Actualités - CHRONOLOGIE
La culture du Liban nouveau
Par CHAKHTOURA Maria, le 06 avril 2004 à 00h00
Le dernier spectacle donné hier soir à Masrah al-Madina pourrait s’intituler Fermeture. En effet, le jour de son dixième anniversaire, ce théâtre est acculé à fermer ses portes. Pourquoi ? Peu importe les raisons, et Nidal al-Achkar promet l’ouverture d’un autre théâtre bientôt, ailleurs. Mais, au-delà de l’événement en soi qu’il faut dénoncer, certes, on assiste impuissant à cette volonté autrement plus grave qui est celle d’effacer, l’un après l’autre, les lieux de mémoire, de rencontre et de culture qui sont autant d’espaces de franc dialogue. Cherche-t-on à effacer nos symboles et nos valeurs ?
Hier, il y a quelques années, le théâtre Maroun Naccache fermait ses portes qui avaient pourtant été rouvertes aux heures les plus noires de la guerre. Aujourd’hui, c’est au tour de Masrah al-Madina. Demain, nous promet-on, c’est le Théâtre de Beyrouth, chargé d’histoire, qui doit déménager... Pas de musée pour les œuvres d’art, la Bibliothèque n’est pas remise sur pied et l’Orchestre symphonique national libanais ne peut se produire que dans une église. L’État, lui, grand absent et grand ignorant ne connaît ou ne veut rien connaître à ces problèmes. Il soigne la culture d’après guerre, ou plutôt l’inculture. Celle du Liban nouveau. Paradoxalement, c’est depuis qu’il existe un ministère de la Culture que les théâtres ferment l’un après l’autre. Bizarre !
Autre indice, révélateur de cette culture d’après-guerre, est la volonté d’occulter la mémoire des grands hommes. La statue de Abdel-Hamid Karamé, sur la place qui portait le nom de cet homme de l’indépendance, a été déboulonnée et la place a changé de nom sans qu’aucun gros bonnet ne pipe mot.. Celle de Béchara el-Khoury, autre homme de l’indépendance, ne reprend toujours pas la sienne à Beyrouth et il a fallu l’intervention ferme de l’émir al-walid ben Talal pour que la statue de Riad el-Solh (son grand-père), ce troisième homme de l’indépendance, trône de nouveau à l’endroit même où elle était. Ailleurs, on attend toujours le retour du père Youssef el-Hayeck sur la place du même nom, à Sin el-Fil. Exit les hommes de l’indépendance ? Est-ce là un mot d’ordre ? Leur mémoire serait-elle le cauchemar de nos édiles ?
Il y a de plus en plus de restaurants et de moins en moins de lieux de rencontres et de réflexion.
C’est la culture du Liban nouveau.
Maria CHAKHTOURA
Le dernier spectacle donné hier soir à Masrah al-Madina pourrait s’intituler Fermeture. En effet, le jour de son dixième anniversaire, ce théâtre est acculé à fermer ses portes. Pourquoi ? Peu importe les raisons, et Nidal al-Achkar promet l’ouverture d’un autre théâtre bientôt, ailleurs. Mais, au-delà de l’événement en soi qu’il faut dénoncer, certes, on assiste...
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