Si entre 1993 et 2002, le régime de change fixe a permis aux autorités monétaires de contrôler l’inflation, comment expliquer que celle-ci soit restée faible malgré la dépréciation du dollar à partir de 2003 ? C’est principalement en adoptant la fixité que la Banque centrale a pu ramener le taux d’inflation au Liban de 99,8 % en 1992 à 10,6 % en 1995, puis...
Actualités - OPINION
Économie Comment expliquer le faible niveau de l’inflation au Liban
le 18 janvier 2006 à 00h00
Par Charbel CORDAHI*
Si entre 1993 et 2002, le régime de change fixe a permis aux autorités monétaires de contrôler l’inflation, comment expliquer que celle-ci soit restée faible malgré la dépréciation du dollar à partir de 2003 ? C’est principalement en adoptant la fixité que la Banque centrale a pu ramener le taux d’inflation au Liban de 99,8 % en 1992 à 10,6 % en 1995, puis à 2,0 % en 2002. À partir de 2003, le dollar s’est considérablement déprécié par rapport aux principales monnaies internationales, en particulier l’euro. La balance courante du Liban étant structurellement déficitaire en faveur des partenaires commerciaux du Liban, notamment l’Europe, certains économistes ont prédit une augmentation de l’inflation. Leurs craintes ont été renforcées avec la hausse du prix du pétrole en 2005. Pourquoi l’inflation n’a-t-elle alors pas augmenté et semble être restée en dessous de 2 % en 2005 ? Il y a plusieurs raisons.
En premier lieu, parce que la croissance économique était faible. Rappelons que l’augmentation du PIB a été de moins de 3 % en 2004 et était nulle en 2005.
En deuxième lieu, parce que le Liban a subi les effets déflationnistes des produits importés de Chine et d’autres pays d’Asie. L’abondance de la main-d’œuvre et le très faible coût de production dans ces pays ont eu des retombées sur le niveau des prix au Liban et ont affecté aussi le fonctionnement de certains secteurs industriels locaux.
En troisième lieu, parce que les importateurs libanais ont préféré la réduction de leurs marges commerciales à la perte de parts de marchés. Contraintes par l’entrée de nouveaux concurrents sur le marché et par la faiblesse de la demande intérieure, beaucoup d’entreprises ont choisi de maintenir leurs prix constants en espérant une appréciation du dollar américain. Cette stratégie a permis également aux exportateurs d’accroître leurs volumes de vente à l’étranger, notamment dans les pays de la zone euro. C’est pourquoi les exportations libanaises ont augmenté, en passant de 1,04 milliard de dollars en 2002 à environ 1,8 milliard de dollars fin 2005.
En quatrième lieu, parce que les importations en provenance de pays indexant leurs monnaies sur le dollar, comme la Chine, ont remplacé certains produits importés d’Italie, d’Allemagne ou de France. La structure de la balance commerciale s’est trouvée modifiée en faveur de ces pays.
En cinquième lieu, parce que la confiance des investisseurs et des ménages dans la crédibilité de la politique monétaire n’a pas été ébranlée malgré les fortes secousses politiques qu’a connues le pays en 2005. Les mesures prises par la Banque centrale ont préservé la confiance des acteurs économiques et résorbé les crises successives.
En sixième lieu, parce que la taxe sur la consommation du mazout et du gasoil a considérablement diminué suite à la fixation par le gouvernement du prix de vente aux consommateurs. La stabilité du prix de l’énergie, entrant dans l’indice des prix à la consommation et dans le coût de production des entreprises, a contribué à limiter l’inflation.
Les raisons ci-dessus expliquent les causes de la faible inflation entre 2003 et 2005. Mais celle-ci est-elle vraiment une bonne nouvelle ? La réponse est non. Le risque qu’encourt l’économie libanaise actuellement est celle de la déflation (baisse généralisée du niveau des prix). Si aujourd’hui les économistes proposent des solutions pour sortir de l’inflation, les manuels d’économie n’offrent aucune recette pour contrecarrer la déflation.
* Docteur en économie – Centre de recherches et d’études doctorales de l’ESA (CRED).
En coopération avec l’ESA
Par Charbel CORDAHI*
Si entre 1993 et 2002, le régime de change fixe a permis aux autorités monétaires de contrôler l’inflation, comment expliquer que celle-ci soit restée faible malgré la dépréciation du dollar à partir de 2003 ? C’est principalement en adoptant la fixité que la Banque centrale a pu ramener le taux d’inflation au Liban de 99,8 % en 1992 à 10,6 % en 1995, puis...
Si entre 1993 et 2002, le régime de change fixe a permis aux autorités monétaires de contrôler l’inflation, comment expliquer que celle-ci soit restée faible malgré la dépréciation du dollar à partir de 2003 ? C’est principalement en adoptant la fixité que la Banque centrale a pu ramener le taux d’inflation au Liban de 99,8 % en 1992 à 10,6 % en 1995, puis...
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