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Actualités - CHRONOLOGIE

Les déclarations du président américain provoquent un tollé au Liban

Le président Émile Lahoud a vigoureusement condamné hier les déclarations de son homologue américain George W. Bush, estimant qu’elles constituent « un choc violent pour tous ceux qui croient dans la paix au Proche-Orient ». « La prise de position (de M. Bush) aura des retombées dangereuses, notamment la fin des espoirs de paix, la montée des sentiments antiaméricains et le recours à la force pour la récupération des droits », a déclaré M. Lahoud dans un communiqué distribué par la présidence. Selon lui, « il s’agit d’une tentative d’éliminer le droit au retour des Palestiniens dans leur foyer qui incitera Israël à ériger des colonies d’une manière permanente dans les territoires arabes occupés ». M. Lahoud a exhorté les États-Unis, « eux qui ne ratent aucune occasion pour appeler au respect des lois et des droits de l’homme », à « reconsidérer leur position qui est contraire à toutes les lois, aux droits de l’homme et aux résolutions internationales ». Aux yeux du chef de l’État, les propos de M. Bush montrent que « les États-Unis font le contraire de ce qu’ils disent et récompensent le criminel et l’occupant au détriment de la victime ». Il a d’autre part appelé les Arabes à réclamer la tenue urgente de l’Assemblée générale de l’Onu « afin de proclamer l’illégalité de la prise de position américaine ». M. Lahoud a fait part de la position du Liban à l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Vincent Battle, qu’il a reçu hier à Baabda. À l’issue de l’entretien, M. Battle a indiqué à la presse avoir informé le chef de l’État des prises de position adoptées mercredi soir par M. Bush et évoqué avec lui la situation en Irak. Sans mentionner explicitement les déclarations de George W. Bush, le président de la Chambre, Nabih Berry, s’est demandé pour sa part si, « après qu’une nouvelle carte a été dessinée pour la Palestine et que le peuple palestinien est désormais privé de sa propre carte, les dirigeants arabes vont enfin devenir humbles et faire grâce à leur nation d’un sommet ». « Faudra-t-il attendre quelque chose de plus grave encore et de plus dangereux ? » a ironisé M. Berry, avant de s’interroger sur le point de savoir « s’il existe quelque chose de plus grave ». Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, qui se trouve actuellement à Genève où il effectue une visite privée, s’est lui aussi déchaîné contre le brutal revirement des États-Unis. En faisant ces déclarations, « M. Bush se donne le droit de distribuer grâcieusement des terres appartenant à autrui, de légitimer la colonisation, d’éliminer les frontières internationales et de passer outre les résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies et le Conseil de sécurité », a déclaré M. Obeid. « Il est difficile pour le Liban et le monde arabe de ne pas considérer (la nouvelle position américaine) comme une récompense aux crimes du gouvernement israélien et une incitation qui lui est faite à exercer encore davantage de violence », a ajouté le ministre. « Il s’agit même d’un encouragement à tous les puissants – individus ou États – pour qu’ils écrasent les droits des faibles tant au Proche-Orient que dans le monde », a-t-il encore dit. L’ancien Premier ministre Sélim Hoss a vu dans les propos du président américain un signe de « l’injustice inhérente aux puissants » et « une tentative bon marché de gagner des voix sionistes à l’élection présidentielle » américaine. S’adressant à M. Bush, M. Hoss lui dit : « Votre ami Sharon est le plus grand terroriste de l’histoire. Voyez les massacres qu’il a perpétrés en Palestine et au Liban, les destructions et les exodes qu’il a provoqués, les méthodes sauvages de démolitions d’habitations, d’assassinats et de tueries qu’il a adoptées. » Et d’ajouter : « En réalité, ce que vous faites vous-même est-il tellement éloigné du terrorisme ? Votre soutien absolu au terrorisme d’Israël est en soi du terrorisme. » « Les dirigeants arabes sont appelés à montrer leur fidélité à leur cause centrale en Palestine en adoptant une position claire et franche au sujet de la partialité flagrante des États-Unis en faveur de l’agression israélienne. De cette manière, ils pourraient peut-être se faire pardonner le péché de n’avoir pas su tenir le Sommet arabe à la date qui lui était fixée », a encore dit l’ancien chef de gouvernement. Enfin, le Parti socialiste progressiste a estimé dans un communiqué que les prises de position du président américain « violent toutes les conventions et lois internationales, contredisent les principes et les objectifs des Nations unies, sont en désaccord avec l’opinion mondiale et celle de beaucoup de forces politiques des cinq continents et constituent en fin de compte une faute évidente ».
Le président Émile Lahoud a vigoureusement condamné hier les déclarations de son homologue américain George W. Bush, estimant qu’elles constituent « un choc violent pour tous ceux qui croient dans la paix au Proche-Orient ».
« La prise de position (de M. Bush) aura des retombées dangereuses, notamment la fin des espoirs de paix, la montée des sentiments antiaméricains et le recours...