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Renaissance culturelle du Liban
Par B.F.E, le 03 octobre 2001 à 00h00
Parler du livre en général, et signifier par là sa parution et sa diffusion, c’est nécessairement le qualifier de libanais. En effet, le Liban fut à l’origine du livre et de son exportation à partir de l’une de ses cités les plus anciennes : Gubayl ou Byblos. Ayant été les premiers à l’importer, les Grecs lui donnèrent le nom de son lieu d’origine, faisant dériver le vocable «biblion» du nom de la cité Byblos. La diffusion de la langue grecque à travers l’Occident entraîna la propagation du nom libanais du livre. Les mots dérivés de sa racine «biblion» se multiplièrent. Il y eut ainsi : bibliographie, bibliothèque, bibliomanie et d’autres. À ces titres de gloire, Byblos devait ajouter celui d’avoir donné son nom aux maîtres-livres, Bibles, ou Livres sacrés de toutes les religions unitaires. N’était-il pas d’ailleurs normal que le Liban fut le premier à composer un livre et à le diffuser, lui qui vit naître la lettre sur ses terres ? Ne fut-il pas le premier à se servir de l’écriture alphabétique, cette découverte étonnante et «miraculeuse» au dire du savant Dhorme ? Ne fut-il pas, par la suite, le premier à propager l’enseignement et son matériel, la tablette et le «calme», d’abord dans ses régions propres, puis dans les contrées avoisinantes, et au-delà de la mer, dans le pays des Grecs, ainsi que le relate la merveilleuse légende de Qadmüs, maître du monde, que symbolise une pièce de monnaie courante ? Aussi était-il naturel que le Liban fût le premier à composer un livre scolaire. En effet, il eut ses écoles dès le XXIIe siècle avant l’ère chrétienne, ainsi que l’ont prouvé les fouilles de Byblos elle-même. C’est alors qu’il connut la multiplicité des langues dans ses programmes scolaires et, depuis lors, la tradition s’est maintenue. Aussi ne manqua-t-il en aucun siècle, de ces centres de rayonnement culturel, telles l’antique faculté de droit de Beyrouth, l’École médico-philosophique de Tripoli au Moyen Âge, l’école de Ayn Warqa au XXVIIe siècle où le cycle de l’enseignement comprenait, dès l’aube de la renaissance, les trois degrés primaire, secondaire et supérieur. Telle fut la tradition de nombreux établissements qui précédèrent Ayn Warqa ou qui la suivirent, dans la haute montagne ou sur le littoral, allant des villages de Gabal Amil jusqu’aux bourgades de Gabal az-Zawiya. Il était donc inéluctable que les Libanais s’emploient à parfaire de siècle en siècle l’évolution du livre scolaire et de tout ce qui s’y rattache en fait de cartes, tableaux, gravures et matériel didactique divers. Une revue, même rapide, de toutes les étapes par lesquelles le livre libanais, scolaire ou non, est passé, serait trop longue. Elle irait des tablettes d’argile et de brique utilisées il y a quatre mille ans, aux papyrus, aux parchemins, aux plaques de métal, aux rouleaux de papier (volumens) qui constituaient le livre à une certaine époque, aux manuscrits reliés, jusqu’aux livres lithographiés ou imprimés. Ayant été le premier à créer le livre, le Liban fut aussi le premier, dans le monde arabe, à l’imprimer et à le relier. L’imprimerie de Saint-Antoine de Quzhayya, dans la vallée de Qannubin, donna le premier livre arabe imprimé au Proche-Orient. C’était le livre des Psaumes paru en 1610 en arabe et en syriaque. L’arabe était cependant transcrit en caractères syriaques selon le système karsuni bien connu. La raison de cette translittération était la difficulté de fondre sur place les caractères arabes. Toutefois, il devait échoir au Liban de donner le premier livre en caractères arabes fondus sur place, cent vingt-cinq ans environ après la parution des Psaumes de Quzhayya. Ce fut l’imprimerie du couvent Saint-Jean Baptiste de Hunsara qui fit paraître le Kitab Mizan az-Zaman (Balance du temps), pour lequel furent utilisés des caractères fondus par Abdallah Zahir. Puis les imprimés se succédèrent au cours du XVIIe et notamment du XVIIIe siècle, lorsque fut fondée une troisième imprimerie, en 1751, l’imprimerie Saint-Georges de Beyrouth, qui se joignit aux deux premières dans l’édition des livres arabes. En 1934, l’Imprimerie américaine fut transférée de Malte à Beyrouth. En 1848, fut fondée l’Imprimerie catholique. L’édition devint alors plus active, les caractères plus variés et la présentation de plus en plus élégante et soignée. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, d’autres imprimeries furent installées. Georges Chahine fonda l’Imprimerie nationale en 1855. Elle devait, par la suite, donner naissance à l’Imprimerie libanaise, l’Imprimerie Salimiyya et l’Imprimerie Ilmiya. En 1857, Miha’il al-Huri fonda l’Imprimerie syrienne. En 1858 Ibrahim an-Naggar fonda l’Imprimerie orientale. En 1861 l’Imprimerie Umumiyya fut fondée par Yusuf Salfun, en 1865 l’Imprimerie Muhallisiyya et en 1865 l’Imprimerie syriaque qui fut transférée par la suite à Dayr as-Surfa. En 1867, l’Imprimerie al-Maarif fut créée par Boutros al-Bustani et Halil Sarkis et en 1874 l’Imprimerie Gam’iyyat al-Funun par Abd al-Qadir al-Qabbani. En 1885, Muhammad Rasid ad-Dana fonda l’Imprimerie de Beyrouth et, la même année, fut installée l’Imprimerie officielle de la Wilaya de Beyrouth. En 1890, Amin et Halil al-Huri créèrent l’Imprimerie al-Adab, en 1891 Halil al-Badawi l’Imprimerie al-Fawa’id et en 1895 Muhammad Salim al-Unsi l’Imprimerie al-Unsiyya. Tout cela eut lieu à Beyrouth. Mais le XIXe siècle devait voir plusieurs autres imprimeries apparaître successivement dans différentes régions de la montagne. En 1853, fut fondée l’imprimerie lithographique de Dayr al-Qamar, par Hanna Abou Saab, puis l’Imprimerie de Dayr Tamis par les moines baladites en 1855. À Ehden, Rumanus Yammin fonda l’Imprimerie de Ehden en 1859. En 1862, fut créée l’Imprimerie de Beiteddine et enfin l’Imprimerie ottomane à Baabda en 1891. Durant tout le siècle, le livre libanais connut un essor merveilleux. Le total des livres édités par les différentes imprimeries atteignit plusieurs milliers, touchant les diverses branches du savoir humain : les dogmes religieux, les rites des cultes, les règles d’éthique, les principes de la logique, les écoles philosophiques, les procédés de dialectique, les lectures spirituelles, les différentes matières enseignées : langues, arithmétique, sciences naturelles, histoire, géographie, les romans et les anecdotes… Ce qui mérite d’être signalé c’est surtout cette tendance au sérieux dans la recherche, cette prédilection pour les sujets intellectuels poussant à la méditation, à la contemplation et donc à l’édification spirituelle, à la formation du caractère, à quoi s’ajoutent la culture de l’esprit et l’éducation de la volonté.
Parler du livre en général, et signifier par là sa parution et sa diffusion, c’est nécessairement le qualifier de libanais. En effet, le Liban fut à l’origine du livre et de son exportation à partir de l’une de ses cités les plus anciennes : Gubayl ou Byblos. Ayant été les premiers à l’importer, les Grecs lui donnèrent le nom de son lieu d’origine, faisant dériver le vocable...
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