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Actualités - CHRONOLOGIE

Pete Sampras ou la grandeur dans la discrétion

Vainqueur de sa sixième finale de Wimbledon, dimanche, l’Américain Pete Sampras a apporté une pierre importante au monument qu’il élève discrètement à sa propre gloire depuis onze ans. Du temps où il s’essayait encore à rivaliser avec ce champion d’une perfection désarmante, son compatriote Michael Chang, désespérant de trouver le défaut de sa cuirasse, avait lancé perfidement : «Pete n’a qu’un seul défaut : il ne sait pas faire la cuisine». Cela ne l’a pas empêché dimanche de «manger» Andre Agassi. Pour lui comme pour les grands chefs, tout est dans la finesse des dosages. «Ce qui m’intéresse, c’est d’être grand sans avoir à le proclamer. J’aimerais tout de même que les gens sachent combien il est difficile de devenir le numéro un mondial et plus encore de le rester», dit cet introverti qui ne déchaîne pas les passions mais souhaiterait tout de même qu’on l’aimât un peu plus. Il faut lire et relire son palmarès pour se convaincre de sa grandeur. Les joueurs, quant à eux, savent à quoi s’en tenir. L’Espagnol Carlos Moya n’a tenu que deux semaines au poste de No1. Le Russe Evgueny Kafelnikov à peine plus longtemps. Revoici Agassi. De telle sorte que, depuis le début de la saison, quatre joueurs différents ont déjà occupé le sommet de la hiérarchie mondiale, ce qui ne s’était encore jamais vu. C’est là le résultat direct du relâchement de l’emprise d’un Sampras qui a de plus en plus de peine à se mobiliser. Un double inutile pour Kafelnikov Kafelnikov aurait, quant à lui, tendance à être partout. Et, à force d’enchaîner des matches interminables, il s’est blessé à la cuisse au troisième tour contre le Français Cédric Pioline. Parmi ces matches figurait un double bien inutile, y compris financièrement, quand on aspire à la succession du maître américain du tennis. Comme les blessures, la pluie, particulièrement en vedette la deuxième semaine, a influé sur certains matches. L’exemple le plus manifeste en fut donné en quarts de finale, quand l’eau du ciel accorda trois repos prolongés à l’Allemande Steffi Graf pour lui permettre d’éliminer l’Américaine Venus Williams au cours d’une finale avant la lettre. L’aînée des Williams devra donc attendre encore un peu avant de remporter son premier tournoi du Grand Chelem. Tout comme l’Australien Mark Philippoussis, dans une forme superbe, mais trahi par un genou, auquel Sampras a rendu hommage en reconnaissant honnêtement qu’il l’avait échappé belle face à lui, en quarts de finale également. Alexandra Stevenson, la belle découverte En plus de l’élégance morale, ce qui distingue les très grands champions, c’est la faculté d’accomplir de grandes choses au moment voulu avec beaucoup de facilité apparente. En fait, cela recouvre d’énormes quantités de travail. Sampras n’a pas échappé à la règle, sous la férule de Pete Fisher, un pédiatre féru de tennis qui le forma au moment de l’adolescence et qui s’occupe aujourd’hui d’Alexandra Stevenson, première qualifiée parvenue en demi-finale dans toute l’histoire des tournois du Grand Chelem. La belle découverte que cette jeune métisse américaine de dix-huit ans au tennis exubérant! Qui sait toutefois si elle progressera désormais plus vite que la Croate Mirjana Lucic, sosie juvénile de Graf, à qui elle ressemble jusqu’au bout du nez. Ou que la rafraîchissante Australienne Jelena Dokic, qui a actuellement le tennis le plus mûr des trois et l’a prouvé en sortant la Suissesse Martina Hingis, tête de série No1 et No1 mondial, dès le premier tour. À travers cette défaite retentissante fut prouvé qu’une trop grande réussite peut détruire aussi sûrement qu’un échec chronique. Quelle que soit l’image de la perfection donnée jusque-là. Tout comme Sampras, l’Allemand Boris Becker, qui a fait ses adieux définitifs, peut se féliciter d’avoir échappé à cette calamité qui a frappé tant de gamines prodiges.
Vainqueur de sa sixième finale de Wimbledon, dimanche, l’Américain Pete Sampras a apporté une pierre importante au monument qu’il élève discrètement à sa propre gloire depuis onze ans. Du temps où il s’essayait encore à rivaliser avec ce champion d’une perfection désarmante, son compatriote Michael Chang, désespérant de trouver le défaut de sa cuirasse, avait lancé...