Actualités - CHRONOLOGIE
Prologue du Puy-du-Fou L'Américain Lance Armstrong en vedette
le 05 juillet 1999 à 00h00
S’ils avaient dû donner un nom pour le porteur du premier maillot jaune du Tour de France 1999, les organisateurs auraient certainement fourni celui de Lance Armstrong. Par son passé, son tempérament et son palmarès, l’Américain est bien le leader idéal d’une course qui cherche à ranimer les valeurs d’abnégation, de courage et de probité après le désastre de 1998. Armstrong, victorieux samedi du prologue du Puy-du-Fou devant les favoris Alex Zulle et Abraham Olano, a pour lui l’incomparable avantage de ne pas avoir participé à la triste farce de l’an passé. Relevant d’un cancer des testicules, révélé en 1997, le Texan n’en avait pas encore totalement fini avec la maladie. De retour sur le Tour, il se présente comme un modèle : celui du coureur capable de faire triompher les causes perdues, simplement grâce à son caractère. Le parallèle entre sa guérison et le traitement de choc que la Société du Tour de France veut appliquer au fléau du dopage est saisissant. Dans une course, qui se considère encore elle-même comme convalescente des affaires Festina et TVM, Armstrong montre la voie à suivre et redonne espoir à tous. «L’an dernier, je n’étais pas là», a-t-il rappelé. «Mais, vous les journalistes, il faut arrêter de répéter que tous les coureurs sont dopés. Trop c’est trop. On se fait contrôler autant que cela est possible». «Le dopage a été un problème comme il y en a toujours dans tous les secteurs de la société, la politique, l’économie ou autre», a-t-il expliqué. «Mais il ne faut pas oublier que le Tour est un événement magnifique. Il faut se souvenir que cette course en est à sa 86e édition et que c’est formidable». Succéder à LeMond Et comme si son exemple n’était pas assez parlant, l’Américain n’hésite pas à revenir sur son passé. «Mon cas est symbolique. J’ai été soigné par les médecins. Et cela prouve à ceux qui sont malades que la vie continue. Et peut-être que l’on s’en trouve encore mieux après», a-t-il insisté. «Je suis certain que je suis devenu un meilleur coureur depuis ma maladie». C’est exactement ce qu’aimerait pouvoir dire très vite le Tour de France et le cyclisme. À ceux qui laissaient entendre que son cancer pouvait être une conséquence du dopage, il répondait par le mépris ou l’agacement. «Pour parler il faut avoir de bonnes raisons», répliquait-il avec des airs d’adolescent trop gâté. Coureur atypique, Armstrong a toujours aimé surprendre ses rivaux pour imposer sa marque comme lors des championnats du monde d’Oslo en 1993. Sous une pluie battante, le coureur d’Austin avait mystifié tous ses adversaires et avait laissé bouche bée tous les pronostiqueurs en s’imposant en solitaire. Pourtant, chacun aurait dû retenir la leçon administrée quelques semaines plus tôt lors d’une étape du Tour de France qu’il remporta à Verdun après un passage devant le champ d’honneur. Mais son plus beau souvenir reste son succès à Limoges en 1995. Quelques jours plus tôt, son coéquipier Fabio Casartelli avait trouvé la mort en chutant dans une descente de col dans les Pyrénées. Armstrong, échappé dans un raid solitaire, se présentait seul sur la ligne, adressait un geste en direction du ciel où se trouvait forcément son ami disparu et lui offrait la victoire à titre posthume. «Cette victoire reste comme la plus belle de ma carrière peut-être encore plus belle que celle d’aujourd’hui bien que j’ai pris le maillot jaune», a-t-il jugé. À toutes les qualités déjà énumérées, Armstrong ajoute la modestie, une autre vertu que le Tour entend retrouver, les rêves de grandeur ne pouvant qu’inciter à la déraison. Ceint du maillot jaune, le premier porté par un Américain depuis 1990, il ne veut pas dépenser trop d’énergie pour défendre son bien dans les jours qui viennent. Mais avec une ambition mesurée et légitime, il se verrait bien succéder à Greg LeMond dans trois semaines sur les Champs-Élysées. Déclarations Lance Armstrong (USA/US Postal, vainqueur du prologue) : «Limoges, et ma victoire dans le Tour 1995, c’était le plus beau jour de ma vie. Aujourd’hui aussi. Avant la côte, Olano avait trois secondes d’avance. Mais les responsables de mon équipe m’avaient dit que la course pouvait se gagner entre le milieu de la difficulté et l’arrivée. C’est sûr que le Tour de France est un grand objectif pour l’équipe. Maintenant, on a de grandes responsabilités et on va essayer de garder ce maillot. Je suis content aussi car j’ai prouvé qu’on peut, avec l’aide des médecins, non seulement vaincre la maladie, mais aussi se sentir et être meilleur qu’avant. Je n’étais pas présent au Tour 1998, celui de tous les problèmes. C’est vrai que ce problème (Ndlr : le dopage) nous a embêtés durant une année. Mais c’est un problème comme il en existe tant d’autres dans la vie». Alex Zuelle (Sui/Banesto, deuxième) : «Je ne suis pas totalement surpris par ma performance, car le contre-la-montre est ma spécialité et j’avais terminé deuxième ici, sur un parcours presqu’identique, en 1993, derrière Indurain. C’était un prologue très dur. Ce résultat va encore renforcer mon moral, car je sais qu’il me reste encore une marge de progression importante». Abraham Olano (Esp/Once, troisième) : «Je suis évidemment satisfait, d’autant que je sors d’une reconnaissance dans les Pyrénées de trois jours au cours desquels j’ai parcouru quelque 400 kilomètres. Sur un parcours aussi explosif, il était normal que je manque de rythme et qu’Armstrong soit devant moi». Christophe Moreau (Fra/Festina, quatrième) : «J’étais particulièrement motivé et j’ai essayé de faire tout à fond. Je suis arrivé en bonne condition. En deux semaines, j’ai remporté le prologue de la Route du Sud, avant d’être vice-champion de France (contre la montre)» François Simon (Fra, 21e) : «Je crois que, pour ma première sortie avec le maillot de champion de France, je me suis surpassé. Dans la côte, j’avais très mal aux jambes, mais je me suis dépassé à 110 - 120 %. C’est l’effet maillot et les encouragements du public. En d’autres circonstances, j’aurais été moins à fond et j’aurais perdu 5 à 10 secondes». Stéphane Heulot (Fra, 33e) : «C’était un beau prologue. J’ai monté la côte avec le 44 à l’avant. J’ai faibli un peu en haut et il fallait en garder un peu pour le dernier kilomètre, qui n’était pas facile. Je suis assez content de ma performance car, autant je suis régulier sur une saison, autant je ne le suis pas sur un prologue». Christophe Rinero (Fra, 138e) : «Ce n’est pas aujourd’hui que je comptais faire un bon temps. Je ne suis pas au top de ma forme après ma chute dans Liège-Bastogne-Liège, qui m’a obligé à un arrêt de six semaines. J’ai encore une semaine pour m’améliorer. Je suis également ici pour aider Bobby (l’Américain Julich) à gagner le Tour». Classement du prologue Voici le classement du prologue couru samedi sur 6,8 kilomètres : 1. Lance Armstrong (E-U.) US Postal 8’02’’ 2. Alex Zulle (Sui) Banesto à 07’’ 3. Abraham Olano (Esp) Once 11’’ 4. Christophe Moreau (Fra) Festina 15’’ 5. Chris Boardman (G-B) Crédit Agricole 16’’ 6. Rik Verbrugghe (Bel) Lotto 18’’ 7. Alexandre Vinokourov (Kaz) Casino 21’’ 8. Santos Gonzalez (Esp) Once 21’’ 9. Laurent Brochard (Fra) Festina 21’’ 10. Gilles Maignan (Fra) Casino 23’’ 11. Andrea Peron (Ita) Once 23’’ 12. Laurent Dufaux (Sui) Saeco 23’’ 13. Steffen Wesemann (All) Telekom 24’’ 14. Christian Vandevelde (E-U) US Postal 25’’ 15. George Hincapie (E-U) US Postal 26’’ 16. Stuart O’Grady (Aus) Crédit Agricole 26’’ 17. Angel Casero (Esp) Vitalicio Seguros 26’’ 18. Tyler Hamilton (E-U) US Postal 27’’ 19. Jon Vaughters (E-U) US Postal 27’’ 20. Pavel Tonkov (Rus) Mapei 28’’.
S’ils avaient dû donner un nom pour le porteur du premier maillot jaune du Tour de France 1999, les organisateurs auraient certainement fourni celui de Lance Armstrong. Par son passé, son tempérament et son palmarès, l’Américain est bien le leader idéal d’une course qui cherche à ranimer les valeurs d’abnégation, de courage et de probité après le désastre de 1998. Armstrong,...
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