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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - À l’Espace SD jusqu’au 5 février «Do It!», le design engagé

Le laboratoire de l’Espace SD présente, jusqu’au 5 février, l’exposition «Do It!», proposée par l’Adapo (Association du design et d’architecture au Proche-Orient) et commissionnée par le graphiste Alexandre Medawar. Il s’agit de treize objets qui ont été déjà montrés durant la quatrième Biennale internationale de design de Saint-Étienne en novembre 2004. Encouragés à réfléchir sur les thèmes «Résister», «Voiler/Dévoiler» et «Boire», des créateurs du Liban, de Syrie, de Palestine, de Turquie et d’Irak ont fait preuve d’une inventivité pour le moins engagée. Quatre artistes ont choisi de s’exprimer à travers le verbe «Résister»: Karim Chaya, tout d’abord, avec sa «pelote» palestinienne (le jeu basque appelé «chistera») et sa raquette de tennis quelque peu modifiée. Ce designer industriel, diplômé de Rhode Island School of Design et cofondateur, en 1997, de l’atelier de recherche et de création ACID, a conçu un pare-chocs recyclé destiné à «optimiser l’efficacité d’un jet de pierres ou, mieux, le renvoi, comme dans la “chistera”, d’une grenade à gaz lacrymogène par les lanceurs de pierres de l’intifada». Quant à sa raquette de tennis, elle aussi destinée à «améliorer le rendement et l’efficacité des pratiques militantes des jeunes Palestiniens», les cordes ont été remplacées par du câble d’acier et l’ensemble a été repeint «en noir mat, comme une arme à feu». Ensuite, Rania Sarakbi, avec un bagage universitaire en anthropologie et en sociologie, a créé une ceinture lance-pierres. Un objet de mode qui se transforme en fronde. «Allah Wa Akbar»: c’est le nom du «tee-shirt attaque-suicide» d’Ahmed al-Ahmed, pseudonyme d’un professeur d’origine arabe en résidence, depuis 2002, à la Domus Academy et impliqué dans des projets pour les sociétés Pandora Design, Salvatore Ferragamo, Radice ou Elica. Un vêtement unisexe, imprimé, au niveau de la taille, d’une ceinture d’explosifs, qui «ouvre les portes du paradis». Difficile de faire plus acerbe. Ou peut-être si, avec le terrifiant «Abou Ghraib», le prototype de lampe de chevet élaboré par l’Irakien installé en Suisse Ali Hussein Badr: une silhouette cagoulée de noir et transformée en luminaire pour rappeler qu’«ailleurs, des hommes sont torturés pendant que l’Occident s’assure l’exploitation des ressources énergétiques». Histoire de «dormir sur ses deux oreilles». Cage à tête et problèmes de laïcité Trois femmes et deux hommes se sont impliqués dans le duo «Voiler/Dévoiler»: «séduire» ou «échapper au regard des autres», il s’agit d’une double thématique féminine. Voilà donc un casque, inquiétante «cage à tête» imaginée par Christie Bassil et intitulée «Inside». Voilée de tête mais exposée de corps, la femme arabe moderne se débat encore entre émancipation et valeurs conservatrices. Nada Debs, la nouvelle coqueluche du design international venue du Liban, a imaginé un miroir à main, dont le titre est «Now I See You, Now I Don’t». Un objet dont le verre est travaillé à la manière du «moucharabieh», tout comme le sac en cuir et cuivre de Nathalie Khoury, «Harem», double symbole d’écrin et de prison. Le styliste syrien Ghassan Salam, quant à lui, propose à la femme de son pays «À poil», un foulard-perruque qui règle une bonne fois pour toutes les problèmes de voile et de laïcité, tels que la France les vit actuellement. La seconde création de Ali Hussein Badr, «Vive la République», toujours sensible à la nouvelle loi de l’Hexagone concernant la visibilité de l’appartenance religieuse, invente une petite boîte frappée du drapeau tricolore, dans laquelle peuvent se lover croix, étoile de David ou tout autre signe ostentatoire religieux. «En vin» «Boire», enfin, clôt ce passionnant miroir à trois volets de la réalité arabe au centre des préoccupations esthétiques. Ce troisième et dernier thème a intéressé la styliste de mode libanaise Milia M qui propose un «Tibériade», tout autant rêvé que tristement réaliste. Deux morceaux de tissu, représentant la Palestine et Israël, sont «joints» par une fermeture Éclair étanche, une toute récente invention venue de Suisse. «L’évidence de la parabole coule de sens: sans leur jonction, l’eau s’enfuit.» «Boire», «enjeu majeur au Proche-Orient» mais aussi «interdiction de consommer de l’alcool», a été pensé par Lauren Kassouf, étudiante en architecture, comme une impossibilité: «En vin», un récipient dont la bouche n’atteint jamais le contenu, en est une claire représentation. Enfin, Richard Yasmine présente son «Ovni» sous la forme d’une bouteille artisanale «embouteillée», remplie «d’une eau visible mais pourtant inaccessible ». D.G.
Le laboratoire de l’Espace SD présente, jusqu’au 5 février, l’exposition «Do It!», proposée par l’Adapo (Association du design et d’architecture au Proche-Orient) et commissionnée par le graphiste Alexandre Medawar. Il s’agit de treize objets qui ont été déjà montrés durant la quatrième Biennale internationale de design de Saint-Étienne en novembre 2004. Encouragés à...