Le Liban s’attend à une saison touristique exceptionnelle, en nette hausse par rapport aux années précédentes. Les autorités libanaises s’en réjouissent et tentent d’encourager ce phénomène. Mais ce renouveau présente des risques importants. Il pourrait, en effet, renforcer les inégalités au sein de notre société, avec des régions qui seraient des...
Actualités - OPINION
TRIBUNE Pour une nouvelle stratégie touristique
Par KHOURY HELOU Fouad, le 20 juillet 2004 à 00h00
par Fouad KHOURY-HÉLOU
Le Liban s’attend à une saison touristique exceptionnelle, en nette hausse par rapport aux années précédentes. Les autorités libanaises s’en réjouissent et tentent d’encourager ce phénomène. Mais ce renouveau présente des risques importants. Il pourrait, en effet, renforcer les inégalités au sein de notre société, avec des régions qui seraient des «vitrines» et d’autres qui resteraient pauvres.
Le credo officiel est centré sur le tourisme haut de gamme, pour des raisons en rapport avec l’exiguïté du Liban et la protection de son environnement. Autrement dit, il vaudrait mieux attirer peu de touristes «haut de gamme» qui paieraient une nuitée d’hôtel 200 dollars que beaucoup de «touristes de masse» qui la paieraient 30 ou 40 dollars. Ce credo présente deux faiblesses majeures: d’abord, il repose sur des arguments insuffisants, car nombre de pays accueillent des millions de touristes tout en gérant leur environnement mieux que nous le faisons. Les îles Baléares, 40 % plus grandes que le Liban, accueillent plus de 10 millions de touristes par an sans graves problèmes. On dit souvent aussi que le Liban est trop cher. C’est également faux. Chypre ou la Grèce, la France ou l’Italie sont plus chères, et pourtant elles offrent des «packages» bon marché.
Ensuite, et surtout, la conséquence de ce credo est de développer certaines régions (Beyrouth, montagne) présentant tous les services haut de gamme (hôtels, restaurants, magasins, soins médicaux) au détriment d’autres régions. Et donc de renforcer encore plus les inégalités régionales et sociales avec un impact potentiellement confessionnel, reproduisant le schéma de 1975.
Pouvons-nous nous le permettre? On peut en douter. C’est pourquoi l’État doit dès à présent réagir et commencer à développer en parallèle le tourisme de masse. Celui-ci présente une possibilité réelle de lutter contre la pauvreté de beaucoup de Libanais. Il permettrait d’amener au Liban une grande masse de touristes supplémentaires, soit un nombre de «consommateurs» permettant de faire vivre toute une population locale faiblement qualifiée: les propriétaires des petits magasins et des kiosques, les vendeurs, les serveurs, les travailleurs de services de nettoyage, les livreurs, le personnel et les petits propriétaires de cafés, restaurants et hôtels bon marché, ainsi que tous ceux qui se livrent à des emplois annexes, dont il faudrait, à coup sûr, un grand nombre pour servir cette grande masse potentielle de touristes; ce qui permettrait donc de combattre efficacement le sous-emploi chronique au Liban, notamment celui des jeunes.
Nous sommes un pays dont la moitié de la population est aujourd’hui pauvre. Celle-ci va réclamer tôt ou tard sa part de l’essor touristique (et elle aura raison) auprès de l’État, lequel lèvera en toute probabilité des impôts supplémentaires afin d’éviter une crise encore plus grave. Pourquoi attendre une telle situation? Il y a 700 millions de touristes chaque année dans le monde. Il faudrait en attirer quelques millions au Liban. L’État doit agir. Soutenir la création de zones touristiques et balnéaires à coût abordable. Régler les problèmes y afférents. Les régions propices ne manquent pas, notamment les zones relativement défavorisées comme les côtes au sud de Beyrouth, autour de Saïda et Tyr, et au Liban-Nord; mais aussi d’autres régions. Il faut une décision politique courageuse, associant toutes les parties prenantes et favorisant la stabilité et le développement équilibré.
par Fouad KHOURY-HÉLOU
Le Liban s’attend à une saison touristique exceptionnelle, en nette hausse par rapport aux années précédentes. Les autorités libanaises s’en réjouissent et tentent d’encourager ce phénomène. Mais ce renouveau présente des risques importants. Il pourrait, en effet, renforcer les inégalités au sein de notre société, avec des régions qui seraient des...
Le Liban s’attend à une saison touristique exceptionnelle, en nette hausse par rapport aux années précédentes. Les autorités libanaises s’en réjouissent et tentent d’encourager ce phénomène. Mais ce renouveau présente des risques importants. Il pourrait, en effet, renforcer les inégalités au sein de notre société, avec des régions qui seraient des...
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