Actualités - CHRONOLOGIE
Soudan La lutte Béchir-Tourabi se durcit
le 09 mai 2000 à 00h00
Interdiction de publication de quotidiens, menaces et appels au ralliement dans les deux camps : la lutte politique se poursuit à Khartoum entre les deux grandes figures du régime, le président Omar al-Béchir et l’idéologue islamiste Hassan al-Tourabi. Depuis l’annonce samedi à la télévision nationale par le général Béchir que M. Tourabi est suspendu de ses fonctions de secrétaire général du parti au pouvoir, le Congrès national (CN), le ton n’a cessé de monter entre les deux personnalités, jadis alliées à la tête du régime islamique. Le gouvernement et les proches du général Béchir ont pris le contrôle des locaux du parti à Khartoum et dans les provinces, mais les cadres du CN proches de Tourabi poursuivent leurs activités militantes, ont assuré lundi des partisans de ce dernier. Lors d’un rassemblement dimanche à Khartoum devant des centaines de ses partisans, notamment des étudiants, M. Tourabi avait annoncé une réunion dans la soirée des dirigeants élus du CN «pour prendre des positions et décider d’actes», sans se «contenter de condamnation verbale», face à la décision du général Béchir, qui est également président du CN. «Ces dirigeants devraient suspendre Béchir du Congrès», avait-il par ailleurs indiqué dans des propos rapportés par le quotidien londonien Azzaman dans son édition de lundi. Cette réunion n’avait cependant pas encore eu lieu lundi en fin de matinée, selon Hussein Khogli, rédacteur du quotidien Alwan, proche de M. Tourabi. Les deux camps ont poursuivi leur joute sur le terrain des médias : les quotidiens Alwan, proche de M. Tourabi, Al-Rai Al-Akher, Al-Wifaq et Al-Sahafi ad-Dawli, avaient été interdits samedi pour avoir insisté à publier des communiqués du dirigeant déchu et de ses partisans, selon le ministre de l’Information Ghazi Salaheddine Atabani. Seul Alwan a été saisi dans la nuit de dimanche à lundi, pour avoir publié un communiqué de M. Tourabi affirmant que le général Béchir n’est plus le candidat du parti à l’élection présidentielle, prévue en octobre prochain. Selon les responsables de la publication, une édition pirate du journal a été distribuée clandestinement lundi dans la capitale soudanaise. Pour M. Tourabi le président soudanais a «trahi le mouvement islamiste», et il cherche à «satisfaire l’Occident et les Arabes, en ignorant la religion de Dieu». «Aujourd’hui, le mouvement islamiste est écarté (du pouvoir) à cause des agents de l’Occident», a-t-il accusé dimanche. La lutte pour le pouvoir entre les deux hommes a éclaté au grand jour le 12 décembre dernier lorsque le général Béchir a déclaré l’état d’urgence et a dissous le Parlement, dont M. Tourabi était le président. M. Béchir a par la suite multiplié les initiatives diplomatiques en direction des pays de la région, principalement l’Égypte, qui s’est félicitée de la mise à l’écart de M. Tourabi, perçu comme un soutien actif au terrorisme islamique. Après quatre années d’interruption, les États-Unis ont repris le 25 avril leurs activités consulaires au Soudan, pays accusé par Washington de soutenir le terrorisme.
Interdiction de publication de quotidiens, menaces et appels au ralliement dans les deux camps : la lutte politique se poursuit à Khartoum entre les deux grandes figures du régime, le président Omar al-Béchir et l’idéologue islamiste Hassan al-Tourabi. Depuis l’annonce samedi à la télévision nationale par le général Béchir que M. Tourabi est suspendu de ses fonctions de secrétaire...
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