Actualités - CHRONOLOGIE
Pantalon : vêtement-culte d'un siècle(photos)
Par GEBEYLI Claire, le 18 mai 2000 à 00h00
Smoking, buggy, treillis, jean, le pantalon à lui seul est le symbole du XXe siècle, côté vestiaire. Sans jamais s’éclipser de la scène, il a traversé les décennies changeant de peau comme le serpent, mais sans prendre une ride. Au point où la journaliste Laurence Benaïm lui a consacré, avec le sérieux d’une historienne, une rétrospective digne d’un emblème universel («Le pantalon, une histoire en marche» – Éd. L’Amateur). Aujourd’hui ce vêtement fait effectivement partie de la garde-robe autant féminine que masculine, et ceci sur les cinq continents de la planète. Vêtement de travail mais également d’apparat, il réussit le miracle d’habiller tous les âges, les deux sexes à la fois, à toutes les occasions, toutes classes sociales confondues ! Banalisé, il entre au XXIe siècle triomphalement, en libérateur des femmes dont il a accompagné les luttes pour leur émancipation. Bien plus qu’une simple pièce d’habillement, il représente une étape dans l’évolution de la société et des mœurs. Dans l’armoire d’une femme d’aujourd’hui, les jupes et les robes sont minoritaires. En revanche, les pantalons constituent l’essentiel, voire la base de l’habillement. Ils règnent en maîtres. Juste retour des choses, puisque cette longue culotte, ravie aux hommes, a libéré leurs mouvements, secondé leurs batailles, habillé leurs victoires et illustré leur désir d’émancipation. L’histoire contemporaine est, en effet, intimement liée à ce vêtement. Il concrétise l’emprise du corps, le souci de son confort et le culte du mouvement qui marquent le XXe siècle. Aux premiers temps de son avènement, les femmes n’étaient autorisées à «porter culotte» que lorsqu’elles tenaient les rênes d’un cheval ou le guidon d’une bicyclette... En Europe et aux États-Unis seules quelques excentriques, quelques «amazones» et les marginales osaient le pantalon. Comme George Sand, pour afficher leur indépendance d’esprit et leur mépris de convenances, elles bravaient les regards en circulant dans cet habit exclusivement masculin. Avec l’évolution des mentalités et des mœurs et les progrès sociaux, les femmes choisiront le pantalon pour affirmer leur présence et revendiquer leurs droits à l’égalité face aux mâles. En même temps, les plus aisées s’initiant au sport, aux voyages, bientôt à la conduite automobile découvrent le confort de ce vêtement qui permet les mouvements tout en ménageant la pudeur. Quelques «exaltées» n’hésitent pas à arborer ce vêtement pour manifester leur désir de libération, de préjugés et de conceptions archaïques, dépassées et frustrantes. Les temps évoluent et les choses bougent. Paul Poiret, le couturier qui est à l’origine de l’abolition du corset, accompagne son épouse portant un pantalon de harem à une grande réception parisienne. De son côté, la maison Hermès propose à ses clientes des tenues de golf ou de ski, dont le pantalon remplace la jupe traditionnelle. Au cours de la Première Guerre mondiale, entre-temps, quand les hommes étaient aux tranchées et les femmes travaillaient à leur place, dans les usines, le pantalon s’était imposé par besoin pour ménager pudeur et bienséance plutôt que par souci de modernité. Mais une fois la guerre terminée, les femmes revenues au foyer n’ont qu’un seul désir : oublier tout ce qui se rattache aux années noires, et la culotte en fait partie... Elles la laissent donc aux «oisives» qui n’en font pas encore grand usage... C’est dans les années 70, dans les cafés de Saint-Germain, à Paris, que les intellectuelles de la Rive gauche vont relancer ce vêtement qui abolit la barrière entre hommes et femmes, comme entre riches et pauvres. Elles l’adoptent donc avec ferveur. Les événements se précipitent. Le prêt-à-porter s’y mêle, le lycra vient d’être mis au point. Une grande marque de prêt-à-porter diffuse des caleçons confortables, gais et à la portée de toutes... Succès immédiat... Et voilà que les femmes, et non pas uniquement les Françaises, découvrent le grand confort de ce vêtement qui répond à merveille à la vie active, où le sexe faible (de moins en moins) est convié. Le cinéma s’y met de son côté à diffuser les images d’actrices-culte portant ce vêtement qui, manipulé par les designers, perd toute masculinité... À partir de là, l’épopée devient universelle. Les femmes de tous les pays, des plus pauvres pour cultiver la terre, aux plus riches pour exalter leurs formes magnifiées par le sport, se mettent en pantalon. Indétrônable, il poursuit sa carrière, assuré de sa double survie : masculine autant que féminine...
Smoking, buggy, treillis, jean, le pantalon à lui seul est le symbole du XXe siècle, côté vestiaire. Sans jamais s’éclipser de la scène, il a traversé les décennies changeant de peau comme le serpent, mais sans prendre une ride. Au point où la journaliste Laurence Benaïm lui a consacré, avec le sérieux d’une historienne, une rétrospective digne d’un emblème universel («Le...
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