Actualités - CHRONOLOGIE
À Bethléem, les Palestiniens, encerclés par les chars, enterrent leurs morts
le 09 mars 2002 à 00h00
Un visage à la tête éclatée émerge des draps ensanglantés. Des hommes silencieux et bouleversés se recueillent autour du brancard sur lequel gît le directeur de l’hôpital d’al-Kader, près de Bethléem, tué vendredi matin par des tirs israéliens, alors qu’il circulait en voiture. Le Dr Ahmed Nueman Othman, 38 ans, a été atteint en pleine tête par un projectile de mitrailleuse de char. «C’était un gentleman. Un homme bon, très connu dans la communauté», murmure Hussein Darweesh, membre du conseil municipal d’al-Kader, accouru à l’hôpital de la ville voisine de Beit Jala, où le corps a été transporté. «Malheureusement, nous l’avons perdu. C’est horrible. Où est la paix ?», soupire un médecin en contemplant le visage défiguré, tandis que des infirmiers nettoient les flaques formées par le sang qui goutte sous le brancard. Le Dr Othman est l’un des cinq Palestiniens tués depuis le début de l’opération israélienne lancée vendredi à l’aube contre la zone de Bethléem et deux camps de réfugiés de la ville, ceux de Aïda et de Dahysheh. Le village d’al-Kader, où les chars ont également opéré une incursion et, selon des témoins, coupé l’électricité, est limitrophe du camp de Dahysheh. Depuis le début de la matinée, l’hôpital de Beit Jala, ville limitrophe de Bethléem, a reçu trois cadavres et des hommes aux visages fermés s’attroupent dans la cour pour suivre les funérailles. Assises sur le trottoir devant l’établissement, trois femmes de la famille de l’une des victimes, un Palestinien de 37 ans tué par un tir d’hélicoptère à Aïda, pleurent doucement. Dans les rues désertes de Bethléem, seuls résonnent les tirs de Palestiniens armés qui saluent les morts et les cris de gamins qui poussent des poubelles enflammées et jettent des pierres en direction de deux chars israéliens, stationnés à une centaine de mètres sur la route principale. «Ce qui se passe est très très grave. C’est la plus importante incursion à Bethléem depuis le début de l’intifada», déclare le maire de la ville, Hanna Nasser, indiquant que depuis cinq jours les différents raids lancés par l’armée israélienne ont touché «tous les bâtiments affiliés à la sécurité palestinienne». «Je ne sais pas ce qu’ils cherchent, ils fouillent les maisons dans les camps de réfugiés, mais ce n’est qu’un prétexte», poursuit M. Nasser. «Je ressens de la colère, c’est très très triste. La haine, l’inimitié sont plus grandes chaque jour», ajoute-t-il, désemparé. À Beit Jala, les chars israéliens ont laissé de grandes empreintes blanches sur le bitume. «Ils sont arrivés cette nuit, le bruit était terrible», raconte Catherine Ayoub, assise devant le seuil de sa maison avec sa famille et des voisins. La carcasse d’une voiture, complètement aplatie par un tir, gît à quelques mètres de sa maison. «Habituellement, la situation est plutôt calme à Beit Jala. Mais là, nous avons vraiment eu peur», poursuit Mme Ayoub. Au même moment, un char israélien surgit d’une rue perpendiculaire et passe, dans un grand nuage de fumée blanche, devant la maison des Ayoub. Le petit groupe fait un signe ironique de la main au soldat juché sur sa tourelle. Le militaire leur répond et continue sa route.
Un visage à la tête éclatée émerge des draps ensanglantés. Des hommes silencieux et bouleversés se recueillent autour du brancard sur lequel gît le directeur de l’hôpital d’al-Kader, près de Bethléem, tué vendredi matin par des tirs israéliens, alors qu’il circulait en voiture. Le Dr Ahmed Nueman Othman, 38 ans, a été atteint en pleine tête par un projectile de mitrailleuse...
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