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BLOCUS Malgré la crise, les industriels restent confiants dans l’avenir

Rien n’entame l’enthousiasme et la confiance dans l’avenir des industriels. Ils sont là, et ils restent. Il a suffi d’une baisse relative des bombardements pour qu’ils évoquent la période d’après-guerre et les mesures à prendre. Selon une source de l’Association des industriels, celle-ci tente d’assurer le fonctionnement de certaines entreprises en assurant une complémentarité entre les unités de production au niveau des matières premières qui seraient disponibles pour certaines et feraient défaut chez d’autres. « ll faudra penser à créer des corridors économiques et non seulement des corridors humanitaires. La guerre livrée en ce moment est une guerre politique et non pas économique. » Telle est la conviction du PDG de SLEE (Tamer Industry), Gaby Tamer, qui souhaite que les participants à la conférence de Rome ne laissent pas le politique prendre le dessus sur l’économique lors des discussions. Il ne se fait pourtant pas beaucoup d’illusions d’autant que la délégation officielle qui accompagne le Premier ministre Fouad Siniora est formée de ministres détenant des portefeuilles non économiques à l’exception du ministre des Finances, Jihad Azour. Si le blocus imposé au Liban freine l’acheminement des matières premières essentielles aux lignes de production, il entrave surtout les opérations d’exportation de marchandises. L’exportation est un élément-clé pour les industriels libanais. Le montant des exportations libanaises est passé de 230 à 285 millions de dollars entre avril et mai 2006, soit une hausse de 55 millions. « Pour le moment, nous faisons patienter notre clientèle étrangère, en leur affirmant qu’on va au bout du compte trouver une solution au problème de l’exportation », souligne Gaby Tamer. Le patron de SLEE déplore le blocage dans certains ports des cartons d’emballage qu’il devait réceptionner. La Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban a exhorté les Chambres de commerce de la rive est de la Méditerranée d’exempter les marchandises revenant à des opérateurs libanais des droits de stockage. « Une mesure pas toujours facile à réaliser, d’autant que la gestion de certains ports est privatisée », relève le président des industries chimiques. « Mais si certains ports, où la marchandise libanaise a dû être déchargée d’urgence, nous dispensent de la moitié des frais de stockage, nous nous estimerons satisfaits », dit-il. Charles Arbid, patron de Rectangle Jaune (habillement pour homme) affirme que son usine, bien qu’elle soit située dans une localité relativement épargnée, ne fonctionne que par intermittence en raison de l’absence de la main-d’œuvre. « La guerre a entraîné un déplacement de la population », dit-il, ajoutant : « J’ai des engagements financiers envers mes salariés, des engagements envers ma clientèle à l’étranger. » Ralentissement de l’exportation Charles Arbid affirme qu’il se démène pour honorer certains de ses engagements à l’étranger. Les exportations de sa marchandise s’effectuent par voie terrestre via Damas et Amman mais à un coût trois fois supérieur aux prix ordinaires par voie aérienne. Il payait près d’un demi-dollar le kilo par voie aérienne. Aujourd’hui, ce coût est de plus de deux dollars. Et le rythme des chargements est nettement plus lent, vu les conditions générales dans le pays. « L’État ne peut pas se leurrer. Cette fois–ci, les industriels ne pourraient pas seuls reprendre leur production sans une aide gouvernementale. Le recensement des pertes entamé par l’Association des industriels, qui n’est qu’à ses débuts, montre des pertes qui se chiffrent à plus de cent millions de dollars », relève le vice-président de l’Association des industriels. Ce montant n’est pas exhaustif et ne comprend pas les petits ateliers de textile qui se trouvent dans la banlieue sud. Ces ateliers de cinq et dix ouvriers sont très importants pour le secteur industriel du textile du fait des opérations de sous-traitance qu’ils effectuent. Le directeur général d’OPP (industrie du papier), dont l’usine est située dans la banlieue sud de Beyrouth, ne cache pas ses appréhensions concernant la préservation de ses liens avec sa clientèle à l’étranger. « On a gagné des parts de marché à l’étranger en raison de la flexibilité de nos rapports commerciaux et de nos relations personnalisées avec les opérateurs. Mais si le blocus se maintient encore longtemps, ils ne vont pas tarder à se rabattre sur d’autres fournisseurs », dit-il. Selon lui, l’option d’un transport terrestre de sa marchandise ne se pose pas puisque, a priori, l’accès à son unité de production est quasiment impossible. D’ailleurs, ajoute-t-il, l’hypothèse d’un transport de conteneurs par voie terrestre n’est pas envisageable pour le moment. Le directeur d’OPP est cependant convaincu qu’après ce round de violence, au cours duquel les industries ont été prises pour cible, les choses ne pourront plus être les mêmes. L’État devrait participer au redressement des unités de production. Liliane MOKBEL

Rien n’entame l’enthousiasme et la confiance dans l’avenir des industriels. Ils sont là, et ils restent. Il a suffi d’une baisse relative des bombardements pour qu’ils évoquent la période d’après-guerre et les mesures à prendre. Selon une source de l’Association des industriels, celle-ci tente d’assurer le fonctionnement de certaines entreprises en assurant une...