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Les conciliateurs misent sur la visite en Syrie du chef du PSP
Par ABI -AKL PHILIPPE, le 16 janvier 2001 à 00h00
Les conciliateurs ont fait chou blanc. Même le zèle louable déployé par le président du Conseil qui, dès son retour de Téhéran, s’est précipité chez M. Walid Joumblatt n’a pu suffire pour amorcer une détente. Le leader du Parti socialiste progressiste, en brouille avec le régime, refuse en effet de mettre de l’eau dans son vin. Il menace même de reprendre l’escalade s’il n’est pas fait suite à ses demandes. Mais à terme, car pour le moment il consent à respecter une sorte de trêve afin de laisser leur chance aux missions de bons offices. En attendant, d’ailleurs, de se rendre à Damas où il devrait être reçu par le président Bachar el-Assad, parallèlement à des contacts avec d’autres spécialistes syriens du dossier libanais. Chez les professionnels du cru, on estime qu’après cette visite, les choses devraient évoluer positivement et les relations se normaliser entre protagonistes, dans la mesure où les autorités syriennes souhaitent qu’il en soit ainsi. Pour sa part, le chef du gouvernement ne cache pas qu’il est agacé par la tension occurrente qui, d’après lui, entrave la bonne marche du pouvoir en ébranlant sa cohésion. Le président Hariri s’efforce cependant de minimiser la gravité de la crise, justement pour ne pas envenimer les choses. Il se met d’ailleurs de la sorte au diapason de la direction syrienne qu’il a rencontrée jeudi dernier. À l’en croire, en effet, les dirigeants de Damas n’accordent pas d’importance majeure à ce qu’ils qualifient de tempête dans un verre d’eau. Toujours selon M. Hariri, les décideurs pensent que le problème reste sous contrôle et qu’il ne faut pas en exagérer la portée. À leur avis, il ne s’agit là que de prises de position à caractère personnel plutôt que véritablement politique, et qui ne méritent pas qu’on y perde trop de temps. Toujours selon le président du Conseil, les Syriens répètent que rien ne doit détourner l’attention du dossier régional, plus crucial que jamais, surtout au Liban où selon eux tout doit être fait pour cimenter l’unité interne afin de faire face aux défis ou aux échéances extérieures. Dans cet esprit, M. Hariri conseille aux médias de ne pas faire trop de tapage autour des divisions intérieures et de se pencher plutôt, évidemment avec sollicitude et sympathie, sur les efforts que le gouvernement déploie en vue du redressement socio-économique. Mais l’opinion, c’est bien connu, raffole de spectacle et de potins. Ainsi, parmi les rumeurs plus ou moins cocasses qui circulent dans les salons, on relève que la garde du siège du Conseil des ministres, secteur du musée, aurait reçu l’ordre étrange d’en interdire l’accès aux trois ministres joumblattistes. Un bruit que les officiels démentent évidemment avec véhémence, en en soulignant l’absurdité et en dénonçant l’action des pêcheurs en eau trouble qui tentent, par de tels ragots, d’accentuer la déstabilisation du pouvoir. De son côté, l’un des ministres joumblattistes affirme en substance qu’il n’est question pour l’heure «ni de démission ni de révocation. Il n’y a pas du tout lieu, ajoute cette personnalité, d’évoquer de telles éventualités. M. Walid Joumblatt a parfaitement le droit de critiquer le pouvoir tel qu’il s’exerce. On peut même dire qu’en tant que député de la nation ayant pour mission de surveiller les actes du gouvernement, c’est là son devoir le plus strict. Sa participation au pouvoir n’annule pas son rôle législatif et ne l’oblige pas à un loyalisme aveugle ou automatique». Ce ministre rappelle ensuite que les remarques de M. Joumblatt «ne sont pas nouvelles. Ce n’est pas la première fois qu’il critique le régime, les services et les abus. Il ne faut donc pas gonfler les choses et leur donner un sens qu’elles n’ont pas». D’autres personnalités réputées proches de Moukhtara vont plus loin encore, sans trop tenir compte apparemment des positions même du leader du PSP, ces sources n’hésitent pas à accuser «des parties qui ont intérêt à ce qu’il y ait de l’eau dans le gaz entre M. Joumblatt et Baabda. Ces pôles, ajoutent ces sources, s’efforcent d’élargir le fossé et d’empêcher un rapprochement». Mais d’autres joumblattistes soulignent de leur côté que «la campagne lancée contre M. Joumblatt à cause de ses prises de position est bien organisée, orchestrée de main de maître. Elle vise à provoquer une polémique déterminée dans laquelle le leader du PSP, qui évite de répondre à toutes les insanités qu’on débite sur son compte, refuse de se laisser entraîner». Il reste que selon des sources généralement fiables, et en attendant la visite à Damas, des démarches accomplies par des personnalités non libanaises ont réussi à persuader M. Joumblatt de marquer une pause pour le moment dans ses attaques. Quoi qu’il en soit, selon un observateur qui connaît bien le dossier, «les positions de M. Joumblatt s’expliquent par les éléments suivants : – son allergie bien connue à toute forme de militarisme. – l’impression que de bonnes relations avec le régime ne sont tout simplement pas possibles, dans la mesure où Baabda évite d’aborder avec lui les problèmes politiques du pays, pour un accord en profondeur. Et se contente de le considérer comme un pôle que rien ne distingue d’un autre, même sur le plan druze. M. Joumblatt a maintes fois signalé en privé que lors de ses rencontres avec le chef de l’État le courant ne passait pas. – M. Joumblatt a même le sentiment qu’il existe un courant qui lui est hostile, au sein du pouvoir et qu’on agit en coulisses pour le marginaliser. En l’empêchant notamment d’obtenir des nominations, dans des postes civils ou autres, comme le commandement de l’état-major. Là c’est le général Fadi Abou Chacra, que l’on peut considérer comme étant vu d’un bon œil à Baabda, qui a été nommé pour succéder au général Samir Kadi, appelé à faire valoir ses droits à la retraite. De même M. Joumblatt craint sans doute qu’un officier qui ne lui serait pas proche soit nommé à la place du général Samih Sobh, chef de la police judiciaire, qui doit lui aussi prendre bientôt sa retraite. Il n’est donc pas exclu que M. Joumblatt ait poussé de la voix pour obtenir satisfaction dans ses demandes nominatives comme dans le traitement de nombreux dossiers».
Les conciliateurs ont fait chou blanc. Même le zèle louable déployé par le président du Conseil qui, dès son retour de Téhéran, s’est précipité chez M. Walid Joumblatt n’a pu suffire pour amorcer une détente. Le leader du Parti socialiste progressiste, en brouille avec le régime, refuse en effet de mettre de l’eau dans son vin. Il menace même de reprendre l’escalade s’il...
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