Actualités - CHRONOLOGIE
BUDGET- Le point de vue de Kamal Hamdan 2000 sera l'année charnière
Par RIZK Sibylle, le 27 juillet 1999 à 00h00
Le budget 1999 est un premier pas dans la bonne direction, mais c’est la loi de finances pour l’an 2000, attendue à l’automne, qui sera déterminante, estime l’économiste Kamal Hamdan. À cet égard, loin de pouvoir souffler, le gouvernement doit redoubler d’efforts d’ici octobre, poursuit-il. Car de la traduction du plan quinquennal en une dizaine de lois dépendra la réussite du redressement financier et la sortie du cercle vicieux de la dette publique. «Sans entrer dans le débat sur l’héritage – lourd – des gouvernements Hariri, l’important est désormais d’aller de l’avant. La priorité est à l’adoption de lois d’application pour l’instauration de la TVA, les privatisations, la réforme de la gestion des finances publiques, le recensement des contribuables…». Ce dernier point est fondamental, selon M. Hamdan, qui juge globalement positive la réforme fiscale entamée par le gouvernement, même si elle n’est pas suffisante pour combler le déficit qui sera au meilleur des cas de 40,6 %. «Le budget 1999 a permis d’adopter le principe de la progressivité de l’impôt sur le revenu qui avait été gelé à partir de 1993. Un grand combat a été mené à ce sujet avec succès». L’économiste se félicite ainsi du relèvement du plafond des abattements qui permet par exemple d’exonérer complètement un couple qui a trois enfants et dont le revenu annuel est inférieur ou égal à 12 millions de livres. «Un grand nombre de ménages devraient en bénéficier». Cependant, malgré l’augmentation du poids global de l’impôt sur le revenu, celui-ci demeure inférieur à 10 % de l’ensemble des recettes, soit 4 à 5 % des dépenses, ce qui est bien en deçà des niveaux enregistrés dans des pays similaires au Liban. Le problème, ajoute M. Hamdan, «c’est que les revenus les plus élevés ne sont pas assez taxés». Ce partisan d’un système fiscal redistributif insiste sur la nécessité de tenir des statistiques fiables pour garantir l’équité de l’imposition. C’est pourquoi il est absolument nécessaire d’ouvrir le dossier de la réforme administrative, surtout pour les services chargés de la collecte des impôts. «L’évasion fiscale va continuer tant qu’on n’aura pas remis le système à plat». Actuellement, il existe une grande disparité entre les contribuables en règle et ceux qui échappent à l’imposition, ajoute l’économiste, selon lequel un tiers de l’impôt sur le revenu perçu provient des salariés et un tiers des banques, qui sont obligées de payer car elles publient leurs comptes. «Le dernier tiers regroupe la totalité des autres acteurs économiques !». Chiffre révélateur, seules 68 000 entreprises ont déclaré leurs revenus en 1998 sur 200 000 entreprises redevables, explique M. Hamdan. L’estimation de l’assiette fiscale potentielle pourrait toutefois être revue à la baisse et passer de 200 000 à 170 000, ajoute-t-il. Revoir le modèle libanais Au niveau des dépenses, M. Hamdan juge positive la volonté du gouvernement de maintenir les investissements publics à un niveau acceptable dans le budget 1999. «Ceci est pour l’instant une déclaration d’intention, car étant donné la date tardive du vote du budget, les six premiers mois se sont déroulés selon la règle des 1/12e du budget précédent, dit-il. De façon générale, le gouvernement n’a pas encore eu le temps de s’atteler à réviser les priorités sectorielles. Tout cela prend du temps, surtout si l’on tient compte des rigidités bureaucratiques. Il faudra donc attendre 2000 ou 2001 pour évaluer l’impact des investissements publics et de ceux effectués hors budget par le CDR». Concernant la politique douanière amorcée par le gouvernement actuel, Kamal Hamdan se dit satisfait des réajustements tarifaires effectués «car ils devraient avoir des effets positifs à divers égards : en contrôlant d’une part la hausse démesurée des importations et en fournissant de l’autre un appui additionnel à l’industrie libanaise». Ce secteur doit être revitalisé, estime l’économiste, selon lequel de réelles possibilités de développement subsistent si tant est qu’une politique nationale volontariste est engagée. «Le plan quinquennal souligne avec pertinence les problèmes du modèle libanais fondé sur des assises plutôt rentières. Il est temps à mon avis de revoir ce modèle qui tend à s’épuiser et d’aborder des questions taboues en évaluant par exemple la part de la rente foncière dans le PIB, celle des intérêts, le poids relatif de l’État dans le PIB. Le plan quinquennal aborde ces questions et, dans sa première version officieuse, proposait même des solutions qui n’ont pas été retenues, telles que l’imposition de la plus value foncière ou celle des bénéfices des bons du Trésor», poursuit M. Hamdan. «J’ignore dans quelle mesure la classe politique est mûre pour débattre de ces grandes orientations stratégiques, d’autant que s’amorce une période électorale, conclut-il, pessimiste. La tournure prise par le débat budgétaire n’est pas des plus rassurantes. La politique politicienne a pris le dessus».
Le budget 1999 est un premier pas dans la bonne direction, mais c’est la loi de finances pour l’an 2000, attendue à l’automne, qui sera déterminante, estime l’économiste Kamal Hamdan. À cet égard, loin de pouvoir souffler, le gouvernement doit redoubler d’efforts d’ici octobre, poursuit-il. Car de la traduction du plan quinquennal en une dizaine de lois dépendra la réussite du...
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