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Actualités - CHRONOLOGIE

Abed Rabbo maintient sa démission malgré le refus de Arafat

«Ils recommencent !», s’écrie un soldat israélien. Casque à visière, il épaule son fusil d’assaut Galil, embusqué derrière des chicanes en béton, à l’entrée de Bethléem en Cisjordanie, face à plusieurs centaines de jeunes manifestants palestiniens. Autour de lui, des pierres et des gravats s’écrasent. Masqués du keffiyeh à damier blanc et noir, les «chabibas», comme on appelle les jeunes révoltés palestiniens, retrouvent le geste auguste du lanceur et redonnent vie au souvenir de l’Intifada, pour la cinquième journée consécutive. Un automobiliste israélien, égaré dans le secteur, a la tête ensanglantée par un jet de pierres, et le pare-brise de son véhicule vole en éclats. Transformé en forteresse, le Caveau de la matriarche biblique Rachel se trouve à quelques dizaines de mètres plus loin. Coups de sifflet, hurlements et invectives se multiplient, ponctués par les claquements secs des tirs de grenades lacrymogènes et de balles caoutchoutées. Les tireurs d’élite de Tsahal, à l’abri derrière les sacs de sable d’une position installée sur un toit, font mouche: plusieurs manifestants sont atteints. L’un d’entre eux s’enfuit en claudiquant, avant d’être évacué au son des sirènes d’une ambulance du Croissant-Rouge palestinien. «Ce sont des enfants, mais à cause d’eux, je suis au chômage forcé depuis une semaine», se plaint Abou Eli, les yeux rougis par les fumées bleutées des gaz lacrymogènes qui ont envahi sa boutique. «Ça ne peut pas continuer ainsi», renchérit un vieillard dans une des venelles du camp de réfugiés voisin de Beit Jibrin. Il montre un garçon d’une douzaine d’années armé d’une fronde, qui va rejoindre ses camarades pour faire face à Tsahal, l’armée israélienne. Des drapeaux palestiniens et grecs hissés aux lampadaires flottent pitoyablement au-dessus d’une chaussée jonchée de pierres. La visite prévue du président grec Costis Stéphanopoulos va se dérouler à un mauvais moment. Ici même, le ministère palestinien de la Culture s’apprête à ériger un musée d’art moderne avec un financement du Japon. Mais ce projet et les espoirs de bien-être économique risquent de tourner court si la nouvelle «guerre des pierres» s’enlise. «Nous ne voulons pas coexister avec Israël», explique un adolescent au regard fiévreux. Visiblement, ce n’est pas le point de vue de l’Autorité palestinienne : les hommes des huit services de sécurité palestiniens, en uniformes noir, beige, vert olive ou en tenue camouflage se sont déployés en force. Certains portent le fusil d’assaut kalachnikov en bandoulière. Ils se veulent débonnaires et amicaux et se contentent de surveiller le chaos. Mais leur présence suffit à calmer le jeu, puisque les bataillons de «Chabibas» rompent les rangs, hormis quelques têtes brûlées qui sont emmenées sans ménagement. Le ministre palestinien de l’Information Yasser Abed Rabbo a déclaré hier qu’il maintenait sa démission de son poste de négociateur en chef, refusée par le président Yasser Arafat. «J’insiste sur ma position qui n’était pas fondée sur des raisons personnelles mais politiques : il ne faut pas qu’il y ait plus d’un canal de négociations» avec Israël, a déclaré M. Abed Rabbo. Lundi, M. Abed Rabbo, 54 ans, qui avait été nommé par M. Arafat à la tête de la délégation palestinienne aux négociations avec Israël sur le statut final des territoires à la suite de la signature de l’accord de Charm el-Cheikh (Égypte) en septembre, a annoncé sa démission pour protester contre la manière dont ces négociations sont menées. «M. Abed Rabbo a annoncé sa démission en raison de l’existence de plus d’un canal de négociations sur le statut final», a indiqué son bureau, en référence aux négociations secrètes menées parallèlement à Stockholm entre le ministre israélien de la Sécurité intérieure Shlomo Ben Ami et le président du Conseil législatif palestinien Ahmed Qoreï. M. Arafat a refusé lundi soir cette démission, affirmant qu’il avait «toute confiance en M. Abed Rabbo». Dans une déclaration publiée hier par le journal arabe al-Hayat, M. Abed Rabbo a également affirmé que sa démission était «définitive». M. Abed Rabbo a estimé, selon al-Hayat, que la meilleure «solution serait de faire du canal secret le canal public et qu’Ahmed Qoreï préside» toute l’équipe des négociateurs palestiniens. M. Ben Ami a confirmé hier avoir mené des négociations secrètes avec M. Qoreï à Stockholm.
«Ils recommencent !», s’écrie un soldat israélien. Casque à visière, il épaule son fusil d’assaut Galil, embusqué derrière des chicanes en béton, à l’entrée de Bethléem en Cisjordanie, face à plusieurs centaines de jeunes manifestants palestiniens. Autour de lui, des pierres et des gravats s’écrasent. Masqués du keffiyeh à damier blanc et noir, les «chabibas», comme on...