Actualités - OPINION
Éclairage Le spectre de la famine menace le sud de l’Afrique (Photo)
Par CAPELLA Peter , le 23 juillet 2005 à 00h00
Une crise alimentaire comme celle qui frappe le Niger risque de s’abattre sur six pays du sud de l’Afrique faute de soutien de la part de la communauté internationale, avertissent les Nations unies. « S’il devait y avoir encore de mauvaises récoltes, comme cela est probable, le risque existe, car ces pays sont devenus très vulnérables », estime Simon Plüss, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) à Genève. Le PAM n’a reçu que 65 millions de dollars sur les 423 millions qu’il a réclamés cette année en faveur des six pays en question : le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, le Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe.
Cette partie de l’Afrique est en proie à une longue sécheresse. Elle est en outre l’une des plus touchées par le sida. « Rien que trouver des agriculteurs est devenu difficile », observe M. Plüss.
Le PAM a averti ce mois-ci que la pénurie devrait durer au moins jusqu’à la prochaine récolte, prévue en mai 2006. L’organisation demande aux pays donateurs une aide d’urgence de 266 millions dollars (ou 477 000 tonnes de nourriture) « pour éviter une catastrophe humanitaire ». À l’autre bout du continent, le Niger a commencé à recevoir des dizaines de tonnes d’aide alimentaire jeudi, après que l’ONU eut averti cette semaine que la famine, provoquée par la sécheresse et les criquets pèlerins, menace 2,5 millions d’habitants du pays.
Le PAM n’a reçu que cinq des 16 millions de dollars qu’il a demandés en faveur du Niger, l’un des pays les plus pauvres de la planète. « Nous n’avons reçu cet argent que dans les toutes dernières semaines », souligne M. Plüss, alors que les organismes d’aide crient au secours depuis des mois.
Le manque de soutien de la part de la communauté internationale frappe un grand nombre de pays d’Afrique frappés par des conflits, la sécheresse ou des mouvements de réfugiés.
Treize pays du monde, tous africains sauf un, ont reçu moins de 40 % de l’aide d’urgence réclamée par l’ONU cette année dans ses appels consolidés.
Parmi les plus mal traités, on retrouve Djibouti, avec seulement 5 % des 7,1 millions de dollars demandés par l’ONU pour les victimes des inondations, le Bénin, avec 14 %, le Niger, et la République centrafricaine (17 %). Un peu mieux lotis, le Burundi a reçu 36 % des sommes demandées, le Tchad 35%, la Côte d’Ivoire 32 % et le Congo Brazzaville 30 %. Même le Soudan, le plus médiatisé, n’a reçu que 36 % du 1,2 milliard de dollars réclamés pour cette année. Au total, l’appel consolidé de l’ONU de 5 milliards de dollars en faveur de 29 régions du monde est financé à 50 %. Si l’on défalque les 1,27 milliard de dollars destinés aux victimes du tsunami dans l’océan Indien, le taux de couverture tombe à 38 %, soulignent des responsables onusiens. L’appel en faveur des pays frappés par les raz-de-marée a été financé à 82 %.
L’an dernier à la même date, l’appel consolidé n’était financé qu’à 24 %, ajoutent ces responsables, tout en se refusant à dire que l’exceptionnelle solidarité mondiale consécutive au tsunami a détourné des fonds qui auraient pu bénéficier à d’autres pays. « Nous avons obtenu de certains grands pays donateurs l’assurance que les fonds prévus pour le tsunami n’affecteront pas leur contribution », a rappelé la coordinatrice adjointe de l’ONU pour les secours d’urgence, Yvette Stevens.
Peter CAPELLA/AFP
Une crise alimentaire comme celle qui frappe le Niger risque de s’abattre sur six pays du sud de l’Afrique faute de soutien de la part de la communauté internationale, avertissent les Nations unies. « S’il devait y avoir encore de mauvaises récoltes, comme cela est probable, le risque existe, car ces pays sont devenus très vulnérables », estime Simon Plüss, porte-parole du Programme...
Les plus commentés
Le domino régional ne s’arrêtera pas en Syrie
Naïm Kassem : Le Hezbollah est prêt à coopérer avec l’armée
Timing, causes, enjeux : comment l’offensive rebelle a bouleversé la donne en Syrie