au plus haut point le département d’État. La rhétorique belliciste de Mahmoud Ahmadinejad est, elle aussi, cause de souci, le président de la République islamique prenant un malin plaisir à rappeler la nécessité de rayer l’État hébreu de la carte régionale, reprenant ainsi un thème naguère mis à l’honneur par l’ayatollah Ruhollah Khomeiny.
L’autre source de crainte demeure ce bourbier irakien dans lequel les conseillers néoconservateurs du président ainsi que Dick Cheney et Donald Rumsfeld se sont fourvoyés, ignorant les conseils de prudence prodigués par Colin Powell. Pour peu que l’on ajoute à la débâcle militaire le désastre humanitaire représenté par l’exode de plus d’un million de civils, aujourd’hui réfugiés en Jordanie et en Syrie – un phénomène sans précédent depuis la « nakba » de 1948 et les déplacements de populations qu’elle a entraînés –, on constate que l’on est fort éloigné de la promenade promise au départ par les galonnés du Pentagone. En cette cinquième année de guerre, le spectre d’el-Qaëda paraît plus proche qu’autrefois, la paix plus éloignée que jamais, l’affrontement entre sunnites et chiites bien réel, tout comme la menace de démembrement, et avec celui-ci le risque de contagion.
À Tel-Aviv même, Olmert se débat dans une série de scandales d’ordre sexuel, financier et politique susceptibles d’emporter avec eux ce qu’il reste du parti fondé il y a deux ans à peine par Ariel Sharon et de toute évidence destiné à ne pas laisser de traces profondes dans la vie politique du pays. Et l’annonce du retour en force d’un Likoud emmené par Benjamin Netanyahu ne représente pas, il s’en faut, un signe encourageant. On le voit : enfin débarrassée du boulet représenté par les ultras de son camp, « Condie » a bien fait de reprendre, en la mettant au goût du jour, la tactique de la navette et de juger que, cette fois, elle est condamnée à réussir. Sinon…
C’est la BBC qui laissait entrevoir, le week-end dernier, l’autre terme de l’alternative : « J’espère, disait son correspondant, que l’avenir au Moyen-Orient n’est pas aussi sombre que celui de l’Europe dans les années 30, quand le conflit avait empoisonné le monde. » Tout en laissant entendre qu’il n’y croyait pas beaucoup. Charmante perspective.
Tout comme pour les marmottes et les loirs, il arrive souvent que l’hibernation ait du bon pour certains projets. Voilà qu’il est question aujourd’hui d’exhumer un plan de paix arabe présenté il y a cinq ans, lors d’un sommet tenu à Beyrouth, par le roi Abdallah ben Abdel Aziz. Ressorti des tiroirs où il avait été enfoui, ce texte est au cœur de la nouvelle tournée qui a déjà conduit Condoleezza Rice au Caire, à Jérusalem, à Amman, avec retour à Jérusalem. Ce périple, le troisième depuis le début de l’année, le septième au cours des huit mois écoulés, devrait permettre une percée majeure dans l’histoire des rapports entre Israël et les pays arabes, une prouesse qu’aucune Administration américaine n’avait réussie à ce jour puisqu’il s’agira de réunir autour d’une table Palestiniens,...