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Actualités - OPINION

Pour un retour à la loi électorale de 1960

Dans sa rubrique du 4 mai (L’Orient-Le Jour), M. Émile Khoury écrit : « On ne peut pas s’amuser à décréter des élections parce que la minorité le réclame. » Ce point de vue appelle quelques réflexions. 1. Réclamer la tenue de nouvelles élections législatives n’est pas le fait d’une minorité. Cette revendication est celle d’une assez large partie de l’opinion, qui considère la loi électorale, en fonction de laquelle le Parlement actuel a été élu, inéquitable et illégitime parce qu’elle a usurpé les justes droits d’une grande partie des citoyens, chrétiens en particulier. Depuis plusieurs années, dans cette même rubrique, M. Émile Khoury n’a eu de cesse de l’écrire et de souligner que seule la petite circonscription est de nature à garantir une juste représentation. C’est, en plus, le point de vue du patriarcat maronite, de la plupart des leaders chrétiens et des juristes les plus qualifiés. Même M. Walid Joumblatt a été, en un temps, partisan de cette formule. Le fait d’avoir passé outre à cette pressante demande a entaché de vice le processus électoral parce que dans bien de circonscriptions, l’électorat chrétien a été noyé dans la masse du vote musulman. Les principes de coexistence et d’unité nationale ne se concrétisent que sur la base d’une loi électorale qui ne lèse pas l’une ou l’autre des composantes structurelles du Liban. Le déblocage des institutions, actuellement en crise, en est l’enjeu. 2. Il est faux d’affirmer qu’un long délai est nécessaire pour mettre à jour une nouvelle loi. Si les intentions sont saines, nos juristes pourraient l’élaborer en quelques jours. À défaut du scrutin uninominal qui prévoit un découpage délicat, la loi de 1960 est parfaitement valable comme base de travail. Il suffit de ramener le nombre de sièges parlementaires à 108, comme le prévoit Taëf. Et pour rendre la loi plus démocratique, il conviendrait de limiter strictement le vote de l’électeur à un seul candidat dans chaque circonscription. Ainsi, les candidats les moins méritants ne seront pas élus grâce au crédit d’un chef de file. 3. Peu importe qui sera élu en vertu de cette loi, du moment qu’il aura gagné la confiance du peuple, seul dépositaire du pouvoir. C’est lui en fin de compte qui assumera la responsabilité de son vote. Le résultat obtenu ne peut en aucune manière être contesté et le jeu démocratique permettra dès lors au Parlement nouveau d’élire éventuellement un nouveau président de la République qui n’aurait aucune affiliation partisane et dont l’allégeance ira au Liban et à son peuple. Il est difficile d’imaginer une relève du Liban en dehors d’un climat de justice et d’égalité de droits, susceptibles de dépassionner les débats et d’atténuer toutes les tensions qui étouffent la vie politique. Ce n’est pas dans le défi, mais dans la concorde que se constitue l’État de droit, que se renforcent les institutions, que la nation évolue. Ce n’est pas en alimentant le fanatisme qu’on réhabilite les organismes étatiques. Un peuple solidaire imposera le respect à toutes les puissances régionales et internationales et formera un solide rempart contre toutes les forces du mal et tous les plans déstabilisateurs. Bachir BÉCHARA Colonel à la retraite
Dans sa rubrique du 4 mai (L’Orient-Le Jour), M. Émile Khoury écrit : « On ne peut pas s’amuser à décréter des élections parce que la minorité le réclame. » Ce point de vue appelle quelques réflexions.
1. Réclamer la tenue de nouvelles élections législatives n’est pas le fait d’une minorité. Cette revendication est celle d’une assez large partie de l’opinion, qui considère la loi électorale, en fonction de laquelle le Parlement actuel a été élu, inéquitable et illégitime parce qu’elle a usurpé les justes droits d’une grande partie des citoyens, chrétiens en
particulier.
Depuis plusieurs années, dans cette même rubrique, M. Émile Khoury n’a eu de cesse de l’écrire et de souligner que seule la petite circonscription est de nature à garantir une juste représentation. C’est, en plus, le...