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Actualités - CHRONOLOGIE

Le pont de Kosovska , symbole de la haine communautaire

L’édifice de béton n’a pas la beauté du Vieux Pont de Mostar, détruit en 1993 par les forces croates de Bosnie, mais le pont central de Kosovska Mitrovica (nord du Kosovo) est également devenu le symbole de la division et de la haine entre deux communautés. Depuis l’entrée dans la ville, le 17 juin dernier, des forces françaises de la Kfor, la tension entre le quartier serbe, situé au nord de la rivière Sitnica, et le secteur albanais, au sud, s’est cristallisée autour du pont, objet de toutes les attentions médiatiques. Au point que les militaires français de la brigade Leclerc avouent leur lassitude. «Nous en avons assez de ce pont», soupire un officier français, soulignant que le passage entre les deux rives de la ville s’effectue normalement à deux autres endroits. Il n’en demeure pas moins que les deux communautés se livrent à une épreuve de force autour du pont central. Dans le quartier serbe, pratiquement intact, quelque 250 jeunes miliciens continuent de se regrouper près de l’édifice «pour défendre leur quartier contre l’invasion des Albanais». Le 1er juillet, trois d’entre eux ont poursuivi et battu à la matraque trois Albanais qui venaient de franchir le pont. Ils n’hésitent pas non plus à menacer les Serbes modérés, partisans du dialogue. L’arrestation de leur meneur Dragan Marjanovic, dit «Culja», par des gendarmes et des militaires français dans la nuit du 1er au 2 juillet n’a pas désarmé ses compagnons. Vendredi et samedi, ils ont continué à se masser près du pont tandis qu’au sud, les Albanais manifestaient en portant haut les couleurs de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) avant de se disperser instantanément sur l’injonction de leurs responsables locaux. Des militaires de la Brigade Leclerc, qui compte désormais quelque 4 000 hommes dans le secteur français, et les quelque 150 gendarmes français déployés dans cette zone ont dû, depuis deux jours, barrer totalement l’accès et la circulation sur le pont, ancien trait d’union entre les deux quartiers. Samedi, un barrage situé à l’entrée de l’avenue menant au pont, côté sud, empêchait la majorité des manifestants albanais d’accéder à l’édifice «pour éviter qu’ils ne se voient», expliquaient les militaires présents. C’est dans ce contexte de provocations, de menaces et de haine que la cellule d’urgence du ministère français des Affaires étrangères et les coordinateurs des affaires civiles et militaires de la brigade tentent de renouer un dialogue embryonnaire entre les deux communautés. Après d’âpres négociations, un accord avait été obtenu le 26 juin pour la réintégration de personnel albanais dans l’hôpital, situé dans le quartier serbe. Une semaine plus tard, une trentaine de médecins et d’infirmières albanais doivent chaque jour être escortés par l’armée française jusqu’à l’établissement où seuls une dizaine d’Albanais sont soignés. Le passage du convoi provoque toujours la fureur des extrémistes serbes. Dans le secteur albanais, très détruit, les cendres des maisons désertées de l’ancien quartier tzigane n’en finissent pas de se consumer. Cafés et magasins ont rouvert tandis que le marché, situé près de la mosquée, a retrouvé son animation bigarrée. Mais l’économie de la ville et de la région est totalement paralysée par les clivages ethniques, à l’image de la grande carcasse rouillée de la mine de Trepca, dans le quartier nord. «Nous sommes là pour dix ans», soupirait dimanche un militaire français en faction devant le pont. Un pronostic partagé par la majorité des acteurs civils et militaires de la ville. À Mostar, quatre ans après la fin de la guerre en Bosnie-Herzégovine, la Neretva sépare toujours le quartier ouest croate de l’est musulman.
L’édifice de béton n’a pas la beauté du Vieux Pont de Mostar, détruit en 1993 par les forces croates de Bosnie, mais le pont central de Kosovska Mitrovica (nord du Kosovo) est également devenu le symbole de la division et de la haine entre deux communautés. Depuis l’entrée dans la ville, le 17 juin dernier, des forces françaises de la Kfor, la tension entre le quartier serbe, situé...